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C'est Peu Dire

  • : Les Restes du Banquet
  • : LA PHRASE DU JOUR. Une "minime" quotidienne, modestement absurde, délibérément aléatoire, conceptuellement festive. Depuis octobre 2007
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Et Moi

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  • Philosophe inquiet, poète infidèle, chercheur en écritures. 55° 27' E 20° 53' S

Un Reste À Retrouver

3 avril 2025 4 03 /04 /avril /2025 02:22

Je voudrais pousser un coup de gueule contre les inventeurs des mots désignant les pathologies de la vieillesse, probablement des fonctionnaires entre deux âges, sans rêves ni fortune. Ils ne peuvent pas ignorer que le grand âge est une débâcle sur tous les fronts, souhaitent-ils donc alors nous achever avec des termes qui frappent comme des obus de 155 : sarcopénie, presbytie, cataracte… ?

Évidemment qu’ils le souhaitent : ils ont osé récupérer le joli mot estival TUBA, afin de désigner ce qui fait de nos nuits un enfer, les Troubles Urinaires du Bas Appareil, sans doute jaloux que des « faux vieux » (Nicolas Dufourcq) aillent faire du snorkeling aux Maldives pendant qu’ils attendent le printemps dans leurs costumes gris élimés.

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2 avril 2025 3 02 /04 /avril /2025 02:10

Lundi, troisième matin

Comme prévu, petit commentaire sur le premier chapitre du Travel. Cinq pages pour dire qu’après un mois, il n’est toujours pas parti, qu’il a choisi un sac de couchage plutôt qu’une tente et un âne plutôt qu’un cheval. Le sac parce qu’on passe inaperçu et qu’on n’est pas dérangé par les curieux du coin et l’âne parce qu’un cheval, c’est comme une jolie femme, « flighty, timid, delicate in eating, of tender  health » (avec l’aide de ma traduction : volage, timide, difficile pour sa nourriture et de santé fragile) ». Donc le gars, il est lent, misanthrope et misogyne. Ça fait rêver ! Quant à son casse-croûte, miam, « une jambe de mouton froid, un Beaujolais, une bouteille pour le lait, un batteur à œufs et beaucoup de pain, noir et blanc » plus « des saucisses de Bologne en conserve »… à table !  Ah ! dernière chose. Page 4, il parle de son knapsack . Traduction : havresac, sac à dos. Alors j’en profite pour signaler à Mam et Ludmilla, qu’en 2025, il ne reste que deux personnes au monde qui disent encore havresac… Sinon, sur le bateau, je ne vois rien. Mes yeux ne sont pas faits pour la mer. Je suis monté à la passerelle, toujours rien. J’ai essayé avec les jumelles, et là tu ne vois toujours rien, mais de plus près. En fait, je préfère traîner au mess ou au salon.

D’ailleurs, Brad avait rendez-vous avec Moby au salon.

– Je vais te faire visiter, normalement, je n’ai pas le droit, mais je vais le faire pour toi. Tu vas être déçu parce qu’un bateau comme ça, ça paraît énorme, en fait, si tu enlèves les endroits où tu ne peux pas aller, ça redevient tout petit.

Pendant la visite, Moby parla un peu de lui.

– Ici, mon titre, c’est superviseur alimentation. Ça a été inventé pour moi. Ça fait vingt-sept ans que je travaille pour les Saadé et trente-huit ans que je suis marin.

– Dis donc Moby, tu n’exagères pas un peu, je te donne grand max 40 ans.

– Ah ah, j’ai cinquante ans en vrai et cinquante-quatre sur mon passeport. Tu sais bien que Dieu ne nous a pas gâtés par rapport à vous dans la distribution des richesses, alors pour se rattraper, il vous a donné à vous seulement le gène des cheveux blancs et des dents qui tombent. Deuxième secret anti-âge, je suis un faux marin. Je ne mets jamais le nez dehors, mon bureau, mon royaume, c’est le mess, la cuisine, les chambres froides, les garde-mangers.

– Et pourquoi tu as deux âges ?

– Bon, assieds-toi, c’est une longue histoire. Je suis né dans le bidonville La Parola dans le quartier Tondo à Manille. Je pense que tu ne peux pas imaginer ce que c’était. Vous les Français, les Irlandais ou les Serbes, vous connaissez la pauvreté, la violence, le malheur, peut-être, mais nous n’avez pas idée de ce qu’est la misère. Je ne vous en veux pas, vous n’êtes pas responsables. C’est comme ça, l’attribution du lieu de naissance est la chose la plus injuste au monde, Paris, Dublin, Belgrade, Manille... c'est le loto. Donc, comme beaucoup d’autres à La Parola, j’étais orphelin, disons que j’avais une famille d’adoption où je pouvais aller de temps en temps. S’il leur restait un peu à manger, ils me donnaient, s’il pleuvait fort, ils se serraient. En échange, je leur donnais ce que je gagnais à la boutique de Lope où j’aidais à décharger les livraisons, cinquante ou cent pesos. Je défendais aussi les petits parce que j’étais sacrément costaud. Donc j’ai tiré une très mauvaise carte à la naissance, ensuite, j’ai tiré deux bonnes cartes qui expliquent pourquoi je suis là aujourd’hui. En 1987, j’avais douze ans, mais j’en faisais quinze. Le président-dictateur Ferdinand Marcos, criminel corrompu, est forcé à l’exil. Il part sur une île d’Hawaï que tu ne connais sans doute pas, O’ahu…

– Bien sûr que je connais, c’est de là que vient Nubecito ! Mais pourquoi tu parles toujours de Serbie ?

