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C'est Peu Dire

  • : Les Restes du Banquet
  • : LA PHRASE DU JOUR. Une "minime" quotidienne, modestement absurde, délibérément aléatoire, conceptuellement festive. Depuis octobre 2007
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Et Moi

  • AR.NO SI
  • Philosophe inquiet, poète infidèle, chercheur en écritures. 55° 27' E 20° 53' S

Un Reste À Retrouver

3 novembre 2020 2 03 /11 /novembre /2020 14:13

C’est touchant cette défense quasi unanime du livre qui est élevé au rang de produit essentiel à côté des pâtes et du papier toilette. Allez, rêvons un peu. Un jour viendra peut-être où tous les soirs à 20 heures on applaudira les libraires.

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2 novembre 2020 1 02 /11 /novembre /2020 12:50

Bien sûr que l’époque est compliquée. Faut-il fermer les commerces, lesquels, partiellement ou pas… ? Et revient aussi la question de l’essentiel que l’on peine à définir. Et puis le problème de l’articulation liberté – sécurité.

Et ce n’est pas tout, il faudra encore décider, à la fin du mois, si l’on doit dire redéconfinement ou déreconfinement ?

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1 novembre 2020 7 01 /11 /novembre /2020 19:32

– Hep !

– Trop tard. Eh quoi, tu me prends pour un taxi, s’agaça Idée ?

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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 20:22

– Allez, dit Œuf, excuse-moi, je sais bien que tu étais là avant moi.

– C’est gentil, répliqua Poule, je reconnais bien là ta modestie, mais non, nous le savons bien, tu étais là le premier.

– Je finis par ne plus savoir. Mais après tout, Poule, quelle importance. Ce qui compte le plus c’est que nous soyons toujours ensemble.

– Oui, Œuf, c’est tellement vrai. Et cette belle amitié est faite pour durer.

– … !

– … ?

– Non mais j’y crois pas, c’est Panda qui s’est déguisé en Œuf.

– Oui et Pangolin, en Poule.

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30 octobre 2020 5 30 /10 /octobre /2020 03:30

U

À première vue, le U est une urne. Oui, mais quel est son contenu ? Des cendres ? Alors c’est une urne funéraire et c’est une cause perdue, sauf résurrection. Des bulletins ? Alors c’est une urne de scrutin, pour consultation populaire au suffrage universel peut-être, et il faut attendre les résultats, sauf corruption.

Un petit futé, obsédé par les luttes armées, aurait aperçu un obusier qui attend son obus ; un gros lubrique, obnubilé par Uma Thurman, l’aurait vue nue dans son tub, juste avant qu’elle ait disparu ; enfin certains, moyennement crédules, ont reconnu une cuiller ou un club de golf tordus par Uri Geller.

On peut s’amuser un peu, mais étudions scrupuleusement le sujet. À part pour les urnes, la forme en U n’est pas judicieuse. Figurez-vous un univers en U. Plus besoin de trou noir, rien ne s’enfuirait, ni lumière ni bruit ; tout s’agglutinerait dans le culot, absolument tout : les humains, les utopies, les urubus, les URL, les usines à gaz, Uranus, les urinoirs, les cygnes adultes, les utilitaristes, les Uruguayens, l’UNEDIC, l’URSSAF, l’UGC, les USA, la culture underground, le tiret underscore, les unijambistes ubiquistes (il n’existe plus qu’un ou deux survivants), les urgentistes, les us et coutumes, les députés parachutés, les cumulo-nimbus, les agents de sécurité périurbains, tous les ustensiles de cuisine (spatules, écumoires, presse-purées, araignées à friture…) et même les pulls unisexes, tout sauf peut-être les univers parallèles (mais leur existence est discutée). Non, un univers en U, ce serait absurde.

Un pâturage en forme de U serait tout aussi ridicule. « Hue, hue », hurlerait le muletier à son mulet têtu qui refuserait de continuer, ce qui ne serait pas une surprise car un U est sans issu. Alors le muletier surexcité continuerait, « hue, hue, vas-tu t’exécuter, abruti ? ». La suite viendrait naturellement, fureur, torture, pulsion de mort, « veux-tu que je te tue, tire-au-cul ? ». La conclusion serait brutale pour le mulet acculé. Non, un pâturage en U, ce serait ubuesque.

