On me dit qu’un carré de bon chocolat est conseillé dans les moments de chute de moral. Je n’y crois pas un seul instant. Je vais même le prouver.
On me dit qu’un carré de bon chocolat est conseillé dans les moments de chute de moral. Je n’y crois pas un seul instant. Je vais même le prouver.
– On en parle ?
– De quoi ? Du bleu Majorelle, plus nomade que le bleu Klein ? Du risotto à la betterave moucheté aux algues bretonnes ? De la vie de Laure (celle de Pétrarque, pas ma voisine) si elle avait cédé ? Des tournées de Zátopek sur son camion-poubelle dans les rues de Prague ?
– Non, mais tu vois ce que je veux dire ?
– Si tu veux, on peut parler de tous les livres que Merleau-Ponty aurait écrits s’il n’était pas mort vingt ans avant Sartre ? Du chant des galets sur la plage du Barachois quand l’aube rentre ? De l’impudeur du paon qui fait la roue en criant “léon !”, dans les parcs de La Rochelle, pour séduire les femelles, impressionner les mâles et faire rigoler les enfants ? De Farida au bureau 16 qui vote pour la première fois espérant avoir une vie différente de celle de sa mère ?
– Et des él…
– Non.
Les tatamis d’État, Tatie, sont animés l’été, mais les minets à Miami, Mamie, sont anémiés à l’année.
(Quant aux carottes, Tatie, Mamie, elles sont cuites.)
Les choses sont muettes, obstinées et tellement indifférentes. Les mots quant à eux, sonnent et consonnent, comme un vent solidaire, comme un chant symphonique, comme un hymne, une épopée, un long poème patient et généreux. Oui, mais c’est un vent sans poignée, un chant sans manche et sans pédales, un poème sans touches, sans robinet, sans serrure, sans tiroir. Les mots ne servent à rien.
« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve », écrivait Hölderlin.
Ouais ben, j’espère qu’il avait une bonne info !
Par un mécanisme psycho-digital contre-intuitif, sur les réseaux sociaux, le partage décuple haine et bêtise.
Donner le meilleur de soi… et se garder le pire !
La vie est trop triste, ne perdez pas votre temps à lire la Critique de la raison pure, allez directement à la Critique de la faculté de juger.
Il en a vu passer des stylos et des crayons dans son pot, mon coupe-papier, le même depuis plusieurs décennies. Toujours aussi ferme et tellement élégant avec son manche en cuir. Malheureusement, s’il ne vieillit plus, c’est parce qu’il ne sert plus. Même ma banque est passée à la correspondance électronique.
Ouf ! Quelle chance j’ai eue.
S’il est vrai que le Big Bang a eu lieu il y a plus de dix milliards d’années, il était tellement improbable que je naisse là, au milieu du XXe siècle, en cette époque bénie, un peu après l’invention de la machine à laver le linge, mais bien avant celle du téléphone portable.
Avant, non, ce n’était vraiment pas mieux ; après, on va attendre un peu pour juger, mais je suis inquiet.
– Tu es exilé sur une île déserte et sans librairie. Tu ne peux emporter qu’un livre. Choisis-tu le Guide des égarés de Jean d’Ormesson ou le Manuel de survie sur une île déserte de Denis Tribaudeau ?
– Je choisis mon agenda.
Être soi-même, scandent-ils comme un cri de ralliement et, dans le même geste, ils se dupliquent à l’infini.
Il me maltraite et m’épuise. Chaque soir, parce que je ne suis pas rancunier et veux lui donner une nouvelle chance, je le retrouve avec bonheur et paix, mais rapidement, il me tourne le dos et se refuse à moi. Alors, presque chaque nuit, le même combat reprend. Je demande et j’implore, je prie et supplie, et je m’énerve, et je m’acharne et plus j’insiste, plus il m’ignore. Mais pourquoi ce refus ? Pourquoi moi ? Parce que, je le sais bien, il s’offre à d’autres, sans retenue, sans pudeur. Au petit matin, parfois, il cède, pour un moment court et froid, il cède pour que je tienne jusqu’au soir suivant et recommence les mêmes suppliques. Il me maltraite, le sommeil, et m’épuise et ce soir encore, je le sais, il se refusera et m’abandonnera, seul et impuissant.
