Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C'est Peu Dire

  • : Les Restes du Banquet
  • : LA PHRASE DU JOUR. Une "minime" quotidienne, modestement absurde, délibérément aléatoire, conceptuellement festive. Depuis octobre 2007
  • Contact

Et Moi

  • AR.NO SI
  • Philosophe inquiet, poète infidèle, chercheur en écritures. 55° 27' E 20° 53' S

Un Reste À Retrouver

22 juillet 2020 3 22 /07 /juillet /2020 02:49

A

Le A est un abri.

Il y a A et non-A, dit le mathématicien, il faut faire un choix. Il y a abri et sans-abri, dit aussi la vie au quotidien ; enfin, sans abri, la vie s’en va vite et vous abandonne à un quotidien abîmé et vacant. Sans abri. Comme une vie sans soir et sans matin, comme un chemin noir sans étapes, une phrase sans point – bla bla bla bla bla. A écartelé, comme un corps sans bras pour embrasser, pour enlacer ou pour saluer et accueillir. A décapité, comme une tête sans toit pour les idées qui partent et s'égarent alors et ne rentrent pas ; comme une bouche sans voix, qui marmonne un peu, qui balbutie mais ne parle pas et ne répond pas ; comme une face sans visage, qui ne regarde pas. Un moi errant, qui n’a pas son toi, qui change de place, que l’on déplace et qui s’absente. Il est là et non-là, à la fois, sans faire de choix.

Le A est la première lettre parce que ça commence là. Une cabane dans les bois, une masure, une baraque, une case ou une villa, une toile de tente, n’importe quoi, et même un palais royal, mais un abri, un abri qui ferme. Pour ouvrir. Un dedans pour saluer le dehors ; une cache pour honorer l’espace. Un ici pour aller voir ailleurs si j’y suis aussi, là-bas. Le dedans, c’est l’alibi : « je sors ! ». Sans abri, pas de sorties, pas d’échappées, pas d’escapades. Sans abri, pas de départs, pas de retours, pas de cœur qui bat. Pas de larmes séparées, pas de joies retrouvées, sans abri.

Le A est un abri, mais pas pour enfermer, au contraire, un mur et un toit pour protéger le regard et préserver le passage. Une barre verticale qui penche un peu à droite et s’appuie sur une autre barre verticale qui penche un peu à gauche et une troisième barre horizontale qui sépare l’étage et le bas. Le A est un abri, mais pas pour barrer, au contraire, pour trouer les pages et animer les images : une petite lucarne en haut pour appeler au voyage et une porte géante en bas, toujours grande ouverte, pour prendre soin du nomade qui habite au fond de toi.   

Partager cet article

Repost0
21 juillet 2020 2 21 /07 /juillet /2020 02:32

– L’écrivain (non sans arrogance) : Ce n’est pas parce que tu ne comprends pas ce que tu lis que c’est futile.

– Le lecteur (non sans insolence) : Ce n’est pas parce que tu ne comprends pas ce que tu écris que c’est subtil.

Partager cet article

Repost0
20 juillet 2020 1 20 /07 /juillet /2020 02:35

LNP

La tarte n’est pas l’écritoire.

Partager cet article

Repost0
19 juillet 2020 7 19 /07 /juillet /2020 03:30

– Ziva, eh j’men balec, boug’ de là.

– Mais… euh… c’est ton texte, ça ?

– Oui pourquoi ?

– Comment ça pourquoi ? Il n’y a rien qui te choque ?

– Oh, Monsieur est choqué ! Mais crétin, tu n’as pas compris que tu n’es qu’un ridicule petit acteur, une bouche, un bruit, un minuscule tiret de dialogue, c’est-à-dire, très exactement, rien.

– Je sais bien, mais quand même, on peut choisir nos textes.

– Tu ne choisis rien. Tu es une mécanique sonore, un rouage qui grince plus ou moins. Mais tu sais quoi, grand sage ? Le crétin d’auteur qui nous fait parler ne choisit pas non plus. Il est soumis à ce qui lui passe par la tête. Complètement sous contrôle.

– Oui mais c’est sa tête, ses idées, ses mots à lui. C’est lui qui invente et trie.

– Euh, s’il triait, ça se saurait. Il n’invente rien du tout ; je te le dis, c’est une antenne-relais, un transmetteur docile qui se prend pour un auteur rebelle. Je me marre !

– Alors il faut que tu m’expliques qui est le véritable émetteur. Qui parle vraiment ? Qui pense ?