Un U, ça peut être utile, pour une urne, on l’a vu, ou pour faire cuire sa nourriture, c’est entendu, mais pour le reste, c’est nul ; même et surtout pour un parachutiste, l’aventure serait funeste.

Soit, tout cela est burlesque et un peu puéril, mais une chose moins futile me perturbe, c’est au sujet de l’unité de la présumée universalité. Bien sûr, il faut être prudent dans ses jugements et toujours bousculer ses points de vue, mais j’aurais quelques réserves à formuler concernant l’universel. Je repense à mon urne où tout s’accumule, s’unit et finit par donner une mixture d’une parfaite platitude.

C’est le problème des purées. Une purée de légumes – hum ! – c’est succulent. Mais une purée de jugements, une purée de musiques, de coutumes, de costumes, qu’est-ce que ça produit ? Sûrement quelque chose de très ennuyeux et rebutant, régulier et sans nuances. L’urne à purée est puissante, aucun grumeau ne survit, le résultat est pur. Mais une purée d’usages, une purée de langages, de visages, de paysages, qu’est-ce que ça produit ? Sûrement quelque chose de peu séduisant, sans vertu. Faut-il pour construire l’universel, ruiner les singularités et nuire aux individualités ? N’y a-t-il pas une forte similitude entre unité et uniformité.

Alors bien sûr, l’universel vise aussi à réduire les injustices, procurer autant aux unes qu’aux autres. Il vise une juste distribution pour tous, peuples du sud et peuples du nord. Il vise à réunir des communautés respectueuses les unes des autres, à ouvrir du commun, construire des lieux sans exclusive, sans titulaires, juste une terre unique pour les humains.

Zut ! Les difficultés s’accumulent et l’espoir d’une solution irrécusable et faisant l’unanimité s’envole en fumée.

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29 octobre 2020 4 29 /10 /octobre /2020 03:09

Ne vous laissez pas impressionner, c’est la beauté intérieure qui compte, lança le requin blanc qui venait d’avaler une jeune surfeuse et se voyait bien continuer son repas avec un ou deux baigneurs.

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28 octobre 2020 3 28 /10 /octobre /2020 03:07

– C’était moi !

– Même pas vrai, c’était moi !

– Moi !

– Non, moi !

– Mais pourquoi vous vous disputez encore Poule et Œuf. L’important ce n’est pas d’être ce que l’on a été, mais de devenir ce que l’on a à être, dit Panda.

– … !

– Et puis, on est ce que l’on fait et on fait ce que l’on désire et on désire ce que l’on considère, continua-t-il.

– … ?

– Et puis il faut que le passé passe pour se dépasser, faute de quoi il repasse et tu trépasses.

– … ?!

– Et puis le présent est le passé de l’avenir.

– OK Docteur Confucius, donc, en plus d’être pandatesque tu es philosophiste, commentèrent Poule et Œuf.

– Oui, enfin surtout philosœuf et un peu poulitologue, conclut Panda en se tordant de rire.

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27 octobre 2020 2 27 /10 /octobre /2020 02:44

Simplet cachait-il son jeu ?

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26 octobre 2020 1 26 /10 /octobre /2020 02:42

