21 juin 2020
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La pensée, c’est une question de savoir-vivre.
Quand une idée se présente, il faut être accueillant, l’inviter à entrer, lui offrir quelque chose pour se restaurer, lui faire la conversation, mais ne pas la retenir trop longtemps et la présenter aux voisins. Il arrive qu’on s’en fasse une amie ; elle peut alors revenir de temps en temps ou vous envoyer une de ses relations.
ARNO
20 juin 2020
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Comme j’aurais aimé qu’il y eut vingt mois dans l’année. Le dernier de ces nouveaux mois aurait pu s’appeler folembre ou nor ou dorial. Des petits mois de vingt jours seulement.
Alors – ouh ! j’en frémis – l’univers et Jean Pierre Pernaut, auraient connu, une fois dans leur vie, un 20/20/2020 à 20h20.
19 juin 2020
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Alors figurez-vous – je viens de l’apprendre – que les voitures ne sont plus équipées de roue de secours aujourd’hui, mais de kit de réparation de pneu crevé.
Finis les combats toujours perdus avec les crics malveillants et les boulons rétifs. Et certains osent encore prétendre que c’était mieux avant. « Innovation that excites » dit justement la publicité.
18 juin 2020
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Ernest Pinard naquit le 10 octobre 1922 à Bourg-en-Bresse. On ne lui doit aucune œuvre, aucun fait d’armes, aucun crime odieux. Rien. Il ne remporta jamais le concours de volailles qui avait lieu pourtant chaque mois de décembre sous le marché couvert (il n’était pas éleveur). Ses deux fils, inscrits au lycée Charles-Jarrin, ne passèrent pas le bac ; ils n’étaient pas abonnés à Pif Gadget. Ernest n’était pas myope, mais ne fut pas pompier volontaire. Il connut les grandes crues de la Reyssouze de 1935 et 1954, mais ne perdit rien, ni biens, ni animaux, ni parents, ni amis. Il ne vota pas pour Amédée Mercier, le maire socialiste ; il ne votait jamais. Sa femme n’eut pas le cancer du sein ; elle n’allait que très rarement à la messe (ce qui n’a d’ailleurs rien à voir). Il n’entendit pas l’appel de l'abbé Pierre, en 1954. Il ne travailla pas à la succursale de l'usine des Câbles de Lyon ni à l’usine Berliet (aujourd’hui Renault). Il ne lut jamais Malataverne de Bernard Clavel. Il n’était pas végétarien mais n’aimait pas le salami et ne goûta jamais au tiramisu. Il n’attachait pas son chien (dont on ignore le nom) qui pourtant ne s’échappa jamais (il aurait pu débouler comme un fou sur la D23 et provoquer un accident terrible entraînant la mort de trois personnes dont une enfant de quatre ans et un sous-officier à la retraite). Il ne roula jamais ni en Panhard, ni en Simca 1000, ni en Ami 6. Il mourut le 10 mai 1981, vers 20 heures, chez lui, au 17 rue des Quarante Coupés.
(Rien à voir avec son homonyme le procureur Ernest Pinard qui échouera à faire condamner Flaubert mais obtiendra gain de cause contre Baudelaire et Eugène Sue ; rien à voir non plus avec Ernest Pignon-Ernest.)
17 juin 2020
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Le désir, ne serait-ce pas l’âme, de profil ?
16 juin 2020
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14:24
Et allez ! encore du Baudelaire ! Il commence à me fatiguer celui-là. Tout le monde le cite – une petite fleur, un bout de paradis, quelques audacieux risquent même un petit poème en prose. C’est trop !
Parce que, quand même, lisez-le attentivement, vous verrez, même en cherchant bien vous ne trouverez jamais la moindre facilité, aucun stéréotype. Pas une seule banalité, jamais, pour vous reposer un peu. Toujours à vous troubler, vous chahuter, vous dérouter. Pas une ligne pour rassurer, pas un vers pour souffler. C’est épuisant. C’est à se mettre à lire du Jardin.
15 juin 2020
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Bon, admettons, nous avons un peu progressé depuis Newton en physique, cependant que de choses à comprendre encore ! Par exemple, on ignore tout des liens (électromagnétiques ?) qui existent entre la bouteille de gaz, l’évacuation de l’évier et les ampoules électriques. Comment expliquer que la première soit vide quand l’évier se bouche et l’ampoule (de la cuisine le plus souvent) saute ? (Que cette apocalypse domestique ait toujours lieu un jour férié est tout aussi mystérieux, mais ne me semble pas relever de la physique.)
14 juin 2020
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Les révolutions valent – et c’est souvent inestimable – pour ce qu’elles permettent et entraînent, pas pour ce qu’elles sont. Comme le caillou jeté dans l’eau, il fait plouf bêtement et coule lourdement, mais il laisse derrière lui de belles ondes durables et vivantes.