– C’est ça le seul truc intéressant dans l’histoire. C’est qu’il n’y a pas d’émetteur initial. On répète tous et on copie quelque chose qui n’a pas d’original.

– Arrête, tout ça n’a aucun sens.

– D’accord avec toi, pour une fois.

Partager cet article

Repost0
18 juillet 2020 6 18 /07 /juillet /2020 03:04

Le secret ne dure qu’à cesser de l’être – un peu. (Comme le bout du pied qui dépasse, un peu, et révèle le corps caché sous la couette.)

Partager cet article

Repost0
17 juillet 2020 5 17 /07 /juillet /2020 02:34

Mais qu’ont-elles toutes à me tourner autour ? Pour qui se prennent-elles ? Elles n’ont aucune chance. Trop ternes ; trop rondes. Pas assez… solaires. Il y a bien Terre, pensait Soleil, qui est différente, d’un joli bleu, mais elle écoute de la mauvaise musique.

Partager cet article

Repost0
16 juillet 2020 4 16 /07 /juillet /2020 02:45

V

Le V est une vallée. C’est évident et on se demande bien pourquoi ‘ver solitaire’ et ‘verbe intransitif’ commencent par V. C’est comme ‘violon’, ‘véranda’, ‘voyou’, ‘vodka’, ‘viande hachée’ ou ‘maladie vénérienne’, vraiment, on ne voit pas le rapport ! Le V est une vallée, il faut être aveugle pour ne pas le voir. Ou un vase à la rigueur. Ça pourrait être une vulve, mais la vulve est plus ovoïde que « voïde » ; quant aux verges en V – il y en a de toutes les formes –, visuellement elles surprennent, mais elles manquent de vigueur, elles végètent et ne font pas très viriles, personne ne se vante d’en avoir une en V. Je reviens au vase. Attention, les vases en V sont instables et se renversent vite si on manque de vigilance ; alors, autant laisser les violettes sauvages et les lys dans la vallée, mettre son vase à l’envers et en faire une cloche pour couvrir les fromages ou un chapeau bavarois. Il est des êtres vivants qui voyagent bien, les virus, les VRP ou les colverts, mais les violettes sauvages, non, elles veulent rester dans la vallée avec leurs voisins, les rivières et le vent, les vaches et la véronique des ruisseaux ou la valériane des collines.

Dans les livres, on parle toujours du fond de la vallée, là où se trouve un petit village verdoyant, aux visages avenants, mais n’oublions pas les versants, les ravines et les crêtes du V. Pas de vallées sans montagnes ; pas de rivière sans rives, pas de rives sans rivière ; pas de bruit sans silence ; pas de lettres sans espaces. La vallée est un monde et la montagne est son avenir – ou peut-être est-ce l’inverse ?

Partager cet article

Repost0
15 juillet 2020 3 15 /07 /juillet /2020 03:11

La nature ignore les crises, les drames, les catastrophes.

Partager cet article

Repost0
14 juillet 2020 2 14 /07 /juillet /2020 07:48

C’est mal d’enfermer un zèbre dans un zoo, en plus c’est redondant.

Partager cet article

Repost0
13 juillet 2020 1 13 /07 /juillet /2020 09:27

Allez, avouez-le – et rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul –, vous vous apitoyez plus facilement sur le sort malheureux de votre ami (et partagez très sincèrement sa douleur) que vous vous réjouissez de ses succès (qui sont d’ailleurs, le plus souvent, peu justifiés).

Partager cet article

Repost0
12 juillet 2020 7 12 /07 /juillet /2020 12:21

On noya dans la soupe de pois cassés d’une présumée paysanne un petit poids en laiton pour vérifier que c’était une vraie paysanne. Eh bien elle avala tout, la soupe, les pois et le laiton en se régalant, ce qui prouvait que c’était une authentique paysanne.

Partager cet article

Repost0
11 juillet 2020 6 11 /07 /juillet /2020 22:25

– Dis donc, tu n’aurais pas pris un peu de poids, toi, lança ingénument Roseau à Chêne ?

Partager cet article

Repost0
10 juillet 2020 5 10 /07 /juillet /2020 02:08

T

Le T est une table. Il n’a qu’un pied, il semble stable pourtant et tient très bien. Mais son poteau monte, monte, monte toujours plus haut, jusqu’au plafond et son plateau touche le toit. Ce n’est pas commode pour poser les couteaux, les assiettes de tortilla, les coudes et les bouteilles de tequila.