En sortant de chez moi ce matin, j’ai croisé une femme qui dit à son amie en la quittant : « allez salut Belette, tu as le droit de freiner, mais ne t’arrête pas ». Je ne sais pas exactement ce qu’il fallait comprendre, mais j’ai trouvé le surnom mignon et je l’ai dit. « C’est mignon comme petit nom ! » Ce à quoi on m’a répondu « oui, mais c’est parce qu’elle est mignonne », ce qui nous a fait beaucoup rire, tous les trois. Ce micro-événement a suffi à éclairer ma journée. Le ciel était plutôt couvert, ce qui m’allait tout à fait parce que nous rentrons dans l’été austral, tête baissée sans regarder ni à gauche ni à droite. C’est tard, mais le dérèglement ne connaît pas les frontières. Tout se dérègle, même les règles des petites filles qui apparaissent de plus en plus tôt. Enfin, je ne fais que répéter ce que j’ai entendu sans l’avoir vérifié, je devrais me taire, il y a assez de spécialistes autoproclamés qui vous expliquent comment les footballeurs auraient dû jouer, comment on aurait dû tracer la route ou traiter une pandémie, le Covid-19 par exemple (ou « la » Covid, j’adore ces débats absurdes auxquels je prends part avec beaucoup d’énergie et très peu de conviction). Enfin, pandémie, c’est vite dit, en grec le mot signifie « qui touche tout (pan) le peuple (démos) », or seuls 35 millions de personnes ont été touchées. À propos, qu’est-ce qu’il en pense le peuple de tout ça, on lui demande son avis, hein ? Bon, je préfère ne pas parler politique, d’abord, il commence à faire chaud (ça, je l’ai déjà dit, alors j’aurais pu ne pas le répéter, mais c’est trop tard) et en plus j’ai un peu bu, pas beaucoup, mais un peu. Combien de grammes par litre de sang ? Sérieusement ? vous me demandez ? et vous croyez que je sais, moi ? En plus, ça varie en fonction de la taille du verre, du degré de la boisson, de ce que vous avez mangé, de votre corpulence. Pour la corpulence, je ne suis pas avantagé parce que j’ai décidé après le confinement de me prendre en charge, j’ai embauché un coach bien être, qui s’occupe de tout ça. C’est un bon métier coach, je ne sais pas si on gagne bien sa vie, mais ce n’est pas stressant. Ah oui, le confinement. Quelle histoire ! Enfin, c’est quand même 25 euros de l’heure (euh, plutôt les 55 minutes, j’ai vérifié). Moi, je n’en ai pas souffert, je n’étais pas seul ; j’étais avec Socrate, non pas le joueur de foot brésilien, mon petit chien. Lui, c’est un peu plus de 25 euros de l’heure qu’il est payé, mais c’est vrai qu’il ne boit pas (le footballeur, pas le chien). Enfin pas souffert, ne parlons pas trop vite, on découvrira peut-être plus tard des séquelles irréversibles. Mais comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas spécialiste, alors je préfère ne pas me prononcer. D’ailleurs, je m’aperçois que je ne suis spécialiste en rien et je le regrette. J’aurais bien aimé savoir presque tout sur une question très pointue. C’est très agaçant pour les autres, on vit seul et on meurt seul quand on est un spécialiste (j’ai entendu dire ça à la télévision, je crois que c’était sur M6, enfin, ce n’est pas très important de savoir sur quelle chaîne j'ai vu ça, quelquefois je m'attarde sur des détails sans importance, ça m'énerve), mais quand même, on est quelqu’un de très respecté quand on est un spécialiste. En fait c’est plutôt ça, j’aimerais bien être un peu plus respecté, attention je ne dis pas qu’on ne me respecte pas, mais quand même.

Bon je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça… ah oui, la belette.  

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25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 02:35

Il est de bon ton aujourd’hui d’attaquer les jeunes chanteurs français, leur musique serait pauvre et leur texte, indigent. Soit, c’est assez juste, mais je voudrais prendre leur défense et nommer les vrais coupables. Ce sont les concepteurs de mots, les inventeurs de langues, les responsables, ceux qui ont fait que ‘mettre de côté mon ego’ rime avec ‘regarder dans le rétro’ ; ce sont ceux qui ont fait rimer ‘dame’, ‘cam’, ‘gramme’ et ‘blâme’ – notez que Ronsard fait rimer ‘Madame’ avec ‘rendre l’âme’, vraiment, ce n’est pas mieux ! – ; et encore ‘Kylian Mbappé’ avec ‘t’es pas fatigué’. (Notez enfin que le vieux Ronsard faisait rimer Hélène et ‘haleine’, ‘Pénélope’ et ‘enveloppe’, je vous jure que c’est vrai !)

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24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 02:34

P

Le P est un R qui a replié une jambe, il est bien planté sur un pied, comme la hampe d’un drapeau. Plutôt pic ou piquet que passant, il ne se perd plus, ne se disperse pas. On peut penser à un pèlerin devenu pantouflard et patient, il ne penche pas vers l’avant et ne pense plus au passé. Petit soldat de plomb en pause qui ne pose pas de problème, ou planton impassible qui fait le pied de grue pour protéger quelque personnage prestigieux.