– Ah ? Tu me raconteras qui est Nubecito. Marcos est mort là-bas, mais depuis, il a été rapatrié et son fils Bongbong vient d’être élu président. Nous, les Philippins, on est fous ou masos ou les deux ! Alors on est en 1987, je me promène avec une bande de copains dans le port. Et là, ma vie bascule. Tu comprends que je n’avais rien. La misère, je t’ai dit. Pas de parents, je n’étais jamais allé à l’école, pas d’argent, pas de maison, rien, aucun bien, même pas de chaussures. Pas de passé, pas d’avenir. J’avais juste ma jeunesse, mes copains et mon présent. Et là, on tombe sur un capitaine russe en train d’insulter et frapper un de ses marins, c’était du sérieux, on ne comprenait pas, mais il lui a fait un signe qu’on a bien compris et qui voulait dire “si tu ne fais pas ce que je te dis, tu es mort !” Ensuite, le capitaine est remonté à bord et voilà le marin qui me voit et commence à me parler dans un mélange d’anglais et d’espagnol. – Tu, old ? quince ? – No, seize, j’ai répondu avec mes doigts et mon assurance de gamin de douze ans. – Tu ? shoes ? demanda-t-il en montrant mes pieds nus. – Yes, four shoes, toujours avec les doigts. – Tu ? cook ? – Bien sûr, je travaille souvent pour Lope et il est content de moi, il me donne toujours une pièce, je peux porter deux ballots à la fois et même… – OK, OK, OK. No understand. Tu, ask tu papa, OK ? After come, one hour. After, the boat go Nagoya Japan… Da ? – Yes. Si. Da… Là j’aurais pu lui dire oui dans toutes les langues, lui sauter au cou, j’ai juste fait un salut militaire et dit "one hour capitaine". Tu imagines la suite, Brad. On s’est organisés avec mes copains pour me trouver une paire de chaussures, un short et deux T-shirts. Voler, c’est mal, mais là il y avait urgence. J’ai fait la promesse de rembourser tout le monde. Inutile de te dire que je n’avais aucun papier d’identité. Aujourd’hui, je pense que ce ne serait plus possible, mais à l’époque ni les Russes ni les Philippins ne s’intéressaient beaucoup aux lois. Donc de douze à vingt-et-un ans, j’ai navigué avec des équipages russes. Souvent les commandants ne le savaient même pas. Je faisais tout à la cuisine et comme je ne buvais pas et je ne râlais pas, j’étais très apprécié et je retrouvais toujours un nouveau bateau. J’étais mal payé et exploité, mais comme j’étais nourri et logé, j’ai pu beaucoup économiser et à vingt-et-un ans, ou vingt-cinq en années russes, j’ai pris une première retraite. On était en 1996. Je suis retourné à La Parola. J’ai cherché ma famille adoptive, ils avaient disparu, personne n’avait de nouvelles. J’ai retrouvé Lope qui avait toujours une toute petite boutique, j’ai retrouvé sa nièce aussi Esmeralda qui n’avait que dix ans à l’époque et qui était devenue une magnifique jeune fille et je crois que je ne la laissais pas indifférente. Alors, j’ai décidé que ce serait ma nouvelle famille, qu’Esmeralda serait ma femme et Lope, mon quasi beau-père. Je suis resté deux ans. Le temps de faire mes papiers, me marier, faire un enfant, agrandir la maison de Lope et développer son commerce. Malheureusement, toutes mes économies y sont passées. J’ai alors tiré ma deuxième bonne carte. Je pense que si tu écris tout ça dans un livre, les gens diront, c’est une belle histoire, mais tout est inventé. Et pourtant… Bon désolé, je dois reprendre mon service, je te raconterai la suite demain. Et je n’ai pas oublié que tu dois me parler de Nubecito, c’est joli comme nom, petit nuage, j’aime beaucoup.

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1 avril 2025 2 01 /04 /avril /2025 10:36

Il y a un an mourait Anne Innis Dagg, pionnière dans l’étude des girafes. Malgré l’opposition acharnée d’une meute d’universitaires mâles à gros ventre et pattes courtes, elle a mené ses recherches avec lenteur, élégance et originalité.

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31 mars 2025 1 31 /03 /mars /2025 03:49

Je me méfie du silence qui peut tout signifier – même rien, mais aujourd’hui, sans aucun conteste, c’est le bavardage qu’il faut combattre.

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30 mars 2025 7 30 /03 /mars /2025 04:59

Le monde (de la justice) est un théâtre. Il lui manque malheureusement un Roger Hart et un Donald Cardwell pour varier un peu décor et costumes. En revanche, que les scénarios sont riches et poignants ! Ce serait presque à en oublier les violences insupportables et les blessures inguérissables dont on parle qui ne caractérisent pourtant plus des personnages.

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29 mars 2025 6 29 /03 /mars /2025 03:33

Je prépare mon sac de survie. Zut, tout ne rentre pas, il faut choisir. Le Zarathoustra de Nietzsche ou les Essais de Montaigne ? Mon agenda, évidemment, c’est non négociable. Mon “savon” sans savon (désolé, mais les autres m’irritent la peau) ou mon dentifrice à la menthe poivrée ? Carte bleue ou carte vitale ? Allez, les deux, ça ne prend pas de place. J’aurais bien pris aussi ma mini-pompe à vélo, elle ne me servira pas, mais je l’aime bien. Ma voisine et son chat ? Non, je plaisante, en plus ils ne tiendraient pas dans le sac. Le palmier bouteille du jardin… trop gros aussi, quel dommage je l’adore. En revanche, je prendrai un flacon d’huile essentielle de géranium, c’est bien pour les mauvaises odeurs, en plus ça plaira sûrement.

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28 mars 2025 5 28 /03 /mars /2025 03:09

Dimanche, deuxième matin

« When we are alone, we are only nearer to the absent (traduction personnelle de moi = Brad) quand on est seul, on est seulement plus près de l’absent. »

Voilà, tous les jours je commencerai par un extrait du Travel de Stevenson, une phrase qui m’a plu et que j’ai comprise. Il y a beaucoup de vocabulaire compliqué, mais (je n’ai lu attentivement que la dédicace) je comprends à peu près l’idée sans avoir besoin de la traduction. Pour être honnête, j’ai parcouru le livre vite fait et pour le moment, ça ne me passionne pas. On est loin de l’aventure de l’Île au trésor et du suspens de Docteur Jekyll et M. Hyde, les autres livres de Stevenson. Bon, si Mam l’a mis au programme de son master, c’est que ça doit être intéressant. Oui mais voilà, est-ce que ce qui est intéressant va obligatoirement m’intéresser ? C’est tout. À demain. Je vais faire un tour.