Ça protège quand même de tout ce qui tombe du ciel : des météorites, des tirs de roquette, des tiges, des tubes, des tongs, des tôles, des tanks, des tasses, des toasts, des tuiles, du tabac, des tubas, des turbans, des tournevis, des tirelires, des tutus, des tartines de Nutella, des têtes de mort, des tonnes de bêtes, des tortues des Seychelles, des tigresses du Bengale, des têtards de l’étang, des hippopotames, des taupes, des thons bretons, des trucs intimes, des taches de rousseur, des taxis, des tickets de tombola, des tapis volants, des bouts de tibia, des restes de tripes, des tartes Tatin, du tarama, du taboulé, des tapas, des tacos, du steak tartare, des tapettes, des touillettes, des socquettes, des sucettes, des trompettes, des talonnettes, des tirettes, des petites pépites, des pétales de tulipe, du thym, du thé, du tea aussi, du tilleul, des tucs, des tic tac, des tas de tout, Tarzan, le tonnerre et plein de types tarés.

Ah ça, ça protège beaucoup mieux qu’un L, un T.

Partager cet article

Repost0
9 juillet 2020 4 09 /07 /juillet /2020 02:45

Il y aurait à peu près mille milliards de connexions synaptiques dans le cerveau humain et deux cents millions de trillions d’étoiles dans l’univers ; la distance qui nous sépare de la Grande Ourse serait d’environ 18 trilliards de kilomètres soit 18 000 milliards de milliards de kilomètres, ce qui est ridiculement moins que le nombre de combinaisons possibles au jeu de go.

Quand je pense que certains n’arrivent pas à choisir entre une quinzaine de pizzas différentes !

Partager cet article

Repost0
8 juillet 2020 3 08 /07 /juillet /2020 01:33

Certains sont faits pour servir et d’autres pour être servis. Aristote avait raison, pensa Milou, observant son maître ramasser ses crottes. Un bon maître d’ailleurs, serviable et habile qui lui aura sans doute préparé un bon repas ce soir encore.

Partager cet article

Repost0
7 juillet 2020 2 07 /07 /juillet /2020 03:01

– Je regrette l’époque où les hommes portaient des jupes.

– Les hommes n’ont jamais porté de jupes ; ce sont les femmes.

– Ah ? Alors je regrette l’époque où les hommes étaient des femmes.

Partager cet article

Repost0
6 juillet 2020 1 06 /07 /juillet /2020 02:45

L

Mais à qui doit-on le L ?
Il n’est pas fini, il lui manque des ailes, ou des pieds pour faire une chaise. Les Grecs, beaucoup plus lettrés que nous, le renversent et l’appellent gamma,
Γ. C’est sans doute moins stable pour un siège, mais en cas de forte pluie, on peut au moins s’y abriter, comme sous une tonnelle. Quant au L grec, le lambda ou Λ (précision pour les incultes qui ont choisi, en 3ème, connaissance du corps humain avec Mademoiselle Ledoux plutôt que Grec ancien avec Monsieur Dural), il protège aussi du soleil et fait même une tente très confortable (il est toutefois déconseillé de s’asseoir dessus).

 

Partager cet article

Repost0
5 juillet 2020 7 05 /07 /juillet /2020 03:12

C’est curieux, les séries. Voilà trois jours que je parle de vaches qui broutent. Bien sûr, j’aime ces animaux, mais tout autant j’aime le mot broute. J’aime le prononcer, j’aime ce qu’il fait dans ma bouche. Il y a de l’explosion, du roulement, du suspens et une finale très maîtrisée, comme le triple saut périlleux réussi d’un acrobate du son.

Prout est bien aussi mais un peu trop sonore. Brute se durcit en perdant la douceur du -ou-. But, qui se prononce buuuuuuut, n’est plus un mot, c’est un cri, un huuuuurlement. Boue est inachevé et vous laisse la bouche ouverte comme un crétin. Non, broute c’est vraiment bien.

Partager cet article

Repost0
4 juillet 2020 6 04 /07 /juillet /2020 03:00

– Tu vois, pour moi, la plus profonde de toutes les questions, ce n’est pas le sens de l’existence ou ce qu’il y a après la mort.

– Non ?

– Non, pas même de savoir si dieu existe ou si l’on atteindra un jour à la vérité, la vraie vérité, ces questions sont importantes et difficiles et passionnantes, mais il y en a une autre, plus… je ne sais pas comment te dire… plus profonde, oui, plus insondable.

– Ah bon, tu penses à quoi ?

– Le mal.

– …

– Le mal qu’ils nous font. Pourquoi ?

