Le corps est la mesure de l’humain.
Le corps est la mesure de l’humain.
À poncer la terre et limer l’homme, on finira bien par obtenir un monde poli.
Gardez-moi les copeaux.
Ils se bousculaient sans égards, dans ce lent charroi du temps, un ânon court sur pattes, se dépassaient parfois évitant de croiser les regards, un lézard désossé, une serpillère à poil ras et quelques autres animaux peu calibrés, ou se suivaient docilement par une mécanique approximative, une machine à moudre, une à perler, une à stranguler, s’arrêtaient, une à énucléer, curieux ou fatigués, dans un désordre savamment inorganisé, repartaient ignorant tout et de la destination et de l’origine, les panneaux, de toutes façons, usés de ces défilés incessants, étaient illisibles, certains, qui tâchaient de nicher sur place étaient vite délogés par le flux pressant et sans échappatoire. Tout coulait, tout suintait, tout allait.
Fais-moi mâle.
Te revoilà, Nuit, toute de braises et de poèmes.
Je bois à ta santé.
Eh ! tu es là aussi mon ombre.
Alors nous serons trois à surprendre le matin.
L’imaginaire n’est pas un autre monde, c’est une profondeur de champ.
Professeur, ne lance pas tes théorèmes trop loin devant et préfère l’orée des voisinages aux prophéties fugueuses.
Aime-le pour ce qu’il peut, non pour ce qu’il veut.
Je l’invite, elle arrive, fougueuse et écumante, et tout de suite repart, souple et rêveuse, puis revient en ressac, joyeuse désordonnée, mais se retire encore, dans le remous des doutes, et encore ainsi, vient et s'en va, inlassablement, vague et toujours sur le balan.
Ne compasse pas tes inquiétudes, nourris-les de voyages étonnés.
− « … comme une farandole sans destin, ton sourire, comme l’ivresse du matin recommencée, ta caresse, comme un chant… »
− « Stop ! Tu me sors immédiatement de ton putain d’poème d’amour. J’y crève. »
Il était son rivage, sauvage à peine, son port où calmer ses désordres. Elle lui taisait ses horizons, ses tropiques, ses îles, ses secrets jamais cartographiés. Il rêvait ses ailleurs, les peuplait de folies, de jouissances, de haines, tout en démesure, dans l’infini de ses manques.
Elle déréglait ses fuites, sans sillage, guidée seulement par la clarté imprévisible de l’instant. Il archivait ses noces oublieuses et ses aubes sans midi.
Ils convoyaient, tantôt pris par des courants lointains, tantôt ballottés au creux de la même vague.
Ils consonnaient, dans une langue rare composée d’éclats de nuit et de silences accordés, de phrases sans ponctuation ou de claquements de glotte.
Ils convenaient, dans les plis de la discorde comme deux voisines doucement amarrées aux rudesses des envols.
Tiens-toi à bonne distance du centre.
Une vache divine − ô source principielle, mère de toutes les mères ! − s’étant un peu trop penchée lors qu’elle observait, de là-haut tendrement pourtant, deux cabris trois biquettes jouer au plus malin, vers le bas sans détour en un lieu sans retour lourdement chut − ô royale matrice ! − et tout à plat se vautra.
Faute de moyens financiers, par défaut de motifs administratifs et en raison d’une provisoire incapacité technologique, elle se vit refuser le retour au pays. Elle obtint, ça ne mange pas de pain, le titre de docteur honoris causa.
Faire, très précisément, n’importe quoi.
Il est des vérités digestives, vérités de prêtres ou de comptables, qui se dégustent assis et repus. D’autres sont apéritives, plus jeunes et frugales, elles portent l’appel des départs.
L’incommensurable n’est pas toujours démesuré.
Les mots sont vivants et demandent du soin. Ce n’est pas le silence qu’ils craignent, c’est le bruit.
Sors et découvre-toi.
Écrire pour dire, pour montrer aussi, pour féconder même.
La création, c’est autre chose ; il fallait arriver le premier.
Occupe l’instant, ne l’assiège pas.
Que l’on soit devant, que l’on soit derrière, l’amour toujours est une épuisante course-poursuite. Parfois, selon une chorégraphie bibliquement réglée, on demi-tourne et les places s’inversent ; parfois aussi, l’un seulement fait demi-tour, et c’est alors soit la dispersion, soit l’accident.
Pas de champagne à l’arrivée mais ça distrait les spectateurs.
− T’es parano, toi ?
− Non Arno, pas Rano
− Arrête les herbicides
Souris-lui et arrête les pesticides.
La tristesse est une houle, sans écume, sans blessures, lente et lourde, sans insultes, fidèle comme une ombre, sourde comme une insomnie.