Si je pouvais parler, commenta Nubecito, je demanderais à mon tour : est-ce que ce qui t’intéresse est obligatoirement intéressant ? Sans vouloir les affliger, je vois quelque chose d’étroit chez les humains, sous prétexte qu’ils sont toujours coincés quelque part derrière leurs deux yeux, ils s’imaginent que tout est affaire de point de vue. Détache-toi de toi, petit homme, et je ne veux pas dire prends de la hauteur parce que là-haut, ce serait encore un point de vue. Je veux dire détache-toi du toi, détache-toi du moi.

Fait marquant de la journée, après le déjeuner, Brad est resté avec Moby à écouter Sam leur raconter son histoire. Sam, en résumé, c’est un geek super intelligent, mais très naïf à qui il n’arrive que des malheurs.

Il me rappelle trop le Docteur Samuel Beckett. Du coup, il faut que je raconte son histoire. Sam a fait des études très poussées dans plein de domaines, mais il est surtout devenu un crack en informatique, un as du codage. À neuf ans, il avait inventé un boitier pour pirater toutes les chaînes de télévision de ses voisins et à treize ans, il avait créé sa première appli, une sorte de réfrigérateur connecté, enfin juste le casier à bières. C’était censé lisser le stockage et rationaliser le réapprovisionnement pour éviter la pénurie. En fait, ça permettait à sa mère de connaître en temps réel la consommation de son alcoolique de mari, pour la modérer. Ça n’a pas empêché sa mort précoce, mais d’un cancer du côlon, à la mère, pas au père ; lui, il est toujours vivant, mais en prison parce qu’il frappait son fils. À 27 ans, Sam part en Corée du Sud avec son ami Oscar, un autre surdoué, mais en traitement d’images, lui. Après deux ans de petits boulots, ils mettent au point un logiciel de fabrication d’album de photos très simple d’usage. Vous envoyez des photos, papier ou fichier, du texte si vous le souhaitez, à l’occasion d’un mariage, anniversaire, voyage, enterrement (ce sera leur plus gros succès commercial) et vous recevez un magnifique objet, un vrai album avec des pages à tourner. Vous pouvez tout faire en ligne (même retoucher des portraits, par exemple grossir légèrement votre témoin de mariage ou vieillir votre belle-mère). Ils étaient persuadés que ce retour à l’album physique au pays de Samsung ferait un carton. Ils ont eu raison. Mais il faut revenir en arrière. Pour démarrer vraiment, il manquait à leur équipe un commercial. C’est là que commence la malheureuse histoire de Sam.

Lors d’une soirée, Sam et Oscar rencontrent Sunny, une Sud-Coréenne. Elle s’occupe de marketing digital dans une boite de microprocesseurs. Ils sympathisent et rapidement parlent business. Sunny écoute d’une oreille et ne paraît pas très intéressée. L’affaire en reste là au grand dam des deux Irlandais qui pensaient avoir trouvé la pièce manquante du puzzle. Sauf que trois jours plus tard, ils tombent à nouveau sur Sunny dans un karaoké, par hasard. Il semble, selon l’avocat de Sam, que ce n’était pas un hasard. Ils passent une bonne soirée, rient beaucoup, boivent un peu et décident de se revoir le lendemain pour un brunch plus tranquille au Lucky Seoul. Là, ils découvrent une autre Sunny. Très impressionnée par leur business plan, elle se dit prête à collaborer et leur faire profiter de sa connaissance du marché et de son carnet d’adresses. Quatre semaines plus tard, ils ont deux investisseurs (trouvés par Sunny) et s’installent tous les trois dans un local (trouvé par Sunny). Les six premiers mois sont difficiles sans être critiques et Sunny, à la grande surprise des deux garçons, accepte un salaire très modeste. En marge de leur association, Sam et Sunny se rapprochent pour finalement tomber très amoureux et faire des projets extra-professionnels. En clair, ils parlent de se marier. Il rencontre même sa famille qui vivait près de Dongducheon-Dong, à une heure et demie de Seoul en train. Après neuf mois à peine, l’affaire décolle. Tout accélère. Ils décident de mieux structurer l’entreprise, de changer de locaux et de démarcher à l’étranger. Les deux garçons partent trois jours à Hanoi où ils ont un contact et Sunny propose d’aller chercher des imprimeurs en Chine pour diminuer le coût de production. Oui mais voilà ! Quand Sam et Oscar rentrent de voyage, Sunny a disparu.

Après la sidération, l’angoisse, la colère, ils consultent un avocat. Une rapide enquête le conduira aux conclusions suivantes. Sunny ne s’appelle pas Sunny, n’est pas Sud-Coréenne, n’a pas de famille à Dongducheon-Dong, l’adresse indiquée est un Airbnb. Sunny est probablement Chinoise et est partie avec leur affaire. Le cas est classique. Il n’y a pratiquement aucune chance de la retrouver ; si on la retrouvait ; il n’y aurait aucun moyen de lui faire un procès ; et si par miracle, un procès avait lieu, aucune chance de le gagner. Compatissant et honnête, l’avocat leur conseilla de sauver ce qui pouvait l’être et d’en rester là.

Le plus incroyable dans l’histoire, c’est que Sam, aujourd’hui encore, pleure son amoureuse et lui invente tout un tas d’excuses, persuadé qu’elle était vraiment amoureuse. Elle serait manipulée par une famille cupide, peut-être même séquestrée par la mafia.

– Mince, c’est l’heure de la connexion et je n’ai pas préparé mon mail.