Le R est toujours en partance, le K progresse en cadence, le P, lui, a trouvé sa place, il a ses repères. C’est un profil sans prétention, un peu plan-plan ; ça peut ne pas plaire à tous. Doit-on pour autant le prendre pour un planqué ? Il est placide, sans passion mais puissant : essayons de comprendre sa pertinence.

C’est important de trouver sa place et pratique de connaître son personnage. Rien n’est plus pénalisant que le caprice et l’absence de plan ; rien n’est moins pardonnable que le parjure. Parfaitement, mais il faut prendre garde aussi au péril de la répétition, quand on n’expérimente plus, quand on n’apprend plus. Dépourvu de personnalité, sans perspective, on reproduit vite une vie prévisible dont on ne peut plus s’échapper, on copie, on plagie des pages qui ne nous appartiennent pas. Partir peut être pénible, progresser peut être épuisant, mais pire encore est l’épreuve de la platitude, le supplice du repos sans répit. On croupit dans la prison des habitudes, déprimé par le poison de la lassitude.

Changer de peau, changer de pays, de personnage, changer de paradigme, de programme, de parti, changer de point de vue, passer la frontière, parler aux étrangers… c’est compliqué, voilà pourtant ce dont on ne peut se passer si l’on veut comprendre un peu plus la complexité de l’expérience humaine.

À observer de près, le P pourrait passer pour un progressiste en période d’introspection, et peut-être prépare-t-il un nouveau départ. Soyons prudents, à trop attendre on prend de mauvais plis impossibles à perdre par la suite. Espérons donc que le P, s’il a trouvé sa place, soit prêt à explorer de nouveaux paysages. Il est des départs précoces, mais les placements peuvent être implacables. On ne répare pas une épave sans espoir. Il faut parfois rompre les liens pour se déprendre de l’emprise des opinions et l’oppression des préjugés.

Pour autant, un point encore est primordial –– les exilés le savent, ils ont payé cher pour l’apprendre –, le déplacement peut être une plaie profonde et pérenne. Rien n’est jamais simple ; ne nous prononçons pas trop promptement. Disons que quand on en a pris le parti, bien sûr, il faut partir, un peu n’importe où. Au bout de la planète, en Patagonie, en Papouasie ou bien tout près, juste là après le pont. Mais partir, ce n’est pas seulement un paquetage et des ampoules aux pieds, c’est aussi un état d’esprit.

Apprendre à passer, apprendre le passage, passer sur les présages pour poser des projets. Le projet du printemps, ce sont les prunes et les poires de l’été ; le projet du poète, c’est une page qui protégera la parole, une page qui prendra le parti des petites choses, disait Ponge.

L’impermanence n’est pas un caprice, pas une puérilité des corps et des pensées ; tout passe, personne n’est dupe et il faut s’y préparer. Le présent est l’impossible pointe du temps, beaucoup moins qu’une plainte, à peine un soupir. Mais le présent n’est pas la présence et voilà le problème qui se pose, celui de la présence. Comment développer une présence pleine, c’est-à-dire comment être proche de soi, proche des autres et du monde ? quelle est la bonne proximité, entre promiscuité et séparation ? quelle est la bonne amplitude, entre disparition et dépendance ? Quelle part de soi perd-on quand on part ? La part qui pèse ? la part qui porte ?

Voilà une pléthore de points d’interrogation. Les philosophes ont du pain sur la planche.

 

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23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 02:10

Si je gagnais un bon pour une opération de chirurgie esthétique gratuite, je ne choisirais pas les implants capillaires, ni les implants pectoraux, ni la rhinoplastie, ni le lifting cervico-facial. Non, je me ferais raccourcir les muscles zygomatiques pour pouvoir sourire, sans faire d’efforts.

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22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 02:16

On me reproche mes mensonges, mes approximations et tous mes petits arrangements avec la réalité. J’appelle ça être créatif.

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21 octobre 2020 3 21 /10 /octobre /2020 02:15

Adopteunrêve.com

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20 octobre 2020 2 20 /10 /octobre /2020 06:14

– Non, mais qu’est-ce que c’est que cette ridicule barbe blanche que tu t’es collée à la coquille, Œuf ! Tu crois vraiment que ça va suffire pour que l’on pense que tu es vieux et que tu étais là avant moi.

