Il pleut, il vente, me dis-tu, le métro pue la dépression… comment ? qui s’est suicidé ?... les SDF sont encore en grève ?... C’est agaçant ce bruit de palme de cocotier sur le toit de la case, je t’entends très mal.
Il pleut, il vente, me dis-tu, le métro pue la dépression… comment ? qui s’est suicidé ?... les SDF sont encore en grève ?... C’est agaçant ce bruit de palme de cocotier sur le toit de la case, je t’entends très mal.
Suis pour la décroissance.
Je parle de la blogosphère.
Le réel est docile, il serait tout disposé à se laisser inventer avec passion ; au lieu de cela on s’acharne à le décrire avec précision.
La traduction par « une semelle dans l’abdomen » n’est pas drôle et manque d’audace ; la traduction par « un coup de pompe dans le bide » est malveillante et mérite un
pain dans la gueule ; la traduction par « vendredi, c’est le jour de la morue » me charme par sa poésie iodée et son traditionalisme discret et désuet.
Cela étant, s’il est vrai qu’une périodicité quotidienne – il faut le dénoncer – est excessive voire nocive, on conviendra qu’une fois par semaine ne saurait être de
nature à satisfaire et laisse, sinon affamé et sans oreilles, du moins avec l’estomac dans les talons.
Rien de ce qui est étrange ne m’est étranger.
Ne tombe pas dans les pièges du « paysage intérieur » ou de la « voix du dedans » qui ne sont que désert stérile et confusion inaudible inventés par de vieux poètes pour limiter la concurrence.
– X. (à la dépression sudorale et la sudation cafardeuse) : le beurre pue la transpiration, le monde est moite et rance et ma vie dégorge sa nauséabonde lassitude.
J’espère que ma sœur va appeler.
– Y. (s’étonnant de cet inédit désir de chaleur familiale) : je croyais que vous étiez en froid.
– X. (à l'opportunisme glacial) : justement.
La mer, comme un visage.
Elle peut tous les secrets, toutes les colères, tous les sourires.
L’aphorisme allusif n’est pas toujours ce que l’on croit : il peut être le refuge habile de l’ignorance ou le masque suffisant de l’arrogance, il peut aussi témoigner du souci courtois de ne pas importuner, il peut même provoquer le frisson séminal de l’inquiétude métaphysique - mais c'est plus rare.
Rouge excès ; bleu mineur ; jaune majuscule. Le reste n’est que littérature.
Mardi au théâtre Gr. c’était danse contemporaine, "soirée découverte" disait généreusement et plein d'optimisme le programme.
À ma droite : « ça sent drôle non ? ! » ; à ma gauche, « elle a de grosses cuisses pour une danseuse » ; juste derrière, « j’espère qu’on n’aura pas
de PV... », et encore, « t’aurais dû prendre un deuxième programme, c’est gratuit »...
La qualité des dialogues s’est probablement altérée au fil de la soirée ; je ne saurais le dire car rapidement je me suis délicieusement endormi.
Hier soir, superbe vernissage de l’exposition magnifique de l’artiste très connu D. à la galerie de l’incontournable T.
- M. (à T. l’incontournable) : du génie, peut-être, du talent assurément, quelle maîtrise dans l’érotique dialectique des couleurs ! et quelle originalité dans ce
télescopage exotique de saveurs ! ah ! ces asperges naines ceintes d’une voilette de gingembre confit, lascivement abandonnées sur un toast ocré…! donne-moi vite le nom de ton traiteur.
Conseil de lecture.
Vous avez un sens de l’humour calibré, un souci légitime de rentabiliser vos lectures et votre temps est compté, alors évitez les titres, ignorez les aphorismes et contentez-vous de lire les
dates.
Mais triez, toutes ne sont pas aussi drôles.
Nan (sobre quoique péremptoire) : un aphorisme doit être résistant et hermétique.
Louis-Gonzague (à la pertinence familiale et la culture domestique) : comme un bon tupperware.
Nan (à l'humour cosmopolite et clément) : en effet, tu peux d'ailleurs essayer les "réunions-aphorismes".
PS : (parce qu’il ne suffit pas d’être très drôle, mais qu’il faut aussi être précis) alors que, récemment, je naviguai gaiement sur www.Tupperware.fr,
« l’univers du possible », je découvris, stupéfait, qu’on ne disait plus « réunion-tupperware » mais « atelier savoir-faire ». Je tenais à partager mon émotion.
Il faut se résoudre à décevoir de temps à autre. La perfection, c’est un peu comme les dimanches après-midi : on ne saurait y séjourner durablement sans d’irréversibles séquelles.
Hier au parc, promenant Jean-Luc, mon gentil chien, je croisai une très très jolie maman, fraîche et joyeuse, vive et généreuse, qui sortait son garçon. Contemplant cette créature, libre comme un départ en vacances, je fus saisi alors, à mon corps sincèrement défendant, d’une envie violente, subite et inavouable, un désir condamnable : redevenir un petit garçon, ingrat et insouciant, sourd à la misère humaine et ignorant tout du second principe de la thermodynamique.