« Un premier mail collectif, chers tous, Mam, Dad, Diego, Ludmilla et Vera…

Je vais bien. On est en pleine mer, ça ne bouge pas beaucoup. On avance lentement. Franchement, il n’y a rien à voir. Je me suis fait deux bons copains, Moby et Sam. On mange très bien. Ma cabine est petite mais c’est propre et confortable. Nubecito va bien, mon Cher Journal aussi (ahahah).

Voilà, c’est tout, mais watch this space, comme disait toujours le prof de marketing à la fin du cours. »

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27 mars 2025 4 27 /03 /mars /2025 03:22

On écrit toujours pour quelqu’un, dit-on parfois – comprenez, pour plaire à quelqu’un. Peut-être. Notez que ce quelqu’un pourrait bien être un des personnages. Je pense souvent à eux en écrivant et j’essaie toujours – même quand ce sont des crapules – d’en prendre le plus grand soin.

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26 mars 2025 3 26 /03 /mars /2025 03:25

C’est bien ce que vous faites, mais il manque à vos aphorismes une introduction et une conclusion.

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25 mars 2025 2 25 /03 /mars /2025 03:55

Alors, ce n’est pas un tremblement de terre, mais quand même. Je viens de m’apercevoir que depuis toujours, je prononce mal le mot magnitude, attiré par je ne sais quel magnétisme trompeur. C’est magnifique !

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24 mars 2025 1 24 /03 /mars /2025 03:07

Certains écrivains (je ne juge pas) ont besoin de sentir l’agitation du monde pour écrire et travaillent au café plutôt qu’au bureau. Je note (et je ne veux déplaire à personne) que je ne connais aucun habitué des cafés qui ait besoin de sentir la concentration d’un écrivain pour boire sa bière ou son café. Inutile de préciser (je souhaite rester l’ami de tous) que je n’en déduis aucune hiérarchie entre la bière et le café.

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23 mars 2025 7 23 /03 /mars /2025 03:18

[Deuxième partie du feuilleton Le Voyage de Nubecito. Après s’être perdu sur les côtes mexicaines, le jeune cumulus hawaïen a été pris en charge par Ludmilla, la fille du pêcheur Diego, et Brad du 9-2, son ami. Ils ont pour mission de ramener le nuage chez lui ; pour cela ils vont faire un tour du monde. La première étape les a fait traverser le Mexique en compagnie de Sepúlveda, Frida Kahlo et quelques autres. À Altamira, Brad continue seul en direction du Havre, accompagné de Stevenson]

 

Du coup, cette fois, ça y est. Il est vingt heures. Je suis seul. Je voyage. Bon, ça va être une expérience. Mais quand même, je me demande ce que je vais bien pouvoir faire. Bon, soyons patient, l’inattendu ne prévient pas, dit Mam, ou quelque chose comme ça. Voilà. Et maintenant, qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter ?

Brad avait embarqué vers 18h, après l’échange des prénoms. Il s’était installé dans sa cabine, puis avait rejoint le capitaine sur la passerelle de commandement. Il y avait aussi le second, l’officier mécanicien et d’autres passagers, mais personne ne parlait. Ensuite, il était allé dîner au mess des officiers, mais il n’y avait pas d’officiers, sans doute tous retenus sur la passerelle. Ils étaient cinq passagers. Il y avait un couple d’Allemands assez âgés, un trentenaire irlandais qui voyageait après une rupture amoureuse, pour oublier ou pleurer ou les deux et une Brésilienne d’une quarantaine d’années qui ne ressemblait pas à une Brésilienne. Les Allemands ne parlaient pas anglais et encore moins français ; l’Irlandais parlait l’anglais avec un accent à couper au couteau, et le coréen parce qu’il avait passé trois ans à Séoul où il avait rencontré sa future ex ; la Brésilienne devait parler portugais mais restait silencieuse.

Moi qui ai l’habitude de vivre avec des polyglottes, ça va me changer. En fait, si je suis honnête, mon problème, ce n’est pas les langues, c’est plutôt que quand je dois parler de moi, je n’ai rien à dire. Mam, elle a une bibliothèque dans la tête, Ludmilla, il lui est arrivé tellement de trucs incroyables, Dad, il a quand même un métier passionnant et Diego, même sans parler, il rend les gens heureux, genre un film muet feel good. Moi, je n’ai jamais eu de travail, mes études m’ennuient, je n’ai pas d’amoureuse, ni d’ex, mes parents n’ont pas divorcé pour se remarier, je n’ai pas de passion, pas vraiment de rêve. Et puis, je ne peux décemment pas raconter que je raccompagne un cumulus chez lui, à Hawaï. Ou peut-être que si, je devrais raconter ça et voir les réactions. Il y aurait sans doute ceux qui me prendraient pour un comique, ceux qui me prendraient pour un cinglé et une troisième catégorie, certainement très peu de personnes, qui voudraient comprendre.

Le repas fut expédié : présentations sommaires et échanges laborieux, et pas seulement à cause des langues. Le seul plutôt aimable était Moby, le marin qui faisait le service. Il était Philippin et en plus de sa langue maternelle, il parlait bien l’anglais et l’espagnol et se débrouillait pas mal en français. Un serveur sympathique et polyglotte. Espérons que Rodolphe Saadé le paye bien.

Moby, j’aime bien. Il a dû changer son prénom lui aussi. J’aime bien Nov aussi, et Vera. Demain, je lui enverrai ça :

Vera si   tu verras   ça t’ira  /  Vera finée   Vera reté  /  Ma Ludi   ma Milla   lulila  /  Nova chica   señorita  /  Mandela   Nutella   Tequila  /  Misma chica   Vera milla  /  Frida K.   Shakira   Ornella  /  la piu bella   c’est encore toi

Moby. C’est drôle d’avoir pris le prénom du musicien américain. Peut-être qu’il est fan ou qu’il est végan comme lui. Ça va être intéressant d’en parler, moi aussi j’adore. Mes deux morceaux préférés, c’est Go, la musique de la série Twin Peaks et Natural Blues qu’on entend dans le film Juste la fin du monde. J’ai lu un truc assez dingue sur Moby. Il raconte que dans une soirée, il y avait Trump parmi les invités, c’était avant qu’il devienne président. Sa copine lui a lancé un défi, aller le toucher avec son pénis. C’était un jeu d’ado un peu débile, mais qui n’avait rien de sexuel ; Moby précise que son sexe était mou. Bon, il y est allé, il a touché le bas de la veste de Trump sans qu’il s’en aperçoive. Moby dit aussi, si je me souviens bien, qu’il avait un peu forcé sur la vodka et qu’il n’est pas sûr à 100% que ça se soit vraiment passé. En tous les cas, moi je suis sûr à 100% que je ne peux pas écrire ça dans mon journal. Ça ne ferait pas rire Ludmilla et ma mère encore moins.