– Oui ben je te ferai dire qu’avec ta crête de punk, on voit bien que tu es beaucoup plus jeune que moi, Poulette. Beurk !

– Ne m’appelle pas Poulette, j’ai connu ta mère.

– Menteuse, j’ai fréquenté ton grand-père.

– Et si on jouait aux Sept familles, proposa Panda.

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19 octobre 2020 1 19 /10 /octobre /2020 02:12

K

Le K, vous me l’accorderez, est un cas déconcertant. Pour commencer, il faut remarquer le décalage entre la quantité ridicule de mots écrits avec cette consonne et la quantité colossale de mots qui ont recours à son son – comme dans « klaxon », [k] en phonétique. Cela s’explique : on peut utiliser ‘cc’, ‘c’, ‘q’, mais aussi ‘cq’, ‘ch’ et ‘k’ bien sûr, pour faire entendre [k]. C’est complexe et peu pratique et je compatis avec tous les cancres en dictée. C’est d’autant plus contrariant que l’unique lettre claire et univoque, en l’occurrence notre K, a été couramment blacklistée. On compte très peu de mots écrits avec un K. De surcroît, nombre d’entre eux sont carrément inconnus (sukiyaki, zek, kimberlite, tilak, kymographie, kawi, kob, padouk, snekjja, urokinase, kina, skuttérudite, haïk, hétérakis, alboka, akène, dyke…) et pratiquement tous désignent quelque chose d’allochtone, de spécifique ou technique. Bref, c’est une incongruité orthographique doublée d’une discrimination géographique. (Et si on casait des K partout – tout le monde passerait en khâgne, imaginez le souk à l’Académie ! –, on écrirait « J’akueille Katherine et Karim ki ont akis une sakrée kulture musikale, de Bak à Kristophe » ; plus besoin de dictionnaire des difficultés.)

Bon, cessons d’écouter et commençons à décrire ce que l’on voit. C’est soit très classe, soit très préoccupant. Je découvre une délicate Tokyoïte qui relève son kimono et trempe son pied dans le lac (Le Lac des Cygnes de Kimio Yabuki, bien sûr, inspiré du ballet de Tchaïkovski). Mais je vois aussi un soldat du Kaiser et son pas de l’oie cadencé. D’un côté une inquiète mélancolique et romantique, de l’autre un dictateur, ses tanks et ses kapos.

Le K évoque encore une danse folklorique, plutôt le kazatchok ukrainien ou la polka que le zikomba ou le zouk love martiniquais (vous connaissez Kolé-séré de Kassav : « … An sèl kout zyé fé mwen kraké… », ah, le Kréyol Matnik, « … Si nou té pran tan pou nou té kozé / Kolé-séré té ké ka dansé »…). Ou peut-être le kathak indien revu par Akram Khan, l’inclassable chorégraphe.

C’est curieux quand même, on a clairement réservé cette lettre pour dire les mots étrangers et ensuite, pour ne pas tout « confondre », on ne l’a plus utilisée pour dire les mots français. Pas étonnant dans ces conditions que le K soit devenu la lettre des « contre », ceux qui contestent les courants dominants et classiques. Hier, c’étaient les rockers punks (genre Talking Heads, « … Psycho killer, qu’est-ce que c’est ?... ») ou les hackers (genre Steve Wozniak, le geek de génie qui crackait les codes), aujourd’hui, ce sont les breakdancers (genre Kader Attou, l’acrobate iconoclaste).

À notre époque, c’est le contraire. Le K s’est fait récupérer – das Kapital, aurait dit Karl Marx. La lettre confère quelque chose d’exotique – ça s’appelle du marketing, d’autres parlent d’arnaque. Tuk-tuk, c’est plus vendeur que vélo-taxi et un kebab est un excellent casse-croute, bien meilleur qu’un sandwich carné ; vous préférerez boire un kombucha plutôt qu’une boisson lactofermentée (beurk !) ; les baskets se vendent mieux que les basquettes et on s’arrache les crop tops ethniks ; un deck en teck est plus confortable qu’un pont en pin ; un trek en yack, plus attractif qu’une promenade à dos d’âne ; un think tank est plus éloquent qu’un réservoir à idées. (Bon un kyste purulent reste un kyste purulent et une knacki, une knacki.)

