Aucune vérité ne tient dans un aphorisme. Sauf une.
Aucune vérité ne tient dans un aphorisme. Sauf une.
À l’époque du complotisme et des fake news, le grand perdant c’est moins la vérité que le doute. Les temps sont durs pour les sceptiques.
Comme le zèbre n’est pas un âne à rayures, le mensonge n’est pas une vérité exotique.
L’or a ses chercheurs, la vérité aussi. Les deux déçoivent d’abord quand on les trouve car ils sont bruts, impurs et ne brillent pas ; il faut les travailler, les mettre en forme et en valeur. Alors, on devient riche, puissant et séduisant.
Une vérité absolue, comme le suggère l’étymologie, est une vérité sans attaches ; une vérité sans attaches, comme le suggère mon moniteur de voile, part à la dérive.
Pour croire en une vérité sans pays et sans âge, il faut n’avoir pas voyagé, n’avoir pas vieilli.
Nos mensonges sont le plus souvent mal interprétés sans que cela suffise à rétablir la vérité.
Les vérités, comme les fiancés ou les soufflés, doivent être ponctuelles.
La vérité n’est pas une étoile qui brille au loin et dont on se rapprocherait, c’est une étincelle qui nait de la friction d’idées ou de mots, comme quand l’on frotte des silex. Ça peut aveugler et faire mal aux pouces, mais ça chauffe le cœur toujours et fait briller les yeux.
L’inventeur de la vérité est un gros malin, il a déposé le brevet.
Quant aux vérités, celles qui sont longuement et dûment déduites naissent fatiguées et déjà ridées ; d’autres, plus rares, surgissent sans prévenir, avec l'insolence et la beauté d'un soleil d'hiver.
Les vieux attendent la vérité, les jeunes, la liberté. Les autres, le métro pour aller travailler.
Erreur à venir, point de vue musclé, aberration partagée, dogme abrutissant, imposture fourbe, illusion efficace sont les autres noms de la vérité.
− La vérité, on sait plus vraiment où elle est.
− C’est pas faux !
− On y comprend plus rien.
− C’est clair !
− Tout se mélange, on est plus certain de rien.
− Ben ça c’est sûr !
Avec l’âge la vue baisse, le monde apparaît alors plus clairement flou.
La vérité est un jeu pour ados.
Il y en a qui disent – et pourquoi ne pas les croire ? – que ce qu’ils disent n’est pas vrai. C’est vrai après tout, pourquoi ne pas les croire. À dire vrai, je crois que s’ils mentaient, ils ne le diraient pas. Je ne vois vraiment aucune raison de ne pas les croire.
Ce qui est vrai n’a pas toujours de sens, et inversement.
Il est vrai par exemple que, mis bout à bout les six mètres d’intestin (en moyenne) des sept milliards d’humains (j’arrondis) permettraient de couvrir 3,57 fois la distance de la Terre au soleil. C’est vrai mais cela n’a aucun sens, vous en conviendrez. En revanche, dire que Charles de Gaulle, chaque troisième dimanche des mois en “re”, mettait beaucoup trop de clous de girofle et pas assez de piments dans son rougail saucisse, cela a du sens mais c’est faux.
Notez que les deux exemples n’ont rien à voir.
Il est des vérités digestives, vérités de prêtres ou de comptables, qui se dégustent assis et repus. D’autres sont apéritives, plus jeunes et frugales, elles portent l’appel des départs.
Un jour peut-être, on démontrera que le faux est plus vrai, en un sens, que le vrai.
Faudra-t-il alors continuer à mentir et enseigner encore la vérité du vrai ?
Le réel n'est pas le masque du vrai, il en est le visage, ridé et expressif, souriant ou pluvieux.
Les chiffres, ça ne comptent pas.
La vérité est dans les mots, entre le verbe et l'attribut, au creux d'une parenthèse, au détour d'une virgule, elle est substantive ou circonstancielle, adverbiale ou conjonctive.
La vérité ne s'additionne ni se soustrait.
Nos masques sont aussi nos visages.
Les retirer - par impossible - nous priverait d'une vérité.
L’ironie pour préserver des effets secondaires de la vérité : l’illusion, l’adhésion, la prétention.
La recherche obsessionnelle de vérité nous a fait oublier la quête de sens.