Promets ni n’espère, le futur est avare ; oublie et abandonne, le passé aliène ; passe et absente-toi, le présent est indigent. Cherche le bon temps.
Promets ni n’espère, le futur est avare ; oublie et abandonne, le passé aliène ; passe et absente-toi, le présent est indigent. Cherche le bon temps.
On couche tôt aujourd’hui, et on passe à la conduite bien avant d’avoir le code.
Je trouve pour le moins cavalière cette façon qu’ils ont de décider du sort de leurs personnages, après leur avoir torché un portrait grossier, donné un nom ridicule et imposé une histoire sans relief ou pire, un destin de héros. Les auteurs de roman (que j’imagine gras, dyslexiques et complexés) agissent en potentats et abusent des personnages qui sont, quant à eux, peu organisés et mal conseillés. Voici pourquoi je suggèrerais à ces derniers – pour me mêler de ce qui ne me regarde pas – de s’associer en syndicat et rédiger une charte de leurs droits, au premier rang desquels devrait être celui, sinon de décider, au moins d’être consulté pendant la rédaction de leur histoire.
Laisse faire et rien ne vient ; interviens tout dégénère.
Cro-Magnon n’était pas plus intègre qu’homo actualis, s’il était l’homme d’une femme, d’une croyance, d’un régime alimentaire, c’est parce qu’il ne vivait que trente ans. Constance et fidélité deviennent héroïques quand on meurt nonagénaire.
J’aurais adoré être poète mais comment voulez-vous écrire joliment dans une langue qui fait rimer mon ange avec vidange et paradis avec radis ou caddie.
Notez qu’en anglais paradise rime presque avec eyes.
« Capté par ton visage, je plonge dans tes eyes,
Et je goûte avant l’heure, les charmes du paradise ».
Alors ? J’aurais dû naître anglais, of course!
À l’origine, on n’est jamais pêcheur, on le devient parfois et même chasseur si on tourne vraiment mal.
Le mercato bat son plein. Les joueurs discutent, les clubs négocient, les supporteurs spéculent. Et quelques épouses, secrètement, se mettent à rêver d’un mercato des maris : essayer pendant une saison celui de la voisine, vigoureux et qui occupe tout le terrain, celui de la meilleure copine, un peu brouillon mais fougueux et que les prolongations n’effraient pas, ou celui de la petite sœur, peu disert mais toujours dans la bonne position.
Juste une saison.
La fatigue est une mauvaise raison de s’arrêter, pas l’aigreur.
Allez les beaufs, sortez de votre zone de confort, pensait le requin, observant les baigneurs à travers le filet de protection.
La vieillesse, c’est la vengeance des corps civilisés, étouffés, savonnés, bandés, contraints : tout s’effondre, on se lâche et ça sent fort.
– J’aurais pas aimé être un héros.
– Ouf !
– Quoi, ç’aurait pu.
– Non.
Pierre Henry, père de la musique concrète, est mort. On attend encore la naissance de l’artiste-ingénieur, père du concret musical, qui fera sonner la perceuse comme un violoncelle ou la tondeuse à gazon comme une flûte de pan.
Tout est en suspens.
L’enfant maîtrise tardivement le « je » nous apprennent les pédopsychiatres. L’adulte rattrape vite le retard.
La recherche pharmacologique piétine dans le domaine de la supplémentation d’âme alors que nous sommes tous très carencés comme le signalait déjà le célèbre thérapeute Bergson.
Les habitudes sont nuisibles et à mon âge, il faut veiller à varier les situations, cela stimule les neurones, active le système neuro-végétatif et développe des facultés d’adaptation. J’ai donc décidé, non sans hésitation, de prendre le risque de remplacer mon carnet Moleskine noir par un rouge.
Tous les mammifères dégagent les lèvres et montrent leurs dents pour effrayer l’ennemi sauf l’être humain qui le fait pour sourire.
Allez, une fois n’est pas coutume, saluons cette belle récupération et l’art humain du détournement.
Les voyages forment la jeunesse pensait le nouveau-né découvrant le reflet de son crâne dans les lunettes du gynécologue.
L’époque manque d’un grand sceptique qui saurait lézarder ces murailles de certitudes qui bouchent la vue.
Et pense à penser !
Si tu veux marcher longtemps, prévois des étapes, non pour t’y reposer mais pour ruser avec les lointains.
Alors hier, figurez-vous, je suis allé à la pharmacie acheter un flacon de Iopamiron et 20ml de Xylocaine. Ce sont les produits que l’on vous injecte avant un arthroscanner. En attendant que l’on me serve je réfléchissais : la chondropathie rétro patellaire de grade II, bon, ce n’est pas inquiétant, ce qui m’ennuie c’est cette suspicion de fissuration méniscale interne, pour peu qu’elle s’accompagne d’un kyste poplité, je serai dans de beaux draps. La perspective d’une méniscectomie sous arthroscopie prenait forme, vous imaginez comme cela me réjouissait. J’aurais bien opté pour une injection de plasma enrichi en plaquettes, j’aimais l’idée d’un traitement autologue. Perdu dans mes conjectures je fus pourtant attiré par une forme rose, à moitié cachée par la pharmacienne. Alors, j’oubliais viscosupplémentation, thrombophlébite et autres algodystrophie car je venais brutalement d’identifier cette chose rose, en vente dans la pharmacie, au prix de 14,99 € : une bouillotte. Une bouillotte (et oui vos étés sont nos hivers !) et la même, rigoureusement la même que celles que nous glissions dans les lits froids et humides chez les grands-parents, en caoutchouc striées, la deux-litres. Je n’avais pas utilisé ni même vu cet objet depuis plusieurs décennies. Eh bien, comment vous dire, ça m’a réjoui, je trouvai rassurant qu’une partie du monde d’avant (si futile fût-elle) ait traversé le temps, intouchée, sans progrès, sans innovation.
Confesserai-je pour finir, que je renonçai lâchement à l’acheter craignant de décontenancer un peu ma nouvelle petite amie et de refroidir notre relation.
Et si Mondrian avait été poète, ou Rabelais musicien, ou Messiaen architecte ? Tous ces mondes possibles et sans doute différents que nous ne connaîtrons jamais.
C’est bien leur histoire de zéro déchet mais comment le mâle urbain partagera-t-il les tâches ménagères dorénavant s’il n’a plus à descendre les poubelles ?