Après ce premier dîner, Brad rejoignit sa cabine et s’endormit immédiatement. Le lendemain, il prit son petit-déjeuner seul. Il croisa rapidement Moby qui passait voir s’il ne manquait de rien. Il a demandé s’il pouvait avoir du Nutella. Moby a répondu, OK pour demain matin. Puis Brad retourna dans sa cabine. Il avait un bureau face à un hublot d’où il voyait… quoi ? la mer ? eh bien non, pourtant, elle devait être là, mais curieusement, il voyait une bande de nuages et le ciel. Ça doit plaire à Nubecito ce nouveau paysage. Tout à l’heure, j’irai voir la mer de la passerelle. Il s’installa au bureau et ouvrit son grand carnet. Après dix minutes de réflexion, il se dit que ce n’était pas si simple d’écrire sur commande.

J’ai vu sur une vidéo qu’on commençait toujours en s’adressant à son journal, genre « Cher journal ». Du coup, allons-y, « Cher jou… ». Non, ça ne va pas être possible, je ne peux pas parler à mon carnet. Je ne vais pas m’inventer encore un double, déjà que j’ai une ombre selon Ludmilla. « Brad, son ombre et son cher journal ». Ça commence à faire beaucoup de monde. On atteint un seuil critique, la schizophrénie guette. Hier, j’avais pensé à quelque chose d’intéressant à écrire. Évidemment, j’ai oublié. Heureusement, j’ai pris des notes sur le pont. Je vais m’en servir. Allez, je me lance. Je commence par la date, on verra ensuite.

Samedi, jour 1.

Zut, techniquement, on est le jour deux. Il ratura et écrivit jour 2. Et non, je ne peux pas commencer par le jour 2. Il ratura de nouveau pour écrire Premier matin.

C'est mon premier réveil sur le Françoise-Sagan. Quelques informations. La traversée va durer entre 15 et 20 jours. Longueur 304 mètres, largeur 40 mètres, tirant d’eau 12 mètres. 4900 milles nautiques, soit 9000 km. 6661 EVP ou équivalent 20 pieds (là, j’ai oublié de noter ce que ça veut dire). On navigue sous pavillon maltais (pas compris non plus). 18 membres d’équipage. Pour les conteneurs, c’est du dry en open top (ça doit être bien). – Quand Tesla aura racheté CGM et réduira les effectifs, la seule personne à être irremplaçable par l’IA, ce sera le cuisinier. Je cite ici le commandant. Je pense que c’était une blague, mais personne n’a ri ! Moi, conciliant, j’ai fait un petit sourire qui pouvait aussi passer pour une grimace si jamais ce n’était pas une blague.

Et voilà, déjà une demi-page, c’est bien pour mon premier jour, enfin mon premier matin. Mais quand même, c’est difficile d’écrire. Et je ne parle même pas de style ou d’idées intéressantes, juste écrire. Bon, allez, je vais faire un tour. Après, il faudra que je prépare le mail pour demain. Oui parce que la communication est rationnée. Ils attendent leur retour au Havre pour changer le routeur et tout le système Wi-Fi qui est en fin de vie, enfin c’est ce que Moby avait dit. Pendant la traversée, tous les deux jours, chaque passager aura droit à une heure de connexion Internet pour envoyer et recevoir un mail et une photo compressée. Et après, je commencerai la lecture du road trip de Stevenson. Ça va faire beaucoup, je ne sais pas si ça tiendra dans ma journée.

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22 mars 2025 6 22 /03 /mars /2025 03:07

Lunule et cuticule : ces mots fabulent, ils ne parlent ni de cul ni de lune. C’est nul. Quant à crépuscule, il cumule, rien sur les crêpes ni le prépuce ni les pustules. C’est ridicule.

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21 mars 2025 5 21 /03 /mars /2025 03:03

Il n’y a plus aujourd’hui aucun débat chez les zoologistes, les girafes n’ont pas inventé le selfie. En revanche, il n’est pas exclu qu’on leur doive la perche à selfie télescopique. Malheureusement, tête en l’air, elles ont oublié de déposer le brevet.

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20 mars 2025 4 20 /03 /mars /2025 03:12

La vérité est contestée, bafouée, humiliée aujourd’hui. Ça complique les choses, mais c’est un retour de bâton pour celle qui a colonisé les corps et les esprits pendant des siècles et s’est imposée sans partage avec arrogance et violence. Pas vrai ?

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19 mars 2025 3 19 /03 /mars /2025 03:35

Les manchots reconnaissent honnêtement ne pas être les inventeurs du selfie, pour autant, rentrant le ventre dans leur smoking, ils attendent avec impatience une livraison de smartphones pour s’adonner collectivement aux joies solitaires de l’égoportrait.

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18 mars 2025 2 18 /03 /mars /2025 03:35

Le séjour à Mexico avait enchanté tout le monde, mais les discussions tendres et passionnantes menées jusque tard dans la nuit les avaient épuisés aussi. Le réveil fut donc difficile et il fallut faire vite pour ne pas rater le bus.

– Es-tu vraiment sûr de vouloir partir, mon Bradovitch d’amour ? Tu peux encore renoncer, tu es si petit. Et Nubecito, es-tu certain qu’il soit toujours là ? S’il te plaît, ne coule pas mon fils unique préféré. Et ne te fais pas kidnapper par des pirates.

