− La vérité, on sait plus vraiment où elle est.
− C’est pas faux !
− On y comprend plus rien.
− C’est clair !
− Tout se mélange, on est plus certain de rien.
− Ben ça c’est sûr !
− La vérité, on sait plus vraiment où elle est.
− C’est pas faux !
− On y comprend plus rien.
− C’est clair !
− Tout se mélange, on est plus certain de rien.
− Ben ça c’est sûr !
Le dur n’est pas le mou
L’amour n’est pas un dû
Le doux n’est pas trop mûr
La mue du vieux pandour.
Je prends soin de ranger mon bureau avant d’écrire, pour ne pas être distrait ; il me faut aussi, avant de lire, nettoyer mon esprit − c’est plus difficile.
L’écriture est un masque.
Non pour cacher, non pour tricher, mais pour essayer d’autres voix, changer de peau et de parti, visiter d’autres peurs et d’autres joies, essayer une nouvelle coiffure, une nouvelle grimace, une nouvelle vision.
Antik ou comment faire du neuf avec du vieux.
Prosaïk ou comment faire de l’inédit avec de l’ordinaire
Kultur ou comment faire jeune avec du poussiéreux
Métaphysik ou comment faire vibrer Aristote
Plouk… euh non là on ne peut rien faire.
Il y a plus de femmes de chambre dans le bas monde que de femmes du monde dans les chambres du haut.
Ce n’est pas parce que les hommes d’affaires ne font pas le ménage que les hommes de ménage ne font pas l’affaire.
Un médecin qui parle de médecine ne soigne pas encore et un maçon qui parle de maçonnerie ne maçonne toujours pas. L’avantage de l’écrivain, c’est que quand il écrit à propos de l’écriture, ça compte pour de l’écriture.
D’ailleurs, il y en a qui abuse.
Qui vivra en verra
Qui verra en rira
Qui rira ravira.
Mais virez-moi les rats avariés, les avares avides et les bavards arides qui envient l’arrêt des rimes, la mort des rêves et même des mimes.
La vie
Les mots
Les mômes qui rient
Les livres qui volent.
Les artistes doivent, eux aussi, respecter le rythme de la nature et préférer les œuvres de saison.
Ne pas chercher, en saison sèche, à produire des œuvres luxuriantes et en saison des pluies, des œuvres arides.
Rature sept fois ton texte sur ta feuille avant de le donner à lire.
Parfois, ça suffit…
Un mathématicien débutant vous calculera aisément le nombre de pizzas différentes que l’on pourrait composer avec une quantité limitée d’ingrédients – mettons six (tomates, câpres, olives, mozzarella, anchois, origan) ; ce nombre est très élevé et excède de beaucoup l’offre classique. Eh bien, il en va presque de même pour la littérature, on peut calculer le nombre de livres différents que l’on pourrait écrire avec une quantité limitée d’éléments (disons, deux mille mots) ; ce nombre est astronomique. Une question alors : pourquoi nous ressert-on les mêmes livres avec les mêmes tomates et les mêmes olives ?
Ceci n’est pas un spam
Je me suis mis au slam
Et la foule qui m’acclame…
Elle avait peint sur son mur gris une grande plage de sable blanc qu’une eau turquoise et lente léchait suavement. Des cocotiers ébouriffés semblaient attendre distraitement quelques naufragés innocents. Seules trois mouettes criardes animaient un peu ces horizons trop paisibles. De ridicules et inutiles petits crabes s’effrayaient de leur propre frayeur. Elle s’allongea sur sa natte en se disant que faire la sieste allait bien avec le décor. Finalement, ne parvenant à trouver le sommeil, elle se déshabilla et alla nager.
La langue s’appauvrit, dit-on, je ne sais. Et ne sais pas non plus si l’on peut vérifier la chose.
Ce qui m’apparaît incontestable en revanche c’est qu’elle perd en odeurs : la langue ne sent plus très fort. Je n’entends plus de mots qui sentent le varech ou la tourbe, la Boyard maïs ou le patchouli.
