13 novembre 2016
7
13
/11
/novembre
/2016
03:15
Mégalomane. Le gars, il réclame qu’on l’appelle “man”, et même “le man”, non mais allo ! Il ne mégote pas, son ego est sans égal. Quel âne ! Moins mélomane que monomane, il sème peu, il s’aime trop. Mais gare aux égarements qui mènent à Sainte-Anne !
12 novembre 2016
6
12
/11
/novembre
/2016
03:13
– Dis donc Saint Pierre, que fais-tu dans le dortoir des vierges ?
– Hein ? Euh, j’ai perdu ma clé.
– Ah bon et ce truc qui pendouille là, sous ta ceinture, c’est quoi alors ?
– Dieu, s’il te plait. D’abord ça ne pendouille pas, ensuite ce n’est pas un truc, c’est une croix, de toute façon ça n’ouvre pas les portes.
– Et pourquoi serait-elle ici ta clé, chez les vierges ?
– Ben j’ai cherché partout sauf ici.
– Logique. Et tu viens souvent ici ?
– Ah non ! Jamais, je te promets. C’est la première fois.
– Là c’est moins logique. Comment pourrait-elle être là si tu n’es jamais venu ?
– Peut-être… l’opération du Saint-Esprit ?
– Nom de Dieu, il se fout de moi. Allez, tu retournes bosser et pas de Plus belle la vie ce soir.
– Ouais, j’en ai marre, c’est l’enfer ici, j’ai le droit d’aller nulle part !
11 novembre 2016
5
11
/11
/novembre
/2016
03:12
L’l. L’l, c’est la lettre, celle qui lie, qui loue, qui mêle et coule ; colonne fluide, pilier liquide, elle élève ou allège ou allonge. Mais qui est l ? quel est-il ? Elle ou il ? ille ou el ? Où sont les paires, on s’y perd ? Est-ce mal ? On voudrait l’l éternel et tranquille, il est mortel et mobile.
Grêle verticale qui rêve de ciels, l’l colle au sol textuel. Polaire et linéaire, céleste et sexuel, irréel et usuel, mâle et femelle – tel est l’l et tellement plus encore.
10 novembre 2016
4
10
/11
/novembre
/2016
03:43
S’opposer était un rêve silencieux, puis ça a été un combat audacieux, c’est devenu un réflexe capricieux.
9 novembre 2016
3
09
/11
/novembre
/2016
03:56
Kaloupilé. Le K est un cas à part, lettre tropicale (c’est un C) et exotique (c’est un Q), elle sent bon le teck et le kaloupilé ; belle comme un batik, elle est très rock ’n’ roll.
Rare au nord, elle est profuse dans les souks, chez les Kabyles et les Kalmouks, les Tadjiks et les Kanaks, au pays du Krakatoa, des kakatoès, des kinkajous et du Kilimandjaro. Cacao, s’écrit sans K, comme l’eau de coco (et tous ses O) mais koala, c’est un K, kiwi aussi, et kaki et kumquat. Quinoa, c’est no, mais kola, c’est OK. Le black et le punk, le beatnik, le moujik et le cheik ont un look un peu K, le kantien aussi mais c’est un cas critique.
(Camping, c’est un C, dommage car il suffirait de renverser le K pour en faire une table pliante ; le C renversé fait un bon pot de chambre mais on n’en emmène jamais en camping.)
8 novembre 2016
2
08
/11
/novembre
/2016
02:54
Les silences autorisent toutes les lectures mais n’en interdisent aucune.
7 novembre 2016
1
07
/11
/novembre
/2016
03:47
Je. Je est un mauvais jeu d’adultes qui provoque des boursoufflures contagieuses ; c’est un piège.
Les plus jeunes jouent d’autres ‘je’ : toi ou lui ou il ou elle et leur cortège de personnages. On dirait que je suis toi, on change les âges, on dirait que tu es moi, on échange les je, on déloge, on dérange, on dégage, je suis un ange enragé, on outrage le bon usage, tu es un singe prestigieux, un mensonge, un déluge ; c’est le manège des je qui s’emmêlent, le vertige des moi qui s’emballent.
Gonfler n’est pas jouer. Alors, allège-toi de ton je de société et voyage.
6 novembre 2016
7
06
/11
/novembre
/2016
03:40
J’y nais, j’y vis, j’y gis. La Terre, éternellement.
5 novembre 2016
6
05
/11
/novembre
/2016
03:46
Illettré. Se dit de celui qui ignore le secret des lettres. (Elles sont des îlets très éloquents – on prononce le T final ici –, traversés de nombreux chemins de sens qui les tressent et les maillent ; îlets réticulés dont les traits simples font marcher les poètes et déroutent les prophètes).
(Ajouterai-je qu’il est très commode, l’I, et fait un lit de camp confortable si l’on n’oublie de le coucher).