– Mam, merci, ça aide bien. Pour les pirates, apparemment, ils ne naviguent plus dans l’Atlantique. Allez, ma petite maman préférée, dans moins de trois semaines, je suis au Havre.

Swann et Nadja les déposèrent à la gare routière ; les séparations ne traînèrent pas. À 8h01, le bus démarrait.

Curieusement, le trajet fut assez silencieux. De ce silence doux et enveloppant qui unissait souvent les deux amis. Nubecito suivait, pensif, et silencieux lui aussi. Brad gribouillait sur son carnet. Ludmilla lisait.

Elle lisait Un amor fuera del tiempo qu’elle avait trouvé à la librairie el Péndulo près de l’Ambassade, une des trois plus belles librairies au monde selon Nadja, qui s’y connaissait.  Carmen Yáñez y retrace sa vie avec Sepúlveda, son ex-mari et mari puisqu’ils avaient divorcé et s’étaient remariés vingt ans plus tard, comme Frida Kahlo et Diego Rivera. L’amour, la littérature, la dictature et la torture sous l’immonde Pinochet, l’exil, la Patagonie, l’amitié, l’engagement politique, la poésie. Et la mort. Sepúlveda est un des premiers à être mort du covid en Espagne. Certains ont vraiment des vies hors norme, pensait-elle. Régulièrement, elle levait les yeux pour lire les panneaux sur le bord de la route, Ecatepec de Morelos, Cautlacingo, Axapusco, Acelotla de Ocampo, elle les prononçait à voix basse, Santa Ana Hueytlanpan, Xicotepec de Juárez, Tlapehualita, elle aimait ces sonorités uniques qui mélangeaient de joyeux sons espagnols et une voix plus ancienne, plus douloureuse peut-être, San Pedro Petlacotla, Papatlarillo, Nuevo Xúchitl. Envoutée par cette mélopée qui semblait interminable, elle s’endormit, la tête sur l’épaule de son compagnon.

– Tu sais que Pap’ mourra en mer, dans sa barque, dit-elle à brûle-pourpoint.

– Quoi ! Tu as fait un cauchemar ?

– Non, pas du tout. Je pensais à Sepúlveda. Sa mort ne colle pas avec sa vie, je trouve. Diego mourra dans sa barque. Je ne t’ai jamais raconté ça ? Un jour, j’avais quinze ans, c’est un peu avant votre retour, il m’a dit qu’il devait me parler. Il avait un air grave que je ne lui connaissais pas. – Je sais que tu vas te mettre en colère, mais je sais aussi qu’après tu comprendras. C’est vrai, ça s’est passé comme ça, je ne sais pas si j’ai compris, mais j’ai accepté. – Un matin, je partirai à la pêche et je ne rentrerai pas, mais ce matin, je ne te le dirai pas. Sur le coup, j’ai trouvé ça d’une violence folle, j’ai éclaté en sanglots, je l’ai insulté, je l’ai traité de monstre et pire encore. C’était la première fois que je me disputais avec lui. Je suis partie et ne lui ai pas parlé pendant deux jours. Ensuite, il a dit encore – Ce matin, je prendrai la petite photo avec moi, alors tu sauras, mais ça arrivera dans très très longtemps. Je me suis effondrée dans ses bras et j’ai eu le câlin le plus tendre jamais reçu. Et puis, on n’en a jamais plus reparlé. Après, on est allés chez Loco le photographe pour un portrait de nous deux comme on faisait de temps en temps. Pap’ m’emmenait chez Loco tous les deux ou trois ans, « quand je changeais de vie », il disait, et on faisait un nouveau portrait. On se tenait bien rigides, bien figés avec un sourire bien forcé, et bien sûr en tenue du dimanche. Et chaque fois, la dernière photo remplaçait la précédente au mur du salon, à côté de la toute première, d’un petit format, prise alors que je devais avoir sept ou huit ans. Cette petite photo n’était jamais remplacée.

– C’est beau mais en même temps, c’est vraiment morbide. Et vous y pensez tout le temps ?

– Pour Pap', je ne sais pas, mais moi, non, je n’y pense presque jamais. Au début, je surveillais toujours la petite photo et j’essayais de deviner dans le regard de Pap’ quelque chose d’anormal et puis très vite, j’ai oublié. Ce qui est sûr, c’est qu’à chaque fois qu’on se retrouve, surtout depuis que je vis à Guadalajara, c’est une explosion d’amour. J’ai toujours essayé de comprendre. Chez nous la mort est très présente. « Gran boca vacía que nada sacia, grande bouche vide que rien ne rassasie », comme dit Octavio Paz quelque part. Il faut la nourrir, la mort, en parler, jouer avec ; on doit s’en moquer ou la fêter, mais toujours lui donner une place de choix dans la vie. Pour vous, les Français ou les Américains, la mort dérange, alors vous la cachez, vous n’en parlez pas, vous faites comme si elle n’existait pas.

– Et Diego dans tout ça ?

– Oui, lui, c’est encore autre chose. Je crois que ça a à voir avec la mer. Elle lui a tellement donné que peut-être il voudrait lui rendre quelque chose. Je ne sais pas. La mer, c’est tellement plus que de l’eau salée pour lui. Tu sais, s’il parle aux vagues, ce n’est pas parce qu’il est fou ou simple d’esprit. C’est qu’il sait quelque chose que les Indiens savaient aussi et que nous avons oublié, et moi la première, c’est le lien qu’on a avec la nature. Enfin, ça paraît tellement nigaud, dit comme ça. En tous les cas, je trouve que cette mort collerait avec sa vie.

– J’avoue. Désolé pour ton dieu Sepúlveda, mais je trouve ça tellement plus fort que de mourir du Covid.

