Tout est affaire d’échelle – échelle de temps, échelle d’espace – et nous ne pouvons comprendre que ce qui se donne dans un temps et un espace humains.
(Kant dit à peu près ça, mais de manière beaucoup plus intelligente et sur cinq cents pages.)
Tout est affaire d’échelle – échelle de temps, échelle d’espace – et nous ne pouvons comprendre que ce qui se donne dans un temps et un espace humains.
(Kant dit à peu près ça, mais de manière beaucoup plus intelligente et sur cinq cents pages.)
Il y a deux ans, les plateaux de télévision étaient envahis par des épidémiologistes et autres virologues ; aujourd’hui, à leur place, on nous sort des généraux à la retraite. Je note qu’on ne voyait pas alors de médecins retraités et qu’on ne voit pas aujourd’hui de généraux en activité.
Qu’en déduire ? Que les médecins ont plus de temps libre que les militaires ou qu’ils sont cabotins plus jeunes ?
La vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Oui je sais, ça a déjà été dit. Justement, ça m’agace de ne pas l’avoir trouvé le premier.
Enfin, il ne faut pas exagérer non plus, ce n’est pas du Nietzsche, c’est même un peu bateau.
À la question « La Terre est-elle sphérique ? », 30% des personnes interrogées répondent « Non ».
À la question « Que signifie sphérique ? », 60% des personnes interrogées répondent « Je ne sais pas ».
À la question « Les sondages sont-ils sphériques ? », la Terre ne répond plus.
Il travaille parce que vivre ne lui suffit pas, il rêve parce que travailler ne lui suffit pas, il consomme parce que rêver ne lui suffit pas, il fait la guerre parce que consommer ne lui suffit pas, il fait l’amour parce que la guerre ne lui suffit pas, il construit parce que l’amour ne lui suffit pas, il détruit parce que construire ne lui suffit pas, il prie parce que détruire ne lui suffit pas, il chasse parce que prier ne lui suffit pas…
Non mais il ne serait pas un peu casse-c..., l’être humain, pensa Scolopax la Bécasse qui venait de se prendre une décharge de grenaille de plomb.
L’ego se dilue dans la fatigue et se renforce dans la douleur.
Enfin, il me semble. Essayez et dites-moi.
Il y a quelque chose de suspect dans cette histoire, je veux dire que les mots désigneraient des choses. Par exemple, je dis : le vélo est sur la route. Je demande : où donc se fait la rencontre entre le mot-vélo et la chose-vélo ? Essayez, aucun vélo jamais, même le plus petit du monde, ne rentrera dans une phrase et tout de suite il se fera repérer comme n’étant pas à sa place. D’un autre côté, allez garer votre mot vélo (ou bicyclette ou draisienne) sur la route… ça semblera vraiment bizarre et ça ne vous mènera pas très loin.
Alors ? Donc je redemande : où le mot et la chose se rencontrent-ils ?
Ne compare pas ton œuvre à son projet, mais à d’autres œuvres.
Certains savent beaucoup, d’autres très peu ; tous ignorent infiniment.
Je reviens sur les librairies.
Si l’on rangeait à l’ombre des escaliers les œuvres de Platon, Spinoza et Kant, c’est sans doute qu’elles portaient en elles suffisamment de lumière. Que penser alors des ouvrages installés sous les spots, en tête de gondole ?
À l’occasion de l’Épiphanie, j’ai généreusement annoncé un cessez-le-feu unilatéral aux moustiques qui m’agressent sans répit. Évidemment, ils n’en ont pas tenu compte. J’ai donc décidé unilatéralement de cesser mon cessez-le-feu.
Je serais pour une réhabilitation du besoin et de sa satisfaction que l’on pense toujours à l’aune du désir pour nous prémunir de la bête qui somnole en nous. Boire quand on a soif, déféquer quand il le faut, s’accoupler, crier, marcher, dormir quand on le veut, respirer, seulement respirer…
C’est la vie des corps. Et justement, c’est plus qu’on ne pense un corps ; c'est plus qu'on ne croit la vie.
… et on pourrait aussi le rebaptiser Poutin.
Vous l’aviez remarqué comme moi, dans les librairies, les rayons réservés aux ouvrages de philosophie se trouvaient traditionnellement au fond à droite, dans un petit coin sous l’escalier. Eh bien depuis quelque temps, cette section – rebaptisée d’ailleurs « philosophie/sagesse/bien-être » – occupe souvent un large pan bien éclairé à gauche en entrant.
Je n’ai pas vérifié de près, mais je pense qu’il y a lieu de se réjouir pour Aristote, Leibniz et Schelling qui se voient accorder enfin la lumière qu’ils méritent.
La bicyclette aussi est une invention géniale et, ne nous y trompons pas, si elle devient vite inconfortable, c’est à l’inventeur du corps qu’il faut s’en prendre, lui qui a négligé nos fessiers toujours très mal adaptés aux selles.
Il est de grandes inventions qui témoignent du génie humain. Les exemples sont nombreux, j’évoquerai pour ma part la roue, la pince à linge (et dans une moindre mesure la barrette à cheveux), la crapette, le cœur-avec-les-doigts (doigts des mains, LOL), la cuiller à pamplemousse pour gaucher, le conatus spinoziste, le Royal au chocolat, le haïku, le coquelicot sauvage (ce n’est pas une invention humaine me direz-vous, c’est vrai, mais qu’est-ce que c’est réussi !), la tapette à souris (monstrueux, mais génialement monstrueux), la voûte à claveaux, l’accord du participe passé (pervers, mais génialement pervers), le trombone à coulisse, le chiffre zéro et quelques autres inventions.
J’ajouterai à la liste les parenthèses (“petites lunes”, disait joliment Érasme) qui trouent un texte (ça fuit, le sens) et l’animent, qui multiplient les voix, les plans, les incidences, qui ouvrent un axe perpendiculaire à celui du récit (rupture sans fracture).
Simplement génial !
[… au fait, les pitayas sont arrivés sur les étals.]
Silence bleu de l’aube
Paix souveraine du café
Vroum vroum la tondeuse
Le commencement nous échappe toujours.
Lui (gourmand mais nostalgique, tout excité pourtant) : Dis donc, en attendant minuit, on pourrait se faire une soirée diapo.
Elle (naïve mais déconcertée, voire franchement agitée) : Hein ? Diapo ? C’est quoi ce truc ?
Autre hypothèse (plus complexe à appréhender) : quoique nous déclinions résolument, c’était encore pire avant.
Moi aussi, je peux ne pas être d’accord et j’imagine le carnage si j’avais dans mon réfrigérateur un petit stock de Novitchok prêt à l’emploi.
Ça va, j’ai dit « j’imagine… ».
Nous ne sommes faits que d’imitations et de citations – approximatives, le plus souvent.
Les experts m’exaspèrent.
Je l’ai déjà dit récemment ? Eh bien ça veut dire qu’ils m’exaspèrent encore et beaucoup.
Régler un conflit, dit-on justement. Je résiste contre cette idée froide et rigide qui pourtant s’impose : la paix n’a que faire de la rondeur des émotions et du galbe des sentiments, il lui faut d’abord un cadre juridique, des règles de droit, un plan aux traits nets et aux mots précis.
Le boudin blanc passe bien avec un Costières de Nîmes. On dit aussi qu’il serait plus petit que celui d’un Noir. Alors là, je demande à voir… enfin, c’est une formule.
… et bonne dégustation !