Lisez moins ; écrivez plus.
Lisez moins ; écrivez plus.
Un jour sans doute, et prochainement peut-être, tout aura été déjà dit au moins une fois. On pourra encore, un temps, jouer un peu sur l’intonation, mais il faudra bien finalement
se résoudre à répéter ou se taire.
Alors on attendra le poète comme un premier matin, on l’espérera comme un messie laïque, pour un lever de sens et une renaissance au temps ; on aura compris enfin que ses mots ne sont ni
beaux ni obscurs, ni euphoniques ni licencieux, ni rimés ni rythmés, ni engagés ni passionnés, mais plus radicalement, plus simplement, toujours, mais la première fois seulement, inouïs.
On est dogmatique par peur ou mépris et relativiste par paresse ou inconséquence.
Osons la retenue ; risquons la simplicité.
Vite, ralentissons.
Range ta plume, ancêtre ruiné, rien n’en sort plus que quelque inoffensif crachat bilieux.
Rejoins-nous ce soir, viens réapprendre à danser, aimer et oublier. Demain tes poèmes auront la légèreté du départ, le souffle du désir et la vigueur de l’innocence.
En cette fin d'après-midi hivernale, au seuil de l'extase, j'assiste, ô divin ravissement !, au spectacle le plus abouti que l'on puisse imaginer : les mille chatoiements chaleureusement moirés et l’infinie diversité des reflets délicats généreusement orchestrés par cette bonne décharge bien chargée en méthane.
- Antigone, ma sœur, rebelle et tragique, Icare, ô mon frère, toi qui m’as appris à déplacer les bornes d’un réel par trop exigu, et toi Marco Polo, père admirable et pionnier, tes dérives excentriques ont dessiné ma folle géographie mentale, Charles, Arthur, Henri, mes cousins, vous qui m’avez initié à la phytothérapie poétique et la neurochimie littéraire, Lou Andrea, ma mère, divinement borderline qui…
- Pas le temps, suis occupé, la famille c’est sacré !
Le cynisme a le défaut de sa vertu : comme une eau de Javel zélée, il nettoie tout.
Quelque insupportable que soit la violence de la nuit, toujours le jour finit par l’apaiser.
Cet aphorisme admirablement creux, fonctionne aussi très bien (allitérations comprises) en permutant nuit et jour.
Trois traits caractérisent assez bien l’homme contemporain : son ignoble et indécente valorisation du travail ; sa capacité illimitée à parler pour ne rien dire ; sa consommation démesurée de ketchup.
Producteur exploité et stressé la semaine, consommateur asservi et vautré le dimanche – on a l’homme que l’on mérite.
Attends docilement que l’inspiration te libère d’une aliénante quotidienneté fade et indigente.
Bien évidemment, elle ne viendra pas, mais tu auras au moins appris à te tenir tranquille et silencieux et tu nous auras épargné ton onanisme spirituel et tes turpitudes ineptes.
Il faut distinguer ceux qui sont gentiment dans le vrai et ceux qui sont méchamment dans le faux, parmi ceux-là, il faut distinguer ceux qui l’ignorent sincèrement et ceux qui le savent
clairement, parmi ceux-là, ceux qui s’en attristent honteusement et ceux qui s’en moquent cyniquement, parmi ceux-là, ceux qui agissent avec calme et efficacité et ceux qui s’agitent avec zèle et
passion, parmi ceux là, ceux qui sont pour Bush et ceux qui ne sont pas contre.
C'est facile l'éthique, beaucoup plus que la botanique.
Il faut, quand on est e-écrivain, oser la bêtise la plus pitoyable, le médiocre et le salace, le putassier graveleux, les âneries et les inepties, ou bien se résoudre à n’être lu que par les très incultes robots de Google qui, contre toute attente, ne sautent pas les aphorismes métaphysiques, eux.
Admirables sont ces philosophes qui philosophent, ces poètes qui poétisent, ces amoureux qui aiment, ces penseurs qui pensent, ces rêveurs qui rêvent, ces révolutionnaires qui révolutionnent, quand tant d’autres, pleutres démissionnaires, critiques inféconds, bruyants sculpteurs de l'absence, se contentent paresseusement d’annoter le monde et de médire.
Ne dites plus musée, mais maison ou cité. Ne dites plus Institut de recherche mais Fondation. Ne dites
plus colloque mais regards croisés.
Et accessoirement, ne dites plus disez, mais disez dites.
L’avantage d’une paternité tardive est de rallonger cet âge paisible pendant lequel le désir de tuer le père – déjà mort ou moribond – comme la peur d'être tué par le fils – concurrent plus boutonneux que belliqueux – vous laissent tranquille.