En plus de contribuer au commerce, le K provoque la réflexion philosophique ; il démasque notre rapport schizophrène à l’étranger. L’étranger – Kényan, Kabyle, Kurde –, il nous captive mais on le craint (comme King Kong ou les Khmers) ; on l’accueille – Kalmouk, Sri Lankais, Kirghiz –, mais il doit se conformer à notre culture et nos codes (qu’il porte le kilt, soit, mais avec une culotte, for God’s sake!) ; il doit être bien éduqué – Kosovar, Koweitien, Kinois –,  mais truculent quand même (et nous conduire loin, jusqu’en Kanaky ou au Kamtchatka).

Qu’en penser en fin de compte ? Converge-t-on vers le concert des nations et le carnaval des peuples ? Ou creusons-nous l’écart entre les catégories, entre les classes, entre les couleurs de peau ?

 

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18 octobre 2020 7 18 /10 /octobre /2020 02:11

Hier au théâtre, c’était Debussy et Ravel.

Au premier rang, un photographe discret, falot et pour tout dire insignifiant, a pris quelques clichés sans flash et sans même le clic-clac sympathique qui signe les vrais appareils des vrais professionnels. En revanche, sur scène il y avait un magnifique caméraman. Avec aisance, il se déplaçait pour occuper tout le plateau et ne rien rater (les mains de la pianiste, les chaussures de l’altiste, les joues du tromboniste, le mouchoir du chef d’orchestre…) ; avec puissance et précision, il manipulait son engin pour varier les points de vue (bras tendus, squat, reptation…) ; d’un jeu de jambes élégant, il écartait le câble qui l’entravait parfois. Sans doute, c’était partiellement improvisé et pourtant la chorégraphie était parfaite. J’espère au moins que le photographe a immortalisé l’événement.

Debussy et Ravel ? Oui, c’était pas mal.

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17 octobre 2020 6 17 /10 /octobre /2020 02:17

Je viens de ranger ma bibliothèque et je me suis rendu compte que si j’avais été un écrivain, je serais entre Bertrand Russell et Edward Saïd. C’est pas mal, non ?

Pas mal, mais je préfère quand même mes voisines, Julie à gauche et madame Fontaine à droite.

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16 octobre 2020 5 16 /10 /octobre /2020 03:06

Au début, en entendant parler de confinement, de couvre-feu, de limitation des déplacements, de fermeture des théâtres et des restaurants, les écrivains se sont dit « chouette, coincés à la maison, les gens vont nous lire davantage ». Eh bien pas du tout, ce qu’ils ont gagné, ce sont des concurrents.

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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 02:51

– Incroyable, après tout ce temps, tu arrives encore à me surprendre.

Attendrie par le jeu d’ailes de monsieur, madame Éphémère se laissa à nouveau approcher par son vieil amant rencontré quelques heures plus tôt.

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14 octobre 2020 3 14 /10 /octobre /2020 03:11

Avec la nuit s’annonce le retour des mensonges qui nous sauvent de la vérité diurne.

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 03:10

Il ne faut jamais se fier aux apparences, ricana le terrible Ogre en dévorant quelques fillettes. Sa maman lui avait payé (très cher) un coach en image de soi et développement personnel, depuis, il se voyait avenant et distingué.

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12 octobre 2020 1 12 /10 /octobre /2020 05:00

O

Au premier abord, il est possible de se laisser embobiner par le O. Couronne royale, soleil prodigue, anneau doré des promis – l’amour pour toujours. Tout cela est formidable, c’est adorable et fort romantique. Le O en impose. Serait-il l’alpha et l’oméga ? l’origine et le tout ? Serait-il la forme de l’absolu ?

Cela semble trop beau pour être honnête. Cette mythologie d’un ordre accompli qui aurait résorbé le chaos ne serait-elle pas plutôt une énorme imposture ? Cette allégorie d’un corps sans organes, exonéré de toute pathologie, insoumis à la mort elle-même, ne serait-elle qu’un extraordinaire bobard forgé par quelques dogmatiques tordus ? Ce zéro occulte, qui pourrait tout parce qu’il n’est rien, ne serait-il autre chose qu’une grotesque comédie géométrique ?

