Le premier pas est difficile, chantait Claude-Michel Schönberg, le deuxième est machinal et le troisième, ennuyeux.
Heureusement, finit toujours par venir la perte d’équilibre et marcher redevient, comme au premier jour, difficile.
Le premier pas est difficile, chantait Claude-Michel Schönberg, le deuxième est machinal et le troisième, ennuyeux.
Heureusement, finit toujours par venir la perte d’équilibre et marcher redevient, comme au premier jour, difficile.
La pyramide des âges dit bien les choses, qu’au début la pente est raide, que la vue sur le derrière des premiers est affligeante et décourage, qu’à peine le sommet atteint, il faut redescendre sans avoir eu le temps de profiter de la position, que sur la fin il n’y a plus aucune vue sur rien, que ça glisse et en plus que ça pousse derrière.
Il arrive, comme dans un jeu télévisé, que certains retombent au départ avant d’avoir atteint le sommet, c’est drôle ! Il arrive aussi que certains essaient éperdument de remonter la pente juste avant la sortie, là, c’est pathétique – d’ailleurs personne n’a encore réussi.
Le plus étonnant (ou le plus affligeant, faudrait-il dire) quand on vieillit, alors que l’on change assez peu soi-même, c’est de constater les ravages du temps chez nos amis qui vieillissent tous tellement plus vite.
Serait-il possible que chacun pense la même chose ?
D’abord, d’abord, on se souvient, ensuite, on fait un nœud à son mouchoir, on griffonne un horaire ou une adresse, puis vient un jour où l’on note sur son agenda : « penser à regarder le post-it sur le réfrigérateur ». Plus tard encore – mais il est bien tard alors – on balise sa maison pour retrouver la cuisine.
Le temps est bien taquin !
Avec l’âge viendraient la patience et le contentement.
J’attends de voir ça avec impatience mais je ne suis pas sûr que cela suffira.
D’abord, c’est le monde que l’on rêve de maîtriser, puis on se résout à ne régner que sur les plus faibles, ensuite on se contente de se dominer un peu soi-même, finalement, on se concentre sur un ultime combat, se faire obéir par son sphincter.
L’âge est une belle école du pragmatisme et de la modestie ; il enseigne aussi l’anatomie.
− Dis donc, un an à peine et je suis déjà passée, pleurnicha 2012.
− À qui le dis-tu, c’est déprimant, poursuivit 2011.
− Soyez patientes, au bout de la vieillesse, il y a la sagesse, déclara 2010.
− Trop connes ! pensa 1929
− Bonjour, vous avez quel âge ?
− Non mais ça va pas. Foutez-moi la paix !
− Excusez-moi, mademoiselle, t’énerve pas, c’est pour mon enquête.
− Ben justement, dégagez. Vous êtes sociologue ?
− Non, je crois pas. Juste que je voulais savoir.
− Bon alors ça va, j’ai 31 ans.
− Ah ! j’aurais pas dit ; vous faites plus âgée. Mais c’est pas grave, tu sais.
– C’est ça. Ben toi, c’est incroyable comme tu fais plus malin. Mais c’est pas grave non plus. Quoique, à ce niveau, si, ça commence à l’être…
Le paradoxe de notre époque tient en ce que l’on est vieux de plus en plus tard mais obsolète de plus en plus tôt.
Les années pèsent mais l’oubli allège.
D’abord il imagine et désire mais ne doit ; ensuite il compte et jalouse mais ne rêve ; enfin il regrette mais ne peut et renonce.
Bel âge que celui de la presbytie qui impose de prendre du recul pour y voir un peu plus clair.
Ne vous dérangez pas, je ne fais que passer, avait prévenu la jeunesse.
J’arrive au crépuscule de ma vie. J’espère qu’on passe bientôt en heure d’été.
Nouvelle chasse aux sorcières d’aujourd’hui : les vieilles.
Laides et improductives, elles sont, et mauvaises consommatrices.
Une insulte à la vie, les vieilles, une pollution visuelle, un manque de civisme, un frein au progrès, une menace de mort.
Tellement nombreuses et si vieilles, les vieilles, si vieilles.
Au début, ça fait mal et on crie, ensuite ça passe et on n'y pense plus, enfin ça s'en va et on s'attache.
La vie est une belle école des émotions.
Il ne fait vraiment pas son âge, le futur.
Qu'avons-nous laissé dans l'enfance qui nous ait fait oublier le rire aussi ?
C’est bien regrettable que l’on ne soit pas d’abord des vieux puis ensuite seulement des jeunes.
Ceux-là, pressés de manger autre chose que de la soupe, ne s’incrusteraient pas, fidèlement vissés à l’habitude des jours inertes ; ceux-ci, goûtant les nuances délicates de la lente
évanescence des choses, pousseraient moins dans les rangs.
Les premiers partiraient plus vite, les seconds rouleraient moins vite.
1. L’âge ingrat de l’insouciance.
2. L’âge aigri des renoncements.
3. L’âge hagard de l’incontinence.