Ce n’est pas parce que parfois la fidélité est le masque de l’impuissance, que l’infidélité toujours est la signature de l’audace.
Ce n’est pas parce que parfois la fidélité est le masque de l’impuissance, que l’infidélité toujours est la signature de l’audace.
Je dois vérifier si je l’aime vraiment avant de l’épouser, s’inquiétait-il.
Et il ouvrit un nouveau fichier Excel.
Une âme sans doute se loge au creux de ce corps rustique et batailleur, pensait Femme ; un corps sûrement se cache derrière cette âme volubile et maquillée, se disait Homme.
Ainsi vont-ils, l’une et l’autre, finalement tourmentés par les mêmes inquiétudes métaphysiques, à peu de choses près, contrairement à ce que les théoriciens du choc des genres veulent nous faire accroire.
Un couple qui marche, c’est comme une partition de piano : deux portées différentes pour une seule composition.
(Mais que sont encore, dans cette musicale métaphore, les deux pédales qui, par dessous, mettent en sourdine parfois ou parfois font durer ?)
où es-tu où es-tu toi que je ne cherche pas que je cherche où es-tu où es-tu mon homme es-tu parti es-tu venu j’oublie ça va ça va je ne pleure pas et ne va pas imaginer que je t’attends je t’attends où es-tu es-tu seulement as-tu jamais été je ne sais plus j’oublie mon homme mon fantôme mon homme mon fou ça va ça va j’oublie si fier je flotte mais je ne flanche pas mon feu ma fin c’est fini tu fuis tu as toujours fui fui de partout une fuite je prends l’eau moi aussi mais je ne coulerai pas où es-tu mon homme ça va ça va une fuite sans suite mon ciel mon rêve homme j’oublie tu étais mienne homme vienne l’oubli viens ne viens pas va va où tu veux homme que j’oublie homme qui va homme qui part avec l’été va va j’ai toujours préféré l’automne ses matins surpris ses nuages à portée de main ça va ça va j’oublierai avec l’hiver lentement blanc homme et les naissances du nouvel an
J’avais programmé d’apprendre la sobriété. J’aimais le projet, salubre et édifiant. C’était grand luxe, il est vrai, et cela ne pouvait durer.
Ce seront finalement les techniques de survie en milieu désertique qu’il me faudra acquérir.
Ma voisine doucement dans l’ascenseur elle est au téléphone va voir sur mon blog tu sais bien Pétales de rosée je parle de lui dans mon dernier post ma voisine est une rêveuse romantique encore plus doucement oui le blond de la dernière fois elle regarde ses chaussures un peu timide aussi mais pour moi ce n’est pas un défaut bon je te rappelle plus tard pardon monsieur elle chuchote je tends l’oreille va voir c’est un poème sur lui je descends là elle me sourit un peu bon je raccroche elle descend toujours au 8ème tu me diras si tu le reconnais bonsoir bonsoir je crois qu’elle m’a regardé.
Moi je descends toujours au 9ème alors je descends et je me précipite sur mon ordinateur je tape Pétales de rosée pour voir si je me reconnais c’est peu probable parce que je suis chauve mais comme je suis grand et que la lumière de l’ascenseur est très jaune il peut y avoir confusion on ne sait jamais.
Que ferais-je sans lui, roucoulait-elle tendrement, tout en imaginant la douleur du naufrage.
Que ferais-je sans ailes, roucoulait-il lucidement, tout en calculant la vitesse de la chute.
Change tes désirs plutôt que l’ordre du monde et la couleur des rideaux plutôt que ses désirs.
− Au lieu de surveiller mes escapades, veille plutôt sur mes escales.
− Alors cesse de danser tes départs et râler tes retours.
Regarde-moi, si ça te chante mais cesse de me regardienner.
C'est frustrant de ne rien comprendre à ce que dit le lointain étranger, mais il y a pire, prévoir tout ce que va dire notre proche familier.
Suis solidaire avec ces malheureux exilés, orphelins sans descendance, vite oubliés là-bas, jamais accueillis ici, suis solidaire, grommelait-il, se dirigeant vers le canapé du salon, bannis de tous les pays unissons-nous, osa-t-il, l’oreiller sous le bras.
On est bien sévère avec la contradiction qui, sauf cas exceptionnel de deux forces opposées de même intensité et formant un angle de 180°, est toujours motrice et conduit en des terres imprévues par des voies neuves les couples de vecteurs unis.
Toujours attifé comme un alexandrin, il faisait le gandin sur son cahier à spirale. Espiègle et vive comme un haïku, elle encombrait son Mac Pro de post-it nerveux. Ils se marièrent et ouvrirent un salon de coiffure mixte et lucratif.
Sans nier la possibilité d’une illusion optico-tactilo-olfactive, je me permets de vous faire part d’une considération dermatosynesthésique : aux dernières heures de la nuit, sa peau, tel un piment noir, devient onctueuse et enivrante, mordorée, suave et réglissée comme un Soulages corsé.
Certes, du matin jusqu’au soir et du soir au matin, jours fériés compris, très chère, ô si chère Muse ! tu m’inspires et m’animes et m’exaltes. Mais t’avouerai-je enfin, ma déesse de braise, que ce ne sont pas les mots qui montent. Que ne te méprends-tu, ce verbe désespérément lourd et mou, cette langue flasque et quasi inerte, cette vacance de la plume, asséchée, précocement stérile, ce deuil de la rime ne signent aucunement la rupture de ton charme et la mort de ta grâce. Je ne sais les vers ni les tropes mais vois comme la vie lève, je ne suis poète ni scribe mais entends le grondement qui sourd, grave et profond ; la lèvre hésite, timide, et frémit seulement, mais le flot vient, fier et ferme, énorme tyran qui moque la grammaire et convainc mâlement.
− Vous plais-je ?
− Trop pas !
− Plait-il ?
La clé de son cœur était une carte magnétique. Moderne et difficile à contrefaire, certes, elle buggait pourtant souvent et devait régulièrement être réinitialisée.
− Je même.
− Itou
− Et you ?
− Comme te
L’amour se technicise.
Cupidon blessait hier et appelait le soignant.
Snipper tue aujourd’hui et appelle le suivant.
Trame nos chants et conjoins nos voies.
Homme qui braves les absences et ne crains les départs
Je suis ta femme
Homme qui protèges et promets et t’indignes et t’exhibes
Je suis ta femme et sais ton silence
Homme qui couvres le chant du vent et ignores les traces du temps
Je suis ta femme et m’inquiète de ta course éperdue
Homme qui prends sans compter et comptes sans apprendre
Je suis ta femme et veux guider tes mains affairées et avides
Homme qui ignores les dédales intimes et ne sais demeurer
Je serai là une fois encore quand le matin aura lavé mes sommeils vengeurs et solitaires.
Joli miroir, ô si déformant !, tantôt concave et tantôt convexe, toujours tu me vexes et jamais ne m’acclames.
Pourquoi veulent-ils toujours être les premiers ? Manque de solidarité.
Pourquoi veulent-elles toujours être les dernières ? Manque d’ambition.