On a parlé de société du spectacle. Pour le moment, c’est plus Guignol que l’Heure de vérité.
Ma perception est depuis longtemps structurée par l’horizontale de l’océan et la verticale de la montagne, inscrivant précisément mes représentations dans la croix d’un viseur. Cela aurait pu donner un serial sniper ou un géomètre bâtisseur, plus prosaïquement, cela a fait de moi un nageur paresseux et un randonneur désorienté.
– Ils sont laids, méchants et tellement arrogants, je ne me reconnais pas dans ce monde.
Et la baudroie abyssale replongea, déçue par ceux qu’elle avait pris pour des dieux.
L’ordre nuit-il à la liberté ?
Vous avez 4 heures. L’usage du dictionnaire est interdit, mais vous pouvez téléphoner à un cohabitant.
Franchement, ils sont comiques, tous, de gauche à droite, et on aurait tort de ne pas rigoler parce que dans trois semaines, on va pleurer.
Comme les lacets, elles se font et se défont, les lois ; comme les lacets, elles ne doivent être ni trop lâches ni trop serrées ; comme les lacets, elles témoignent d’une ingéniosité sadomasochiste ; comme les lacets, quand elles sont mal nouées, on a vilaine allure. Au fond, on les aime les lois, on les réclame et les acclame.
(Alors sans lacets, vous avez les tongs, les santiags, les sabots d’Hélène, les mocassins à glands, les espadrilles, les chaussures à velcro pour enfants dyspraxiques et les magnifiques sandales Méduse, mais je n’ai pas réussi à faire rentrer tout ça dans ma métaphore juridico-politique déjà mal ficelée.)
En lisant le journal ce matin j’apprends que la fourmi panda femelle – surnommée “la tueuse de vaches” – est en fait une dangereuse guêpe sans ailes.
J’ai honte, mais la seule lecture de ce titre me réjouit infiniment plus que celle des pages ‘idées’ de tous les grands quotidiens réunis.
– Ça me brûle les lèvres. On en parle.
– Bof.
– C’est quand même un moment historique. Je n’ai pas souvenir d’une telle victoire.
– En effet.
– Et les prochaines échéances arrivent au galop.
– Trois semaines.
– Non deux mois.
– Hein ? Tu penses à quoi ?
– Enfin, je pense aux JO. Je parle du doublé français au 3000 m steeple, hier à Rome.
– C’est vrai tu as raison, c’est historique.
Tout ce qui est bon pour moi n’est pas mauvais pour toi.
Allez les filles, venez me bousculer, mais doucement quand même, crâna Cochonnet, fier de son irrésistible pouvoir d’attraction. La taille ne compte vraiment pas, il suffit d’être rare, continua-t-il in petto, ignorant qu’il ne comptait pour rien, qu’il n’était que le révélateur glabre de rivalités sans pitié, le jouet ridicule de jalousies sauvages.
Pauvre Cochonnet, petit prince sans attribut, cœur solitaire d’un monde sans cœur.
La mémoire est comme un cimetière abandonné, disait à peu près… qui disait ça déjà ?
… Ceux et celles qui se frottent les mains, suite à l’érection d’Homo, ce sont les manucures. Les membres, non plus seulement antérieurs mais supérieurs, sont en effet devenus précieux et requièrent aujourd’hui des soins délicats et couteux.
Il est certain que les “ongleries” (ou nail bars) qui connaissent depuis peu un boom spectaculaire étaient des commerces moins lucratifs chez nos parents quadrupèdes.