L’ordre nuit-il à la liberté ?
Vous avez 4 heures. L’usage du dictionnaire est interdit, mais vous pouvez téléphoner à un cohabitant.
L’ordre nuit-il à la liberté ?
Vous avez 4 heures. L’usage du dictionnaire est interdit, mais vous pouvez téléphoner à un cohabitant.
Franchement, ils sont comiques, tous, de gauche à droite, et on aurait tort de ne pas rigoler parce que dans trois semaines, on va pleurer.
Comme les lacets, elles se font et se défont, les lois ; comme les lacets, elles ne doivent être ni trop lâches ni trop serrées ; comme les lacets, elles témoignent d’une ingéniosité sadomasochiste ; comme les lacets, quand elles sont mal nouées, on a vilaine allure. Au fond, on les aime les lois, on les réclame et les acclame.
(Alors sans lacets, vous avez les tongs, les santiags, les sabots d’Hélène, les mocassins à glands, les espadrilles, les chaussures à velcro pour enfants dyspraxiques et les magnifiques sandales Méduse, mais je n’ai pas réussi à faire rentrer tout ça dans ma métaphore juridico-politique déjà mal ficelée.)
En lisant le journal ce matin j’apprends que la fourmi panda femelle – surnommée “la tueuse de vaches” – est en fait une dangereuse guêpe sans ailes.
J’ai honte, mais la seule lecture de ce titre me réjouit infiniment plus que celle des pages ‘idées’ de tous les grands quotidiens réunis.
– Ça me brûle les lèvres. On en parle.
– Bof.
– C’est quand même un moment historique. Je n’ai pas souvenir d’une telle victoire.
– En effet.
– Et les prochaines échéances arrivent au galop.
– Trois semaines.
– Non deux mois.
– Hein ? Tu penses à quoi ?
– Enfin, je pense aux JO. Je parle du doublé français au 3000 m steeple, hier à Rome.
– C’est vrai tu as raison, c’est historique.
Tout ce qui est bon pour moi n’est pas mauvais pour toi.
Allez les filles, venez me bousculer, mais doucement quand même, crâna Cochonnet, fier de son irrésistible pouvoir d’attraction. La taille ne compte vraiment pas, il suffit d’être rare, continua-t-il in petto, ignorant qu’il ne comptait pour rien, qu’il n’était que le révélateur glabre de rivalités sans pitié, le jouet ridicule de jalousies sauvages.
Pauvre Cochonnet, petit prince sans attribut, cœur solitaire d’un monde sans cœur.
La mémoire est comme un cimetière abandonné, disait à peu près… qui disait ça déjà ?
… Ceux et celles qui se frottent les mains, suite à l’érection d’Homo, ce sont les manucures. Les membres, non plus seulement antérieurs mais supérieurs, sont en effet devenus précieux et requièrent aujourd’hui des soins délicats et couteux.
Il est certain que les “ongleries” (ou nail bars) qui connaissent depuis peu un boom spectaculaire étaient des commerces moins lucratifs chez nos parents quadrupèdes.
… Les selleries Hermès ont eu moins de chance que Levi’s et Diesel. Homo se redressant, les bâts de portage devinrent un marché de niche peu rentable.
Cela dit, il en fallait plus pour désarçonner Hermès, dieu grec des voyageurs et des voleurs, qui vend depuis de jolis petits sacs de voyage et mon parfum préféré.
Quelle chance inespérée ont eu Levi’s et Diesel. Imaginez un peu qu’Homo ne se soit pas redressé, c’était tout leur stock de pantalons qui partait au rebut.
Il ne leur manque que la parole.
(Les choses)
Et allez, encore un bel exemple d’instrumentalisation. Cette assiette pleine de soupe n’a rien à faire sur la table, sa place, c’est accrochée au mur.
Je ne veux blesser personne et peut-être devrais-je dire cela autrement, parce que je l’aime bien avec ses plages de galets, ses artistes, ses marathoniens, ses coquelicots, ses langues rauques ou musicales et ses aubes fraiches, mais voilà, parfois, je préférerais être malentendant. Oui, je l’aime vraiment ce monde, mais il est trop bruyant.
Penser, c’est résister. En effet, parce qu’on ne fait pas des pompes dans le vide, mais résister, ce n’est pas toujours penser.
L’autre, il peut m’agacer et je le sermonne parfois, il m’arrive même de l’insulter, mais finalement, je le trouve assez admirable et je l’aime bien, cet autre moi en moi.
Grrr, un rêve, maugrée Hervé au réveil, cette Ève est une merveille, mais elle n’est guère réelle, ni de grès ni de glaise, elle est d’éther et de vent. Dans la nuit inventée et déjà envolée. Reine d’un rêve, brève, évanescente et ravissante.
L’un est paresseux, égoïste et opportuniste, l’autre est volontaire, travailleuse et solidaire et pourtant, c’est le chat, non la fourmi, qui dort dans le lit de ses maîtres, se fait acheter du pâté au saumon et changer sa litière et c’est la fourmi, non le chat, qui se fait écraser négligemment de l’index quand elle n’est pas exterminée par une giclette de perméthrine.
(Rien sur la cigale, pour ce qui me concerne.)
Apprends à perdre aussi.
– Non, vraiment, pas la moindre aiguille.
– Bon alors laissez tomber la mercerie Micheline et allez chercher dans une botte de foin.
Tu as beau placer ton bureau devant la fenêtre, tu es un étranger ami écrivain, et tu parles du monde parce que tu l’as quitté.
Ce festival de Cannes, quel cinéma !
Si j’étais commandant d’un sous-marin nucléaire ou grutier sur un chantier à Dubaï ou compagnon de cellule de Francis Heaulme ou Chef pâtissier au Cour des Vosges ou petite-fille de Salvatore Maranzano ou aide de camp du général Popov, alors oui, j’aurais quelques bonnes raisons de parler fort et fièrement, en public, sur mon téléphone portable. Mais toi, petit monsieur à la chemise verte, qui ne sais pas faire les courses seul, pourrais-tu nous épargner ta conversation téléphonique avec Madame à propos du riz qu’il convient d’acheter pour faire le risotto de ce soir.
Depuis quelque temps, je ne reçois plus de spams sur l’extension du pénis mais sur des placements immobiliers rentables. Décidément, les cybercriminels me déçoivent, ils sont très mal renseignés. En ce moment, je me passionne pour la pâtisserie moyen-orientale et peu me chaut les histoires de petites bites et de grosses pierres.
Dans ma besace, j’ai cinq mots salaces, un morceau d’audace, la préface du Gai savoir, la classe !, des limaces peu sagaces, deux bibasses qui donnent la chiasse, hélas !, une contrebasse dans sa housse (mais ça dépasse), des chansons madécasses, une grimace pour les riches, des maracas pour la rime, un bout de Jeanne Mas, des salsas qui agacent, des salades qui me lassent, trois chemins qui s’enlacent, un matin peu loquace et un ananas Victoria qui cherche sa place dans cette besace en peau de godasse.
Et c’est bien assez pour passer sans rien casser.