J’ai l’œil toujours un peu éteint, le cheveu grisâtre et la peau plutôt terne. Heureusement, j’ai un long nez qui rougit vite au soleil et me rend, sinon lumineux, à tout le moins visible de loin.
J’ai l’œil toujours un peu éteint, le cheveu grisâtre et la peau plutôt terne. Heureusement, j’ai un long nez qui rougit vite au soleil et me rend, sinon lumineux, à tout le moins visible de loin.
En toute modestie mais très sérieusement, je dois dire que j’ai quelque chose de Proust, Dostoïevski et Borges. Vraiment.
Comme eux, je suis insomniaque.
– Moi : Je ne me comprends pas toujours, qu’en penses-tu ?
– Moi : Oh je sais, toi non plus.
– Moi : Non mais c’est vraiment n’importe quoi !
Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?
Voilà bien une des questions que je redoute le plus. Je ne peux décemment pas répondre, j’ai pensé aujourd’hui. Alors, comme quand j’allais me confesser enfant, j’invente quelques mensonges : j’ai jardiné, bricolé, cuisiné, visité un musée…
Je pense que je suis
Je sens mais ne puis
Je mens et m’épuise
Je ne pense pas être l’invité modèle car je me déplace toujours en bande.
Je ne me sépare jamais de mes fantômes et mes rêves, mes morts et mes silences ; ça fait beaucoup et me rend parfois peu disponible.
Parfois je me dis (hier par exemple, je me suis levé tard puis j’ai paressé un peu et flâné beaucoup ensuite pour finalement me coucher assez tôt) que s’attaquer à ma biographie risque d’être une entreprise aisée mais peu exaltante.
Cela étant, la chose n’est, à ce jour, pas prévue.
La nuit − et l’avouer m’embarrasse − je suis irrésistible ; touchant mais brillant, élégant mais sensible, facétieux, tendre et tellement différent ; à mon corps défendant − le nier serait mentir − je séduis, je transporte, j’éblouis, pour le dire simplement. Le matin, je me réveille.
Suis duplice, mais de face seulement, soit triple (compte non tenu des profils).
Le temps fraude et je ferme les yeux.
Le matin, je suis tout impatient et je voudrais, vite vite, que le soir arrive.
Et après on dira que je suis lent et paresseux !
Sans se méfier, c’est un matin d’août qu’il entra dans la vie. Il fut vite saisi par l’ampleur de la tâche et le manque de moyens.
J’aime les livres qui font lever les yeux et les sentiers qui font baisser la tête.
Je suis un imposteur.
Il fallait que j’avoue, c’est mon côté honnête.
Borgne, non pas aveugle.
Et me manque, non la moitié du monde, mais sa profondeur, son goût, sa musique.
J’aime mâchouiller ces mots étrangers qui sentent fort et brûlent un peu la langue.
J’habite un sursis.
J’ai un peu décoré.
C’est précaire mais pas insalubre.
Ma vie, en clair-obscur, sauce aigre-douce.
J'ai l'imagination fertile et la pensée féconde.
Le prix à payer : les idées grouillent mais la durée de leur séjour dans l'esprit est toujours très courte.
À l'ombre d'un whisky glace, je me remets d'une journée poisseuse et sans visibilité, en fourrant des olives vertes de cacahouètes salées.
Je vient de vous.
Je vais acheter une île déserte, perdue dans l'océan, invisible à l'œil nu. J'y exilerai mes fantômes et changerai mon numéro de téléphone.
Plutôt instable ce garçon.
Haïku rustique le lundi, apophtegme pataphysique le mardi, coquecigrue écologique le mercredi, néologie humanologique le jeudi, spéculation dadaïque le vendredi, anathème herméneutique le samedi.
Et pourquoi pas hippisme météorologique le dimanche ?
Hier, je n'ai rien écrit.
Non que je n'avais rien à dire, c'était même plutôt le contraire.
un peu comme quand la marée s'inverse quand elle reprend sa respiration dans le suspens du temps le silence du monde livres d'images et visages blancs
un peu comme l'aube qui contient tout mais n'annonce rien innocence du départ sans naissance
un peu comme quand la marée s'inverse et se gonfle inexorablement lentement dans la bascule du sens.
La vie est un théâtre.
Mon strapontin se refermerait si je me levais. Je n'ai de toute façon pas envie d'applaudir.