La Marguerite et la Mistinguett (deux belles charolaises nées en 2016, l’année des M) se turent et se remirent à brouter.

Partager cet article

Repost0
3 juillet 2020 5 03 /07 /juillet /2020 04:53

– Pour la poule et l’œuf, je ne sais pas, mais une chose est sûre, j’étais là bien avant toi, dit la moule au bœuf, qui acquiesça distraitement, n’ayant souci que de brouter l’instant, sans espoir ni regret.  

Partager cet article

Repost0
2 juillet 2020 4 02 /07 /juillet /2020 05:05

H

Il se prend pour une échelle, le H, mais il n’a qu’un seul barreau. Il a mis la barre trop haut. On dirait plutôt des bretelles ou une vache, non, un taureau. Mais attention au torero, un coup de hache accidentel et il perdra de son panache, notre héros.

Partager cet article

Repost0
1 juillet 2020 3 01 /07 /juillet /2020 05:22

RER B Châtelet, lundi, 19h47. Moi, iPhone 11 Pro blanc ; vous, Samsung Galaxy S20 Ultra noir. Je textais, vous scrolliez ; nos coudes se sont effleurés. Aimerais vous revoir.

Partager cet article

Repost0
30 juin 2020 2 30 /06 /juin /2020 05:02

Bio

Jordan Alamayre est né en 1988, il est l’arrière-petit-fils de Marcellin Godillon dont il ne sait rien et nous non plus. Sa grand-mère, Marie-Thérèse Godillon épousa Jean-Luc Pichon à Saint-Germain-en-Laye à la fin des années 50. Marie-Thérèse, une femme active mais charitable, fonda « Une Tétine pour toi aussi » qui offrait aux familles nécessiteuses des biberons de lait. Jean-Luc, un homme infidèle mais malhonnête, était négociant en vins. Ils eurent quatre enfants, dont deux filles et un garçon. Benjamin, leur cadet, épousa Martine Alamayre à Saint-Nom-la-Bretèche. Benjamin et Martine sont les parents de notre Jordan.

Jordan est un touche-à-tout, dit tendrement son père ; un bon à rien, précise sa mère. Disons qu’il ne manque pas d’idées, mais de rythme.

En septembre 2018, après une première tentative malheureuse de confection de chouchous (des chouchous fantaisies pour s’attacher les cheveux, en imitation velours), il lança un T-shirt rose (on pouvait lire « j’ose… » sur le devant et « … le rose » sur le derrière). Alors qu’il en avait déjà écoulé vingt-sept (« il faut savoir être patient » professait son père ; « même si on me payait… », rectifiait sa mère), la crise des Gilets jaunes éclata et ruina ses espoirs. Problème de tempo.

Début 2019, pour se remettre de cet échec, Jordan fit un stage de macramé dans le Larzac. Il y rencontra Chabir qui lui proposa de vendre des sculptures en savon. « Les touristes en raffolent ». Le 15 avril dans l’après-midi, il installa un petit stand discret sur le parvis de Notre-Dame. (« En plus, ça sent bon », disait le père ; « même pas dans les toilettes », disait la mère). Dans la soirée, la cathédrale s’embrasait. Médusé par le terrible spectacle, Jordan en oublia ses sculptures. Problème de tempo.

En 2020, après une initiation rapide auprès de son oncle Justin Lebon, il se lança dans la bière artisanale. Il racheta un J4 d’occasion et ouvrit son bar nomade. Il sortit d’abord une blonde légère brassée avec du gingembre et une stout charpentée qui surprenait pourtant par sa rondeur et ses arômes vanillés. (« J’ai tout bu… », le père ; « ça pue… », la mère). Il fêta l’ouverture du bar le 15 mars. Le 17, la France se confinait. Problème de tempo.

En août, Jordan va travailler comme plagiste-masseur du côté de Mimizan. Je ne serai pas étonné si les Landes connaissent cet été leur premier tsunami ou sont victimes d'une invasion de puces de sable. Pour ma part, je vais essayer les vacances à la ferme.

 

Partager cet article

Repost0
29 juin 2020 1 29 /06 /juin /2020 06:10

B

Doux comme un bonbon, rond comme un doudou, le B de bonhomme.

Partager cet article

Repost0
28 juin 2020 7 28 /06 /juin /2020 07:07

Ses romans s’ouvraient comme des fenêtres sur le monde et ses poèmes, comme des lucarnes sur le firmament, mais la vieille porte de son hangar restait scellée comme un document classé secret.

Partager cet article

Repost0