Greta Thunberg a 16 ans ; elle se soucie de l’avenir.
Et nous, on commémore, on se souvient, on vénère le passé et ses momies moisies et quand nous sommes fatigués de ces hommages aux vieux et aux morts, on mange, on souille et se divertit.
Greta Thunberg a 16 ans ; elle se soucie de l’avenir.
Et nous, on commémore, on se souvient, on vénère le passé et ses momies moisies et quand nous sommes fatigués de ces hommages aux vieux et aux morts, on mange, on souille et se divertit.
Il est passé à côté de sa vie. Elle a fait semblant de ne pas le reconnaître.
[Vous étiez peut-être vous aussi passés à côté de ce Reste du 15 janvier]
La force finit toujours par échouer, parce qu’elle est seule. Seule et triste. La puissance, c'est autre chose.
Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est.
Et merde ! Voilà exactement ce que je voulais dire, au mot près, mais c’est du Proust.
Bon, je n’accuse personne, mais je trouve cela tout de même suspect. Au mot près.
Il se trouve que très récemment j’ai entendu Cum on feel the noize du groupe de hard rock Slade (vous vous rappelez peut-être, « Girls rock your boys/We’ll get wild wild wild…). Alors, les souvenirs sont remontés en meute plus de quarante ans après. Cette nuit agitée avec T., le space cake de S., la forte poitrine de B., le coca pour faire passer le whisky, les mitaines en cuir de L. et la moquette des parents d’I. maculée de mon vomi verdâtre.
Bon, la madeleine au thé de Proust avait plus de style, je vous l’accorde, mais beaucoup moins de goût.
Enveloppement personnel.
– Dis, ça va ? Tu as l’air tendu
– J’ai réfléchi, je vais faire mon coming out, répondit Dieu à Pierre, je vais leur avouer que je n’existe pas.
La mémoire a la structure du langage ; nos souvenirs sont toujours des histoires.
– Oh non ! pas vous !
Tenon et mortaise se séparaient.
– Vous alliez si bien ensemble.
On ne sait jamais ce qu’il se passe dans l’intimité.
Allez savoir pourquoi, les enfants ont toujours des âges et demi.
Parfois on est pris par l’urgence et le devoir d’agir face à l'ampleur des dégâts et l’imminence de la catastrophe finale et parfois on se dit qu’il faut surtout ne rien faire (comme quand on joue à cache-cache, dissimulé derrière les rideaux, ne pas parler, ne pas bouger, à peine respirer) tant on détruit, souille, méprise et aggrave la situation dès qu’on fait quelque chose.
Dieu existe-t-il ?
La question me fascine et m’entraîne loin dans le sens et le non-sens. En vain je lis, et cherche et interroge : mais bon sang, qu’est-ce donc qu’exister ?
Zut ! je ne suis pas célèbre, je n’aurai donc pas droit à une biographie. Voilà qui est fort regrettable, quel gain de temps et d’énergie ce serait, il est si difficile de savoir qui l’on est.
Le temps nivelle, grise, lisse et affadit tout. Ce sont les récits qui donnent du relief et du goût à l’histoire.
En réaction au Reste d’hier, un lecteur fidèle et attentif me rappelle ma proposition du 26 janvier 2017 :
Mais alors la vie de qui lisent-ils les people, dans la salle d’attente du médecin ? Et ne croyez pas qu’ils ne sont jamais malades, ils sont comme nous les people.
J’aurais aimé pouvoir confesser qu’il s’agit d’un auto-plagiat piteux, mais c’est malheureusement plus grave, irréversible et lentement contagieux.
Et les people, ils lisent quoi dans la salle d’attente de leur médecin ?
27% de désir, 8% de mélancolie, 22% de bienveillance, 3% de folie, 11% d’inquiétude, 17% de gaité, 9% de malice, 4% d’absence. Telle est la formule exacte (j’ai arrondi à l’unité) du regard parfait. (Celui de Laure, par exemple, qui « dérobe les âmes » comme disait joliment Pétrarque).
Il est passé à côté de sa vie. Elle a fait semblant de ne pas le reconnaître.
C’est l’incroyable complexité du vivant qui nous conduit à refuser l’idée d’une origine divine. Un Dieu tout-puissant aurait fait beaucoup plus simple et moins fragile.
Ce n’est pas parce que l’enfer, c’est les autres que le paradis, c’est moi.
On imagine Dieu comme un être tout-puissant mais peut-être doit-il, lui aussi, passer un entretien annuel avec son D.R.H. pour vérifier si ses objectifs ont été atteints et s’il peut prétendre à une augmentation.
Et là, il ne peut pas refaire le coup des voies impénétrables.
J’aime les vaches, que voulez-vous, je ne vais pas vous raconter d’histoires et vous parler de panda, d’aigle royal ou de perroquet bleu d’Amazonie. De surcroît, et au risque de vous paraître immodeste, je crois pouvoir avancer que ce petit faible est bien souvent partagé.
Bon, j’ai un petit béguin aussi pour les girafes ; malheureusement, j’ai le sentiment, cette fois, de ne pas être leur genre. La taille des lèvres, peut-être.
Rares sont ceux qui savent être pleinement présents. C’est beau, c’est fort, mais il faut aussi accepter qu’une fois là-bas, ils soient pleinement absents.
– Salut, on ne se connaît pas ?
– Non, j’arrive juste, je suis tout neuf !
– Ça te dirait qu’on fasse un petit bout de route ensemble.
– Ben ouais.
– Et l’écart d’âge, ça ne te gêne pas.
– Tu sais, l’usure nous guette tous.
Et les deux pneus avant continuèrent leur belle histoire, chacun à sa place, pendant presque dix mille kilomètres.
– Ce n’est pas parce que tu élèves un rat kangourou que tu peux traverser la rue sans regarder.
– Mais c’est absurde ce que tu dis, ça n’a rien à voir.
– C’est exactement ce que je dis.