Fille au pair et femme de goût
Fou de guerre et crise de nerfs
Fente à l’air et fer à frise
Fête amère et fesses à terre
Face d’olive et Frère-la-tresse
Foire festive et fier-à-bras
Farce en braille et couilles de faon
Faille au cœur et purée de caille
Fouille au corps et vice de forme
Feuille de vigne et fric en vrac
Faut filler à Flic-en-Flac
Fallait pas gifler les flics.
J’ai une fuite à mon dico
Ça fient de la page des F.
− Encore une, je peux ?
− Oui mais faites-la brève et parlez court
− Ok alors faites la moule et pas la glaire.
Excès de vit
Tess
Garde ta pou
sseT
Ça peut servi
r.
Une chose le spectateur dominé consentant aveugle repu
une autre l’acteur imposteur narcissique impacteur boulimique
et puis la scène comme une terre qui invente les désirs vite éventés par-delà les décors
et puis les corps comme un texte qui recueille le temps d’un soir et raboute des fils cassables et emmêlés pour en faire une histoire − peut-être
et le jeu des verbes qui agissent et bondissent et crissent de joie de douleur de stupeur et crient du plaisir de crier bousculant les sujets dominés dominants adjectifs enkystés
et le temps qui sursaute sans ordre et sans reliques au rythme des actes au rythme des souffles
et le tourbillon des mots qui s’affolent en des danses imponctuées pour moquer les gabions à idées et tomber les écrans sans reflets.
Tout se tient là, dehors, entre deux horizons, au théâtre peuplé de la vie et du sens
et l’on se retient pourtant dans le castel étroit de nos carcasses.
Souvent je reste là, hypnotisé, porté par son rythme sans défaut, longtemps, longtemps. Il clignote, que dis-je, il bat, il palpite comme un cœur infaillible, encore, encore. Il est là, c’est certain, fidèle, disponible, d’une patience inépuisable, que j’écrive ou n’écrive pas, métronome indulgent, il vibre, il vit, interminablement, il attend, confiant, constant, si justement constant, sur la page blanche de mon écran, plus fort que la fatigue, il se moque de l’ennui et ignore la mort, comme un pouls perpétuel, réconfortant, toujours, toujours. Ne juge pas, ne corrige pas, ne condamne pas. N’abandonne pas. Bat seulement, bat et vibre sans vaciller, jamais, jamais. Toujours à m’accompagner, toujours dans mes mots, dans mes silences, dans mes blancs, dans mes bleus, plus fiable que le retour du matin, discret dans mes retraits, modeste dans mes réveils, d’accord pour tout, le plus vil et le plus grand, l’indigent, l’exubérant, il attend et pardonne. Il attend. N’abandonne jamais, mon curseur, me précède et me suit jusque dans les plus obscurs méandres de l’insensé, jusque dans les plus infertiles déserts de l’absence. Il bat. Il bat. Il bat.
Bricole ta langue.
… ainsi l’homme serait avide parce qu’il a des mains. N’est-ce pas plutôt parce qu’il est avide que ses mains lui servent moins à caresser et offrir qu’à saisir et emporter ?
Gageons qu’une otarie dotée de bras, mains et doigts n’en continuerait pas moins à grogner paresseusement et à gaspiller son temps à manger, dormir et faire du gras et/ou du toboggan sur la banquise restante. Il est vrai que la faire jongler avec un ballon serait alors beaucoup moins spectaculaire et n’amuserait plus les enfants accompagnés de leur papa divorcé le samedi après-midi, et qu’il faudrait lui imposer quelque autre défi, la faire marcher sur un fil les yeux bandés, par exemple, ou organiser un combat avec un poulpe géant urticant...
Mailler les trois brins du scoubidou : concept jaune, métaphore bleue, farce rouge.
Il y a les livres qui braillent, il y a ceux qui bâillent ; j’aime ceux qui vous baratinent puis vous laissent en plan.
− Le pays du réel, s’il vous plaît ?
− Connais pas, essayez page suivante.