Mon opinion est que cette dévotion est le symptôme d’une névrose collective, la nostalgie de la mort d’avant la vie. Forme totale, le O est le modèle du ghetto théologique. J’y vais fort, mais telle est mon hypothèse personnelle.

Totalement faux, objecteront d’aucuns : bien au contraire, le O symbolise le voyage harmonieux autour du globe, ou mieux, la ronde joyeuse de tous les hommes de bonne volonté, ou encore l’odyssée osée de néo-conquistadors solidaires et écoresponsables ! D’autres diront, observez, c’est la forme d’une bouche qui s’étonne devant les beautés du monde ; oyez, c’est l’adagio mélodieux d’un corps transporté par la volupté ; cet O, c’est l’éloge de l’innocence, c’est l’apothéose.

(Ce qui est formidable avec cet O, c’est qu’il autorise les théories les plus loufoques.)

C’est l’œil du bossu borgne Quasimodo, celui du cyclope Polyphème qui nous observe par le trou de la couche d’ozone ; c’est Pablo, un baron de la drogue (coca, pavot, opium), vu de haut sous son chapeau à Mexico ; c’est la roue de l’infortune d’un cochon d’Inde, obstiné jusqu’à la folie ; c’est la coupe au bol de Francesco, il santo di Assisi, mais si vous connaissez, il Poverello, l’homme qui parlait aux oiseaux ; doublez-le, les O jumeaux se transforment en deux gros, deux énormes roberts, ceux de la bimbo Lolo Ferrari.

Il serait possible de prolonger le catalogue, mais soyons raisonnables. Mon postulat est tout autre. O, c’est l’écho de la mort. Le O, c’est un monde clos, sans aube ni aurore. C’est un roman sans parole et sans mots, juste un O monotone et monocorde, assommé par sa propre sottise. C’est une forteresse égologique qui protège un hologramme contre des fantômes. C’est un océan sans littoral, une société sans utopies, un logis sans porte de sortie, c’est un port sans bateaux. Un port sans bateaux, ce n’est pas seulement idiot, c’est une sorte d’agonie.

À ce propos, je ne peux clore le sujet sans évoquer la chose : O, c’est l’ouroboros, le boa ou cobra qui se mord la queue. Pour certains, cela connote l’autonomie parfaite de l’être qui se féconde et se reproduit lui-même. J’y vois surtout beaucoup d’orgueil et l’ignorance de l’autre ; le vorace serpent est aussi fort arrogant, préférant l’autofellation à tout rapprochement avec son prochain. L’égo idolâtré est omniprésent et autosuffisant, il s’impose avec morgue et se moque de tout le reste, ce fossoyeur du commun, ce pollueur d’émotions.

Il n’est pas d’envol possible pour un ouroboros ; il n’est pas de voyage possible dans un O, pas de repos, pas de commerce, pas de dialogue, juste la course folle d’un astéroïde isolé qui flotte dans un cosmos sans horizon. On ne dort jamais dans un O, on n’en sort jamais.

Je préfère les routes cahoteuses et bornées des Hobos bohèmes ; j’aime les ornières, les obstacles, les fossés, les forêts. Je préfère la poésie des explorateurs, opaque, tortueuse, mais tonique et volubile. Je préfère le soleil des nomades au sommeil des bouddhas.

Alors, adore ton foyer, mais force tes O et honore le dehors.

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11 octobre 2020 7 11 /10 /octobre /2020 11:50

Sous prétexte qu’on ne cesse de le prendre en photo, il a la grosse tête. Ce qu’il n’a pas compris, c’est qu'on admire le paysage et ses couleurs, pas lui. La preuve, on ne prend jamais Soleil en photo quand il est seul, au zénith.  

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10 octobre 2020 6 10 /10 /octobre /2020 02:50

– C’est comme ça, je le sais bien, je suis psychorigide.

– Mais non, tu exagères touj…

– Tais-toi, tu ne comprends jamais rien. Je sais ce que je dis.

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