Nous ne maîtrisons jamais que ce qui nous était déjà soumis.
Nous ne maîtrisons jamais que ce qui nous était déjà soumis.
Il avait la pensée irritée par d’urticantes doctrines et la soulageait par l’application superficielle d’apaisantes romances.
Ne jetez plus l’eau du bain et triez vos bébés.
La vie a quelque chose de ces longues phrases baroques, à la syntaxe approximative, qui tiennent ensemble fractures et incises, ruptures et circonstantielles, coincées entre une majuscule solennelle et prometteuse et un point minuscule, parfaitement solitaire.
Les années pèsent mais l’oubli allège.
Si vous parveniez à pénétrer secrètement le silence tyrannique et sacré qu’imposent les écrivains à leurs proches, ce n’est pas une terre désertée ou peuplée seulement de concepts exsangues et de lexiques sans vie que vous découvririez, mais une foule joyeuse et courtisane qui vénère bruyamment son idole, son prince aux lèvres d’or.
On s’observe de plus en plus ; on observe de moins en moins.
Sans nier la possibilité d’une illusion optico-tactilo-olfactive, je me permets de vous faire part d’une considération dermatosynesthésique : aux dernières heures de la nuit, sa peau, tel un piment noir, devient onctueuse et enivrante, mordorée, suave et réglissée comme un Soulages corsé.
On est court par handicap et bref par défaut mais c’est du talent qu’il faut pour être concis.
D’abord il imagine et désire mais ne doit ; ensuite il compte et jalouse mais ne rêve ; enfin il regrette mais ne peut et renonce.
Rien ne sert de pourrir, il faut mourir à temps.
Il est un pays où les pommes ont goût de fraises, où les garçons se chatouillent en pouffant, un pays où le ciel est parfois vert et parfois jaune, où les dieux lisent Marx en cachette et se déguisent en poisson rouge pour voir de l’intérieur ce qu’exister veut dire, il est un pays, me dis-tu, où l’on échange son chapeau en guise de salut et paye en baisers, en gifles ou câlins.
Pile et/ou face.
Certes, du matin jusqu’au soir et du soir au matin, jours fériés compris, très chère, ô si chère Muse ! tu m’inspires et m’animes et m’exaltes. Mais t’avouerai-je enfin, ma déesse de braise, que ce ne sont pas les mots qui montent. Que ne te méprends-tu, ce verbe désespérément lourd et mou, cette langue flasque et quasi inerte, cette vacance de la plume, asséchée, précocement stérile, ce deuil de la rime ne signent aucunement la rupture de ton charme et la mort de ta grâce. Je ne sais les vers ni les tropes mais vois comme la vie lève, je ne suis poète ni scribe mais entends le grondement qui sourd, grave et profond ; la lèvre hésite, timide, et frémit seulement, mais le flot vient, fier et ferme, énorme tyran qui moque la grammaire et convainc mâlement.
Plaisir d’atteindre l’objectif visé ; joie d’être surpris par l’événement imprévu.
N’annexe pas les terres à venir.
Il faut choisir, c’est fromage ou dessert, prédation ou déprédation.
Prends soin des mots, de leur traîne et de leur ombre, de leurs reflets, de leurs echos.
Prépare longuement ton voyage, vis-le intensément mais raconte-le rapidement.
− Vous plais-je ?
− Trop pas !
− Plait-il ?
Qu’il est bon de dormir.
Hegel avait raison, le malheur commence au matin de la conscience.
Il nous reste à comprendre comment ce monde peut à la fois se fissurer à tous les étages, éloignant, séparant, divisant, et par ailleurs, se massifier, s’agglomérer, telle une soupe épaisse et moulinée, sans morceaux ni goût, mais facile à digérer.
La pensée est perceptive donc perspective.
Le chant de la terre jamais ne cesse.
Il lui arrive pourtant, ici ou là, de se faire rauque et haletant.
Le jeu sans joug
La joie sans foi
L’aveu du fou
Le feu du vin
La fin sans voie
Comme tu es prompt à juger.
Joue d’abord et jongle avec les voix, emprunte le masque de ton voisin et regarde aussi sous la table.