On ne comble pas un silence, parce que ce n’est pas un vide, c’est au contraire un plein, la plénitude d’une présence.
On ne comble pas un silence, parce que ce n’est pas un vide, c’est au contraire un plein, la plénitude d’une présence.
– Ça va toi ?
– Qui ça, moi ?
– Non toi, moi ça va. Alors ?
– Ben oui, moi ça va.
– Je sais, je viens de le dire. Mais toi ?
– Toi ?
– Oui toi.
– Mais toi, ça ne va pas du tout !
– Ah tu vois, c’est bien ce que je pensais. Je peux faire quelque chose ?
Parfois, après avoir fermé, déçu, trois ou quatre livres à peine commencés, pour compenser j’ouvre soit un vieil annuaire, soit un Bescherelle, soit – acquisition plus récente – le livre des 500 000 premières décimales de π.
La santé d’une société repose sur la maladie des individus. Les individus malades sont ceux qui fabriquent du même, le dupliquent et confortent ainsi la société qui ne vise qu’à perdurer. Inversement, les individus sains sont féconds, oublieux et inventifs, non qu’ils refusent ou s’opposent, mais ils offrent de l’inédit qui toujours déstabilise, crée du désordre et nuit à la reproduction sociale.
J’entendais le jeune écrivain Mohamed Mbougar Sarr dire, on a l’âge de ses lectures. Très belle idée qui me plait beaucoup mais m’inquiète un peu, moi qui lis et relis Anaximandre (il aurait eu le mois prochain 2631 ans).
La bienséance protège de la guerre, toujours aux aguets. La paix, qui se veut et s’invente, suppose la bienveillance.
L’espérance de vie ne cesse d’augmenter en Europe, mais elle est très mal répartie chez l’individu. On aurait aimé voir la vie s’étendre de la naissance à la mort comme un élastique que l’on tend, en réalité, et malheureusement, on est enfant et jeune de moins en moins longtemps, on est vieux de plus en plus longtemps.
J’espère me tromper, mais il me semble que dans nos régions, plus on propose de la liberté, plus on réclame de la tutelle, des normes et des jugements de valeur.
Le monde est fait de verbes. L’entendement ajoute des substantifs et l’imagination, des adjectifs.
(Merci au petit vicieux qui a ajouté les participes passés.)
Des modèles ? Bien sûr qu’il en faut, le plus possible et tous différents.
Est-ce ma faute à moi si vertu rime avec cul, si balcon et flocon riment avec con, si Aphrodite, Judith et pépite riment avec bite ?
Petit conseil.
D’abord, tu ouvres tout, portes, fenêtres, et tu laisses circuler librement. Ça entre, ça sort, ça ne s’installe jamais pour très longtemps. Toi, tu observes, discrètement, tu ne refoules pas, tu ne retiens pas, tu te tiens là, établi dans le mouvement. Puis, tu la repères, parce qu’elle est différente, elle est encore négligée, voire indigente, mais tu sens qu’elle a du potentiel. Alors, il ne faut pas traîner, tu vires tout le monde sauf elle, tu fermes tout, tu oublies tout et tu sors ton carnet.
Ton idée pourra ainsi gagner en consistance et en clarté. Tu pourras même essayer de l’exprimer.
Vous allez dire que je caricature, pourtant c’est ce que je vois, des politiques qui jacassent très sûrs d'eux et des artistes qui œuvrent pleins de doute. (On me rapporte aussi le cas de bloggeurs incertains et bavards.)
Alors, il ne faut pas en abuser et on ne doit pas y séjourner durablement, mais je conseille les zones de turbulences. C’est souvent là où des courants marins ou aériens se rencontrent. Des courants réguliers, rectilignes et prévisibles qui soudain s’affolent, déraisonnent, brisent les lignes de force, raturent les voies tracées, brouillent les champs magnétiques pour tout mettre en suspens. C’est la victoire provisoire du possible sur le nécessaire. Ça tabasse un peu, le temps se contracte, l’espace se fragmente et les GPS disjonctent. Ça turbule. Il faut choisir. On ne doit pas rester longtemps dans l’œil du possible. Alors, on est projeté dans une vie plus stable, une voie moins cahoteuse. Ça repose. Le temps s’apaise et l’espace reprend des couleurs.
Pourtant, il est bon, de temps en temps, de se retrouver au milieu de ces turbulences.
On fête les morts – allez, avouez ! – parce qu’enfin, ils nous fichent la paix.
La nuit est comme le silence, elle accueille tout, puissante et fascinante, mais l’on est sévère avec le jour qui doit se montrer et assumer.
D’abord, dans ton journal, tu écris des poèmes d’amour, puis tu te risques à quelques aphorismes de ton cru. Plus tard, tu notes tes récits de vacances ou des comparatifs de prix (canapés, SUV…). Enfin, ça se termine avec la liste des courses et, pour les plus assidus, les numéros de téléphone à appeler en cas d'urgence.
Un amour sans mots, c’est comme un océan sans littoral, comme une forêt sans cabanes, comme un hiver sans amis, comme une montagne sans chemins, comme une maison sans porte, comme un mot que personne n’écouterait.
– Bonjour, un conseil pour les jeunes qui voudraient tenir un blog d’écriture ?
– Disons qu’il faut savoir bien s’entourer et déléguer le plus possible.
– Ah, vous voulez dire avoir de bons collaborateurs qui écrivent pour vous.
– Non, je veux dire de bons personnages.
– Germaine Ledut (quelques instants après sa mort) : comment ça, mais il n’y a donc rien ?
– Dieu (depuis toujours absent) : désolé, mais c’est vous qui avez tout inventé.
La philosophie ne fait pas recette. Pas assez de sondages.
Incapables d’être seuls, ils s’inventent des communautés bruyantes ; incapables d’être ensemble, ils imaginent des îles désertes.
Les mêmes.
À tous ceux qui sortent de leur zone de confort. Merci pour la place, c’est courageux d’aller affronter cette affluence.
J’adore les épaules larges et carrées. Et ce n’est pas pour me faire remarquer l’été sur la plage. Non, c’est parce que j’aimerais pouvoir porter des sacs en bandoulières sans que l’épaulière tombe.
(Si c’est vrai !)
– Qu’est-ce que tu écoutes, Dieu ?
– Tiens, prends un écouteur, mon bon Pierre, c’est le dernier album des Daft Punk.
– Et alors ?
– Alors, je ne sais s’il y a des non-croyants chez nous, parce que quand même, la musique est bien la plus belle preuve de l’existence des hommes.