4 novembre 2016
5
04
/11
/novembre
/2016
03:30
Le fanatique a le consentement paresseux et l’imagination ourlée ; il est atteint d’une maladie dégénérative de l’ouïe et la cornée, le cœur reste intouché.
3 novembre 2016
4
03
/11
/novembre
/2016
03:56
Haine. Le N est sans haine, c’est une lettre. Mais la haine sans N, c’est une haie. Hé hé ! Et la haie sans H, aïe, aïe, aïe !
(Autre chose, en inclinant sa deuxième jambe – mais ça n’a rien à voir – le N fait un bon transat pour le camping).
2 novembre 2016
3
02
/11
/novembre
/2016
02:04
À l’ombre des bambous, quand le soleil finit, la lumière frisonne et joue un peu encore sur le mur blanc de la varangue.
1 novembre 2016
2
01
/11
/novembre
/2016
03:53
Gemme. G, M, M, lettres que j’aime, lettres précieuses de terre et de feu pour un terme qui scintille. Tiens, j’ai le même M de braise qui brille dans ‘l’être que j’aime’. (Heu... et eux, les deux E ?)
31 octobre 2016
1
31
/10
/octobre
/2016
15:14
N’attends pas tant, va et vis, fidèle aux vents, amant des aubes.
ARNO
30 octobre 2016
7
30
/10
/octobre
/2016
02:53
Facétie. Une lettre et deux notes farcies, c’est C et fa et si. Facile.
29 octobre 2016
6
29
/10
/octobre
/2016
02:26
Se tenir en aval de la puissance, car enfin il faut bien faire, mais en amont de l’acte, car alors on a fait, on est fait. Ou bien, pour être plus clair, se tenir juste après l’avant, un peu avant l’après. Oui, voilà, c’est là.
28 octobre 2016
5
28
/10
/octobre
/2016
02:41
E muet. La nature est étrange qui tantôt est exubérante et tantôt effarouchée, hésitant entre l’empreinte et l’envol, l’éclipse et l’éclat, s’effaçant parfois et parfois s’étalant.
27 octobre 2016
4
27
/10
/octobre
/2016
02:08
Le monde est moins un théâtre qu’un podium : il s’agit de se montrer, pas de jouer.
26 octobre 2016
3
26
/10
/octobre
/2016
02:07
Décédé. Trois petites lettres et on meurt, ce n’est pas rien mais c’est peu. Alors honorons un peu nos morts et fêtons beaucoup nos vivants.
25 octobre 2016
2
25
/10
/octobre
/2016
02:49
Entendez-vous souvent parler de l’étang de Bages-Sigean, de la mer des Tchouktches ou du canal Saint-Georges ? Moi, jamais. Et le détroit de Makassar, le lac Tshangalele ou le marais de Gannebel ? Rien ; je trouve ça louche. Et jamais rien non plus sur la tourbière de Baupte, la baie de Fundy, le golfe Thermaïque ou le bassin de Foxe. Je vais vous paraître suspicieux mais je pense qu’on nous cache quelque chose.
24 octobre 2016
1
24
/10
/octobre
/2016
02:13
Chaperon. Les enfants seront amenés à faire un important travail d’imagination à la lecture du Petit Chaperon rouge dans un avenir proche où les loups auront tous disparu, où les vieilles mères-grand malades seront de jeunes grand-mères marathoniennes et où les ados ne porteront plus des chaperons mais des voiles ou des casquettes.
23 octobre 2016
7
23
/10
/octobre
/2016
02:57
Certains conseillent d’attendre trois heures après le déjeuner avant d’aller faire la révolution.
22 octobre 2016
6
22
/10
/octobre
/2016
02:02
Bastille. Quelle sera la Bastille du XXIe ? La liberté, c’est un peu comme la tarte au citron, on est prêt à tout pour y goûter mais quand on en mange tous les jours, elle fait grossir, écoeure et colle aux doigts.
(Ceci ne prouve rien, mais le B a du bide, je veux dire de la bedaine.)
21 octobre 2016
5
21
/10
/octobre
/2016
02:00
La langue n’est-elle pas le seul moyen de retrouver ce que l’on perd en parlant ?
20 octobre 2016
4
20
/10
/octobre
/2016
02:56
Abécédaire. Amazone, bougainvillée, clarinette, danubienne, épiscopal, frangipane, gouleyant… Ce que l’on peut en faire, des mots, avec ces quelques lettres, et combien de phrases et combien de textes et combien de livres. Ma préférée, c’est le ‘l’, d’abord parce qu’elle me fait penser à ‘elle’, ensuite parce qu’elle est simple et fragile, au point que l’on doive souvent la doubler pour qu’elle tienne. Mais ne jugeons pas trop vite, il se pourrait bien que sous ses allures de petit trait fin sans importance, elle soit plutôt un pilier discret, une lettre porteuse, sans quoi tout s’écroulerait.