– Le pire, c’est que je sais très bien que le jour où il partira, il ne sera même pas triste. Moi, évidemment... Bon, allez, on parle d’autre chose. Tiens je viens de recevoir un texto de Karolyn. On a rendez-vous au McDo, rue Zapata, une navette nous emmènera jusqu’au bateau. Ça sera plus simple comme ça. Je n’en reviens pas que ce soit déjà le moment de partir. Dans une heure la navette arrive, dans deux heures tu seras à bord, dans trois heures tu seras en mer…

– … et dans quatre, cinq et six, treize, vingt-cinq, quarante-sept heures, je serai encore en mer.

À partir de cet instant, tout passa à une vitesse hallucinante. La gare routière, le McDo, la navette, les au revoir, les embrassades, la passerelle du Françoise-Sagan, Brad qui disparaissait…

– Qu’est-ce qui se passe… comprends pas, no entiendo ni pío, le temps est différent ici ou quoi... what the fuck ! Ça accélère de fou… es una locura… Attends… Brad… Quoi ? Déjà !

Ludmilla perdait pied, ça tapait fort dans sa tête, ça cognait dans son ventre. Sa bouche ne parvenait plus à articuler. Elle voyait Brad s’éloigner sur la passerelle et les mots se télescopaient dans son cerveau.

Dame un appel, cria-t-elle enfin.

– Brad entendit à moitié, oui, bien sûr, quand j’aurai du réseau.

– Non, hurla-t-elle, dame un nombre. Le cœur battant, les jambes tremblantes et les larmes aux yeux, Ludmilla couru vers Brad et bégaya dans un charabia curieux – il faut se donner un appel, comme Swann et Nadja, un otro apellido, nouveau, un nombre nuevo.

Brad comprit qu’il ne comprenait pas.

– Mais qu’est-ce que tu racontes ? Mon nombre ? Tu veux mon numéro ?

– Mais non, je veux un blaze, pas ton 06, tu captes, continua-t-elle, recouvrant sa maîtrise du français un moment perdue. Nouveau nom, nouveau prénom, para complacer el destino, comme dit ta mère. Tu me fais perdre mon français, l’accusa-t-elle en le serrant dans ses bras. Fort.

– OK ! J’ai compris, un nouveau prénom pour remplacer Ludmilla. Bon, mais là, tout de suite, je n’ai pas d’idée…

– Cherche. Vite. Toi, tu seras Nov.

Brad cherchait. En vain. Maria, Louisa, Salma, Ornella… puis il lut sur la coque d’un cargo, Veracruz.

– Vera ? Ça te va ?

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17 mars 2025 1 17 /03 /mars /2025 08:26

Certains affirment que l’invention du selfie revient aux frères Patin. Alors qu’ils voulaient prendre en photo leur voisine Martine Lavelle, ils auraient laissé tomber leur téléphone et déclenché involontairement l’appareil.

(C’est plausible.)

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16 mars 2025 7 16 /03 /mars /2025 03:58

Pourrir, c’est mourir un peu

Moisir, c’est trahir aussi

Partir, c’est choisir encore

Barrir, non, ce n’est pas glapir

Ni clapir, ni glatir

Saillir, c’est gravir, si si

Vieillir, c’est blettir en vrai

Mentir, c’est trahir en mots

Tartir, c’est salir salement

Pâlir, c’est ne pas rôtir

Et sourire ?

Sourire, c’est joli souvent.

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15 mars 2025 6 15 /03 /mars /2025 03:16

Certains affirment que les poneys Shetland ont eu l’idée des selfies bien avant les humains mais qu’ils ont abandonné le projet pourtant bien avancé pour des raisons d’ergonomie.

(J’ai quelques doutes sur cette affirmation qui n’est évidemment accompagnée d’aucune preuve.)

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14 mars 2025 5 14 /03 /mars /2025 03:35

Singulier peut se dire au pluriel et pluriel, au singulier. C’est perturbant et c’est bien comme ça.

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13 mars 2025 4 13 /03 /mars /2025 03:34

Ce sont les humains et non les nasiques qui ont inventé le selfie et c’est une chance parce que certains sont plus photogéniques que d’autres.

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12 mars 2025 3 12 /03 /mars /2025 03:17

– Je me demande combien de pays tu auras traversé. C’est bizarre, moi je ne voyage pas et je me sens vieille, toi au contraire, tu as fait le tour de la planète et je te sens si jeune, si nouveau, voilà, toujours nouveau.

No viaje  pas de voyages / Ya vieja   tu vois mon âge / Pas d’ frontières  pour el gringo / Terre entière  pour el chico. Dis, est-ce que j’ai entendu que tu te sens vieille ou j’ai mal compris, demanda Brad ?

– Je sais, j’exagère comme d’habitude. Ce que je veux dire c’est que je n’ai jamais franchi de frontières géographiques et je sais bien que celle qu’on a « là-haut » est une plaie mal cicatrisée et qui est peut-être en train de se rouvrir. Je n’ai pas ta sagesse, toi, c’est comme si tu transformais le temps en vie et moi, je transforme la mémoire en interrogations.

– Alors là, no capito nada. Tu parles en quelle langue ? Pour moi les frontières, c’est nul, c’est violent, c’est laid, mais toi, tu passes d’une culture à l’autre sans avoir besoin de visa. Exemple, tu passes de la pizza aux tacos sans problème… Pardon, c’est pas drôle ! Tu passes aussi de Shakespeare à Cervantès avec un détour par Victor Hugo. Et pour ça, total respecto !

– C’est vrai, je traverse des frontières culturelles, sociales, linguistiques. Je suis celle qui traduit. J’espère ne pas être celle qui se donne et trahit.

– N’importe quoi ! Ludmalinche est de retour, dit Brad ! Parfois, je me demande d’où tu sors tout ça. Est-ce que tu couches avec des Cortés sanguinaires ? Non. Est-ce que tu fais découvrir ton pays à des touristes souvent incultes qui pensent que tous les Mexicains portent des grands sombreros et font la sieste sous des cactus ? Oui. C’est ça que tu appelles trahir. Moi j’appelle ça instruire, partager et même offrir. Parfois, tu es une énigme pour moi.

