10 octobre 2024
4
10
/10
/octobre
/2024
02:16
Sur Facebook, pour définir votre statut, vous avez le choix entre ‘en couple’, ‘célibataire’ ou ‘c’est compliqué’. Bravo les geeks, c’est bien vu. Un mot quand même : ce n’est pas parce que c’est compliqué qu’on ne peut pas expliquer, c’est compliqué parce que l’on ne veut pas comprendre. Par paresse, par lâcheté, par ennui, enfin, ce n’est pas simple…
AR.NO.SI
9 octobre 2024
3
09
/10
/octobre
/2024
02:12
– C’était quand même mieux avant, pensa le nouveau-né, les yeux collés, les poumons en feu et le visage maculé de sécrétions immondes.
La nostalgie commence bien avant l’arthrose.
AR.NO.SI
8 octobre 2024
2
08
/10
/octobre
/2024
02:45
J’imagine un nouveau chantier d’écriture.
Prendre les mots d’un dictionnaire (disons les substantifs pour simplifier un peu) dans l’ordre alphabétique, mais en commençant au hasard (c’est comme ça que faisait madame Lambert en cinquième pour les interrogations surprises – c’était terrifiant !). Par exemple : tourlourou, tourmaline, tourment, tourmentin, tournante, tournassin (ce serait bien de rappeler les mots un peu oubliés…), tourneboulage, tournevis (… mais sans oublier les mots très ordinaires), tourniquet… Ensuite, écrire un petit mot gentil à chacun d’eux.
Allez, je me lance.
Cher mot tourniquet : j’adore tes sonorités doucement coquines, on dit de ton cousin le foutriquet qu’il est insignifiant (ça, j’en doute, mais on verra quand on en sera à la lettre f) ; toi, tu es très signifiant, tu signifies l’enfance, le vertige, les chutes, les rires et les genoux blessés, tu fais tourner les mots et les souvenirs comme une ritournelle joviale et fragile. Tu es l’infini du rond toujours rompu et toujours continué, tu es l’axe parfait et les forces de fuites. Merci, tourniquet, de tourner encore.
AR.NO.SI
7 octobre 2024
1
07
/10
/octobre
/2024
02:38
Et quand tu négocies un virage, le cas échéant celui de ta vie, avec qui négocies-tu ?
AR.NO.SI
6 octobre 2024
7
06
/10
/octobre
/2024
02:15
Grâce à la volcanologie, on en sait plus sur l’histoire des volcans. Cela commence comme une effraction, fière et bruyante, ça s’érige et crache à tout va, sans économie ni scrupules, ensuite, ça se modère et se régule, les éruptions sont moins fréquentes et moins durables, puis ça se tasse, ça s’avachit, quasi inactif, rien ne jaillit plus, ça coule un peu encore, ça suinte. Enfin, ça se tait et se tarit, ça s’affaisse, ça s’effondre et disparaît.
Tiens, c’est curieux, ça me rappelle quelqu’un.
AR.NO.SI
5 octobre 2024
6
05
/10
/octobre
/2024
02:47
Allez, je vais me faire des ennemis, mais il me faut parler. Certes, je connais la règle, un magicien ne doit jamais révéler ses secrets, mais d’abord je ne suis pas magicien, ensuite je n’aime pas les règles.
Tout le monde le sait, pour lancer le marteau à plus de soixante mètres, il faut se lever tôt et faire des pompes, beaucoup ; pour arriver à jouer le concerto n°1 de Rachmaninov, il faut se lever tôt et faire des gammes, encore et encore ; pour faire disparaître un foulard ou apparaître une colombe, il faut se lever tôt et répéter l’exercice, souvent.
Eh bien qu’on se le dise, pour écrire quelque chose qui ressemble à du Ponge, du Gary ou du Beckett, c’est pareil, il faut se lever tôt et raturer beaucoup et souvent.
Désolé, cette révélation risque de désacraliser la littérature et la désenchanter. Je crois que l’écrivain est d’abord un artisan (génial le cas échéant, ce qui en fait un artiste) et que la magie de l’œuvre suppose moins la crédulité que la connivence.
Ah, une dernière révélation. Malheureusement, il ne suffit pas de se lever tôt pour lancer le marteau à soixante mètres. C’est nécessaire mais non suffisant, comme disait madame Lambert en troisième, salle B12.
4 octobre 2024
5
04
/10
/octobre
/2024
02:31
L’ailleurs est inhabitable. Non qu’il soit trop chauffé ou mal desservi. Il est inhabitable parce qu’il est toujours ailleurs.
AR.NO.SI
3 octobre 2024
4
03
/10
/octobre
/2024
02:40
Dans certaines revues, on trouve des informations sur les femmes des grands footballeurs. C’est intéressant, j’aime bien. En revanche je suis très déçu de ne jamais rien lire sur les épouses des grands philosophes. Je me demande, par exemple, comment était la femme d’Anaxagore de Clazomènes. Un top model, qui sait ?
AR.NO.SI
2 octobre 2024
3
02
/10
/octobre
/2024
10:26
Tout lasse et passe sauf la lassitude, hélas, qui harasse et dérasse. Résistent seuls les rêveurs et les danseurs, les faiseurs de mots et les amants du matin.
AR.NO.SI
1 octobre 2024
2
01
/10
/octobre
/2024
02:15
Je ne sais s’il est joyeux, mais il chante aussi sous la pluie, l’oiseau.
AR.NO.SI
30 septembre 2024
1
30
/09
/septembre
/2024
02:28
C’est difficile. Un peu comme les tomates sur le marché, certaines idées philosophiques (prenons l’exemple de la banalité du mal d’Hannah Arendt) sont manipulées du matin au soir et finissent sales, abîmées et inconsommables. D’autres, revêches et pures (par exemple la réduction transcendantale selon Husserl), restent dans la cagette sous l’étal et terminent la journée comme elles l’ont commencée, ignorées et stériles.