13 juin 2020
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Jules et Émile Letourneur étaient vulcanisateurs (on dira plus tard opérateur spécialiste en maintenance pneumatique). En 1938, les deux frères héritèrent de la maison familiale à Bar-le-Duc. Ils séparèrent la maison en deux et construisirent, au milieu exactement, un mur qui traversait la salle-à-manger et la cuisine. Ils se retrouvaient tous les soirs pour boire l’apéritif sur la terrasse qu’ils n’avaient pas divisée. On ne sait rien sur leur engagement politique ; rien non plus sur leurs pratiques sexuelles préférées ; ils n’ont pas laissé de traces dans les registres de l’état civil. Ce n’est pas une raison pour ne pas leur accorder quelques lignes.
12 juin 2020
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16:35
– Et n’oublie jamais d’où tu viens, dit Papa bernique, philosophe à ses heures, à son fiston qui envisageait d’aller s’installer de l’autre côté du rocher.
11 juin 2020
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Que sait-on d’une chose quand on en connaît le nom ?
10 juin 2020
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Maître Philibert de Montchal a repris l’office notarial de son père à Saint Joseph en Retz ; veuf à 28 ans (sa femme Aude-Emmanuelle La Girandière a été emportée par une hépatite fulminante un an après leur mariage, jour pour jour, à l’âge de 25 ans), il a épousé en secondes noces Lucille Sampoli (Milanaise par son père) qui lui a donné trois filles et deux garçons.
Veuf pour la deuxième fois, ruiné et délaissé par ses enfants, Philibert est décédé en 1962. Il est même possible qu’il n’ait pas existé ; je tenais quand même à lui réserver quelques lignes.
9 juin 2020
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Bien sûr que c’était mieux avant, mais ça, avant, on ne le sait jamais.
8 juin 2020
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18:03
Assurément, si je devais ne choisir qu’un seul livre pour emporter sur une île déserte, je prendrais un dictionnaire. Je n’ai pas tout lu mais, à ma connaissance, c’est le seul à faire un siège convenable et je ne supporte pas longtemps d’être assis en tailleur.
7 juin 2020
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… ne serait-il pas plutôt la démesure de toute chose, l’homme ?
6 juin 2020
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J’adore les bananes et la nature est bien faite. Vous imaginez si sous la peau des bananes se cachaient des courgettes.
5 juin 2020
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19:27
Il ne faut que quelques secondes pour que l’empreinte laissée sur du sable mouillé disparaisse à tout jamais sans aucune trace, aucun souvenir. La mémoire des morts perdure deux, voire trois générations, parfois plus quand ils sont célèbres ou ont laissé une œuvre.
Deux secondes, peut-être trois, et hop, retour au néant. Qu’est-ce que c’est nul une empreinte sur du sable mouillé !
4 juin 2020
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La plus grande erreur de la civilisation occidentale est d’avoir considéré l’apprentissage du calcul plus important que celui de la danse.
3 juin 2020
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Le port du masque, c’est la revanche des laids et la mort de la rhinoplastie.
2 juin 2020
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Je ne suis pas spécialiste en psychologie des batraciens, pourtant je suis quasi persuadé que s’il venait à croiser un Loriquet à tête bleue ou un Tigre blanc du Bengale ou, je ne sais moi, un Papillon caniche du Venezuela, eh bien le Crapaud ne les envierait pas et passerait son chemin sans même détourner le regard.
Une belle leçon. Je ne suis pas certain que Jules, le compagnon de ma voisine, ferait preuve d’une telle sagesse.
1 juin 2020
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Nos vies sont des histoires sans queue ni tête, commencées par d’autres, elles se terminent sans nous.
31 mai 2020
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17:59
Zut, j’hésite. Je sais quelque chose que vous ignorez, mais que faire ?
Si je vous le dis, alors vous le saurez et il en sera fini de ce petit plaisir que j’ai à savoir ce que vous ne savez pas, mais si je ne vous le dis pas, vous ne saurez jamais que je savais quelque chose que vous ignoriez et je me priverai de cette jouissance à vous montrer que je sais quelque chose que vous ignorez.
Évidemment, vous le dire seulement – que je sais quelque chose que vous ignorez – ne suffit pas, car, soit vous me demandez alors de le prouver, je vous le prouve et perds le bénéfice de savoir ce que vous ignorez, soit vous vous moquez bien de vérifier cela et je n’éprouve aucun plaisir, puisque c’est bien que vous sachiez que je sais quelque chose que vous ne savez pas qui me plait, si vous ne le savez pas ou vous en moquez, cela m’attriste, bien au contraire.
Ah, qu’il est difficile de savoir et j’envie parfois votre ignorance !
(Et donc, vous voulez savoir ?)
30 mai 2020
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C’est l’ombre qui éclaire la lumière.
29 mai 2020
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Je ne sais pour le vin, mais pour le baccalauréat, le millésime 2020 sera assurément mémorable : cuvaison un peu courte et vendange précoce, mais production généreuse.
28 mai 2020
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19:34
– J’ai l’impression qu’on me regarde bizarrement, avec déception voire mépris. Non mais qu’est-ce qu’ils imaginaient, que le 11 mai au matin j’allais devenir un roseau fragile et gracieux ! Eh bien non, marmonna le vieux chêne, je n’ai pas changé et ne changerai pas.