– C’est vrai, Brad, encore une fois, c’est toi qui as raison. Nadja, tu te rappelles ce texte d’Octavio Paz sur la femme que tu nous as lu l’année dernière, Los hijos de la Malinche, « La mujer es una figura enigmática. Es el Enigma. Incita y repele. La femme est l’Énigme. Elle attire et repousse. »

– Elle attire et repousse ? C’est tout toi ça. Enfin à moitié… Attends, laisse-moi compter. Comme les Mexicains sont aussi des énigmes pour les Français, en tant que femme mexicaine, tu es une énigme au carré. Donc, si je calcule bien – mais les maths, ce n’est pas ma spécialité – une moitié d’énigme au carré, ça doit faire à peu près une énigme complète.

– Tu as raison, Brad, je complique tout et j’aime comment tu me fais comprendre les choses. En fait, je crois que je suis une énigme pour moi-même. Heureusement que je t’ai. C’est drôle, tous les gens qui nous connaissent pensent que c’est moi qui te guide et qui te régule, tout le monde dit que je te gère, toi le rêveur sans but ni règle. En fait, la vérité c’est que c’est toi qui me rassures, toujours, sur l’essentiel.

– Justement, Mademoiselle Énigma, on est en train de se perdre.

– D’accord, revenons à nos moutons ou plutôt à notre âne. À propos de traduction, j’ai un deuxième cadeau pour accompagner le Travel with a donkey, tiens, c’est sa traduction. J’ai réfléchi, le texte anglais n’est pas si simple.

– J’espère que tu m’as pris la traduction espagnole, Travelo con un ano, tenta malicieusement Brad.

– Ah ah, rigola Ludmilla. D’abord ça serait Viaje con un buro, qui ne veut pas dire « Voyage avec une plaquette de beurre » ; ensuite l’ano, c’est une partie du corps en forme d’anneau, si tu vois ce que je veux dire ; quant à travelo, je préfère ne pas commenter… Bref, je t’ai pris la traduction française, mais tu dois promettre de ne l’utiliser qu’en cas de naufrage linguistique.

– Oui, tu as bien fait, le texte anglais est difficile. Et quelle traduction as-tu choisie, demanda Nadja ?

– J’ai pris celle de Laurent Bury.

– Très bien, c’est la meilleure. La première traduction a été faite par Léon Bocquet juste après l’édition anglaise. C’est écrit dans une très belle langue, parfois un peu désuète, mais c’est un peu ampoulé et surtout très daté. Ce qui est intéressant, c’est que Léon Bocquet a vécu à une époque où les paysages décrits par Stevenson, les objets, les outils, les vêtements existaient encore et les mots pour les dire, aussi. Ce qui en fait un témoignage parfois difficilement lisible aujourd’hui, mais fidèle. On en reparlera en cours, Ludmilla.

– Si je peux donner mon avis, proposa Swann, je suis favorable aux traductions actualisées. Je ne suis pas linguiste et je n’ai pas vos compétences, mais je me pose une question. Est-ce que toutes les époques ne devraient pas « enterrer leur passé linguistique » – je mets des guillemets, il faudrait développer bien sûr – comme les hommes enterrent leurs morts à chaque génération ? Ça ne veut pas dire qu’on les oublie, on peut même leur rendre visite de temps en temps, en parler, mais on reste entre nous, entre vivants. Quant aux frontières, pour revenir en arrière, je serais moins catégorique que toi, Brad. Je crois à leurs vertus. En effet, si elles se transforment en murs ou en paperasseries administratives, là, tu as raison, elles ne valent rien. Mais je crois aussi qu’elles peuvent donner une allure, une tonalité, un style à un peuple. Le jour où la Terre ne sera habitée que par des Terriens, et non plus par des Mexicains, des Américains, des Estoniens, des Lésothiens, des Malgaches, des Ouïgours… – rien que ces mots sont beaux –, eh bien ce jour-là, nous aurons beaucoup perdu. La vie sera monotone et monocorde.

– D’accord avec toi, Dad. Et merci Ludmilla pour le cadeau. Au final, ça fait un livre de plus, je vous préviens, c’est le dernier. On arrête de charger el buro, sinon c’est Françoise Sagan qui va couler sous le poids de mes bagages !

– Mon dieu, s’exclama Nadja, c’est vrai, comme ton havresac semble lourd, tu vas te rompre le dos !

– Quoi ! Mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec mon havre sac ?

Je prends de plus en plus de plaisir à les écouter. Si je n’étais pas un nuage, je crois que j’étudierais les langues, et aussi la philosophie. Elles sont intéressantes toutes ces questions, la frontière, la traduction, la femme, la communication… et j’apprécie d’entendre des avis différents pour me forger mon opinion car il faut bien avouer que ces notions sont drôlement abstraites pour nous autres, surtout celle de frontière. J’ai l’impression que je suis souvent d’accord avec Swann qui m’a l’air quand même un peu plus réaliste que les autres. Pour ce qui est du passé et des morts, là, j’ai un doute. Je ne sais toujours pas si pour nous autres nuages, il y a une vie après la pluie, mais quelque chose me fait penser que nous sommes plus anciens que les humains et surtout que chaque personne humaine. Enfin, ce n’est pas encore très clair dans ma « tête ».

Le séjour à Mexico passa très vite et vint le moment de prendre la route pour Altamira. Le bus partait du Terminal Central del Norte à 8h pour une arrivée prévue vers 16h. Ce qui laissait deux heures pour faire le petit kilomètre jusqu’au port. Et embarquer sur le Françoise-Sagan…

 

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11 mars 2025 2 11 /03 /mars /2025 03:19

Tu nais

Tu vis

Tumeur

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10 mars 2025 1 10 /03 /mars /2025 03:03

Je vois d’un très bon œil les recherches sur le voyage vers Mars. J’imagine qu’il envisage d’aller s’y installer, non ?

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