Tiens, c’est la lune qui se lève la première ce matin !
Cireuse, obèse et bubonneuse.
Pas facile d’être belle à cette heure.
Tiens, c’est la lune qui se lève la première ce matin !
Cireuse, obèse et bubonneuse.
Pas facile d’être belle à cette heure.
Le problème avec les amis d’enfance que l’on retrouve vingt ans plus tard, c’est qu’ils ne sont plus ni des amis ni des enfants.
Celui qui s’élance avec fougue et espérance retombe toujours, lui aussi ; mais celui qui se lève à onze heures n’est pas toujours au zénith à midi.
Au commencement était le verbe, fier, sain, sobre et toujours conjugué par quelque chasseur ou conteur, puis sont venus les noms propres et leurs gros propriétaires, les pronoms et leur petit personnel, les adverbes vraiment maniérés et les adjectifs attribuant tout ce que l’on peut posséder.
Le langage est devenu une belle vitrine.
Lassé de s’être (un peu) interrogé sur le sens de notre agitation sans pouvoir trouver de réponse pertinente, il s’est rendormi, le chat.
On annonce une baisse de régime chez Ferrari.
Cela n’a rien d’étonnant, ils ont tout misé sur le design et la mécanique ; on ne néglige pas impunément le marketing.
Si je puis me permettre, quelques slogans habiles suffiraient à remonter l’affaire. Par exemple : « une Ferrari achetée = une Ferrari offerte », ou « pour un euro de plus on vous pose la boule à remorque ».
L’homme vaut-il plus que la somme de ses parties ?
Aubaine pour les vendeurs de jeux des sept familles : les anciennes versions deviennent anticonstitutionnelles et doivent être remplacées.
Nos tendres petits sont aujourd’hui parfaitement entraînés pour résister à une invasion d’extra-terrestres ou à une attaque de zombies. Vous allez objecter que ces événements sont fort improbables et que les concepteurs de jeux vidéo sont bien peu préoccupés par l’intérêt général et le salut de l’humanité. Certes, mais pensez-vous sincèrement qu’il eût été plus opportun de les préparer à une invasion de Latins ou à une colonisation par les Grecs ?
Il y a dans l’idéal d’authenticité un côté chasse au trésor un peu puéril.
L’amour et le sucre sont mauvais pour la vue, ce qui n’est pas si gênant tant le spectacle du monde est de qualité fort inégale.
Et que savent-ils de l’enfermement ceux qui lisent « pour s’évader » ?
L’analyse morale du touriste est une science délicate. Tenez, prenez ces deux là, allongés sur le sable, sous un parasol, à dix mille kilomètres de leur Bécon les Bruyères natal, les oreilles vissées à la radio. Ils semblent sincèrement inquiets des déboires de leurs concitoyens, naufragés des tempêtes de neige.
Il y aurait bien cette ébauche de sourire… mais ce n’est pas un indice suffisant pour les accuser de jouissance perverse.
Désolante solitude, ennuyeuse société – ou serait-ce l’inverse ?
Aux familiers du bruit, le sens paraît d’abord exotique puis clandestin et enfin importun.
La crainte d’une main vengeresse ne trouble plus nos nuits tranquillisées. Demain ne nous inquiète pas et c’est bien là le problème, on ne fait plus qu’attendre et compter.
La vie est une transhumance.
Les gites d’étape sont corrects. Reste à travailler l’accueil et le départ : ça sent le formol et manque de bergères.
Je les observe par la fenêtre ces ombres sales et fatiguées, grotesques et muettes.
Et qu'encombrent-ils encore nos trottoirs, ces fantômes rustiques, vestiges noueux et immobiles ?
Les courbes se répètent. La nature bégaye. Les feuilles mortes meurent.
Et cette désespérante monomanie chromatique !
C'est vert, c’est gris, pitoyablement vert. Gris et périmé.
L'arbre des villes est un lapsus, un délit, une offense, un chancre vil.
Puis je contemple les grues jolies.
Fières et élancées, mobiles et élégantes, elles chatoient et enflamment et animent et inspirent.
Non contentes d’être utiles et généreuses, elles prennent encore le temps d’être belles et spirituelles.
Tout à mon émotion, je m’interroge sur le sexe de ces stèles racées, viriles et délicates à la fois, puissantes et légères pourtant.
Elles sont le père, elles sont la femme, elles sont l'azur et le foyer.
Ô grues !
Peuple de l’espoir, promesse de transcendance, je vous offre, honteux, cette ode modeste, mais c’est une prière de louange que vous méritez !
L’homme est complexe et, s’il n’en a pas les moyens, duplice. C’est le privilège du minéral de ne rien calculer.
Ce qu’il y a d’avantageux dans les rêves, les rend aussi suspects : on en sort toujours, malgré d’héroïques combats, sans bleus ni courbatures.
Nos réjouissances sont de plus en plus bruyantes et dans ce brouhaha on entend « quel bonheur ! » au lieu de « que du leurre ! ».
Avant le drame, elles chantent, après elles hurlent, et quand elles se taisent, les sirènes, on entend le bruit de la vie et l’ennui.
Ne sont-ce pas les mêmes qui vous disent n’avoir ni le temps ni le désir de lire trois pages de poésie et vous assomment, des siècles durant, à grands coups de banalités.
N’en déplaise aux hyperactifs opiniâtres, aux entrepreneurs audacieux, aux lève-tôt agiles, aux démiurges efficients, qui ne sauront comprendre, aux aventuriers affairés, aux battants zélés, aux militantes radioactives, aux lionnes et aux tigresses, n’en déplaise aux héros enragés, aux acharnés tenaces, qui mépriseront d’un revers de la main, aux guerrières insatiables, aux intrigants énergiques, aux conquistadors frénétiques, aux surhommes, aux surfemmes, n’en déplaise aux activistes industrieux, aux commerciaux dynamiques, aux révoltés débordés, aux survoltées ardentes, qui condamneront sans appel, aux rentables vitaminés, aux braves vigoureux, aux championnes turbulentes, n’en déplaise aux gagnants résolus, la fatigue, c’est fou comme ça épuise.
Tu hurles avec les loups mais ta voix est molle et ton ventre plein.