Alors ?
AR.NO.SI
29 septembre 2024
7
29
/09
/septembre
/2024
02:27
– On me reproche gentiment de parfois manquer d’empathie. C’est vrai, et je me méfie du pathos ; je me méfie surtout du pathétique, des pathogènes, du pâteux, du pâtir, du patron, du paternel, du patriarche, des patriotes, des pâtissons, des patenôtres, des patelles, des patentes. Beaucoup moins des pâtisseries de Patricia.
Et puis, je préfère les invites aux leçons, les rondes aux larmes, les verbes aux noms, les pirouettes aux prières, les sociétés aux communautés.
– D’accord, mais ça n’a rien à voir.
– Ah ?
AR.NO SI
28 septembre 2024
6
28
/09
/septembre
/2024
02:43
On me reproche gentiment de parfois manquer d’inspiration. Certes, et cela ne m’empêche pas d’écrire. L’inspiration est selon moi une imposture et un handicap. Ou plutôt, elle est mal située. On la range au début de la ligne ou en amont de la première page, à tort. L’inspiration ne pousse pas, elle appelle et, parfois, au bout de la ligne, on la rencontre.
AR.NO SI
27 septembre 2024
5
27
/09
/septembre
/2024
02:02
On me reproche gentiment de parfois me répéter. En effet, et je n’évite pas la répétition. Je la trouve belle et saine. À l’inverse, je trouverais suspect un musicien, un cuisinier, un philosophe ou un lanceur de marteau qui, chaque fois, innoverait.
Répéter - comme un cœur qui bat, comme une marée qui revient, comme un refrain enivrant.
AR.NO SI
26 septembre 2024
4
26
/09
/septembre
/2024
02:36
L’expression “carte du Tendre” ne dit pas tout, le désir n’est pas seulement géomètre, il est aussi architecte ; il configure des mondes. Et les défigure aussi parfois.
AR.NO SI
25 septembre 2024
3
25
/09
/septembre
/2024
02:35
En sixième, j’avais un copain qui s’appelait Jean-Paul Rallu. Le pauvre. Si j’avais été lui, j’aurais préféré m’appeler Anaxagore de Clazomènes par exemple, c’est quand même plus chic. Anaxagore était copain avec Périclès. C’est bien comme nom aussi, Périclès. Peut-être un peu difficile à porter en sixième, mais une fois adulte, quelle classe ! Et puis c’est quand même mieux que Rallu. (Le pauvre !)
24 septembre 2024
2
24
/09
/septembre
/2024
02:24
Il regarda autour de lui. Homme creusa un trou. Il y poussa Arbre et Rivière. Il sauta à son tour.
Dehors, Vent vint à passer. “Tiens, ça a changé ici, souffla-t-il, il manque quelque chose, mais je ne saurais dire quoi”. Pluie vint à tomber, une fois, deux fois. Elle ne dit rien. Soleil vint à briller, ne brilla pas, brilla. Terre tournait.
AR.NO SI
23 septembre 2024
1
23
/09
/septembre
/2024
02:43
Le peintre, le dialecticien et le cuisinier le savent bien, mélanger est un art difficile. On glisse si rapidement du bariolage joyeux au bouillon fadasse. Le bon mélange se souvient et invente pourtant, il emmêle et détache aussi. Quant à la bonne synthèse – terriblement facile à rater –, elle est bourgeon plus que bouquet, elle est carnaval et promesse, elle a le goût des incipit et la couleur des matins.
AR.NO SI
22 septembre 2024
7
22
/09
/septembre
/2024
02:38
Sous la plage, les galets. Si joyeux et tous différents.
AR.NO SI
21 septembre 2024
6
21
/09
/septembre
/2024
02:51
Le premier pas est difficile, chantait Claude-Michel Schönberg, le deuxième est machinal et le troisième, ennuyeux.
Heureusement, finit toujours par venir la perte d’équilibre et marcher redevient, comme au premier jour, difficile.
20 septembre 2024
5
20
/09
/septembre
/2024
09:29
Même quand tu plies, tu déplies aussi, expliquait Jean-Claude Lumière, l'exégète implicite de Deleuze (laissant irrésolue la question de savoir si l’on plie aussi en dépliant).
AR.NO SI
-
dans
Philosophie
19 septembre 2024
4
19
/09
/septembre
/2024
02:34
La philosophie s’occupe du lecteur et l’occupe avec ses notes de bas de page.
La poésie veille sur le lecteur et l’éveille avec ses signes entre les lignes.
18 septembre 2024
3
18
/09
/septembre
/2024
02:59
Cette époque est faite pour moi. Figurez-vous que grâce au GPS de votre téléphone, vous ne pouvez plus vous perdre. Alors bien sûr, j’entends déjà les technophobes acariâtres : oui mais si on perd son téléphone. Eh bien pas de problème, si vous avez synchronisé votre montre connectée, elle vous indiquera précisément où se trouve votre téléphone. Oui mais si… Non, sauf à être vraiment très négligent, on ne perd jamais son poignet.
AR.NO SI
17 septembre 2024
2
17
/09
/septembre
/2024
02:19
Certains se laissent enfermer la nuit dans les musées, espérant surprendre la vie secrète des œuvres. J’aimerais beaucoup moi aussi me laisser enfermer dans un livre que l’on referme et écouter ce que les mots de gauche disent aux mots de droite quand ils se rejoignent.
AR.NO SI
16 septembre 2024
1
16
/09
/septembre
/2024
02:31
En plus, j’en suis sûr, elle plonge directement au fond du vase, la goutte qui le fait déborder.
AR.NO SI