Où sont les limites de la libertée d’expression ?
La liberté engendre aussi l’inconstance et l’opportunisme.
Il y a une double difficulté avec la liberté d’expression. L’expression d’abord, que l’on confond avec l’émission de bruits : le monde n’a jamais été aussi bavard et criard. La liberté ensuite que l’on confond avec les caprices d’égos toujours-déjà o...
Donner libère, peut-être ; ce qui est sûr c’est que prendre oblige et leste. La liberté est affaire de légèreté et de disponibilité.
La liberté d’expression est un peu le couteau suisse des concepts politiques ; elle a tous les usages, même les plus vils.
Ce n’est pas parce que la liberté est illusoire qu’il faut se résigner et suivre ; ce n’est pas parce que la volonté est tangible qu’il faut y croire et tout casser.
J’espère me tromper, mais il me semble que dans nos régions, plus on propose de la liberté, plus on réclame de la tutelle, des normes et des jugements de valeur.
La liberté supporte mal les limites et devient vite capricieuse voire tyrannique ; l’égalité ne tolère pas les différences et devient vite intraitable voire despotique. Que nous reste-t-il alors, à part la fraternité ?
La définition des concepts les plus abstraits (la liberté, la vérité, le devoir, la joie…) tient en quelques mots ; les dictionnaires en attestent. Le sens, lui, a besoin de temps et d’espace, il est bien trop à l’étroit dans une définition.
Une vérité absolue, comme le suggère l’étymologie, est une vérité sans attaches ; une vérité sans attaches, comme le suggère mon moniteur de voile, part à la dérive.
Aucune vérité ne tient dans un aphorisme. Sauf une.
Pour croire en une vérité sans pays et sans âge, il faut n’avoir pas voyagé, n’avoir pas vieilli.
Comme le zèbre n’est pas un âne à rayures, le mensonge n’est pas une vérité exotique.
L’inventeur de la vérité est un gros malin, il a déposé le brevet.
Nos mensonges sont le plus souvent mal interprétés sans que cela suffise à rétablir la vérité.
Les vérités, comme les fiancés ou les soufflés, doivent être ponctuelles.
Les chiffres, ça ne comptent pas. La vérité est dans les mots, entre le verbe et l'attribut, au creux d'une parenthèse, au détour d'une virgule, elle est substantive ou circonstancielle, adverbiale ou conjonctive. La vérité ne s'additionne ni se sous...
[Spoiler alert] La philosophie est une vieille femme, oui, mais qui aime être bousculée et adore qu’on l’emmène voir ailleurs si elle y est.
À l’époque du complotisme et des fake news, le grand perdant c’est moins la vérité que le doute. Les temps sont durs pour les sceptiques.
La vérité n’est pas une étoile qui brille au loin et dont on se rapprocherait, c’est une étincelle qui nait de la friction d’idées ou de mots, comme quand l’on frotte des silex. Ça peut aveugler et faire mal aux pouces, mais ça chauffe le cœur toujours...
Erreur à venir, point de vue musclé, aberration partagée, dogme abrutissant, imposture fourbe, illusion efficace sont les autres noms de la vérité.
− La vérité, on sait plus vraiment où elle est. − C’est pas faux ! − On y comprend plus rien. − C’est clair ! − Tout se mélange, on est plus certain de rien. − Ben ça c’est sûr !
L’or a ses chercheurs, la vérité aussi. Les deux déçoivent d’abord quand on les trouve car ils sont bruts, impurs et ne brillent pas ; il faut les travailler, les mettre en forme et en valeur. Alors, on devient riche, puissant et séduisant.
Construisons des cachettes pour y accueillir, s’il le souhaite, l’invisible.
L’inventaire du visible est à peine entamé et déjà l’invisible semble plat, pâle et pauvre.