Mi-inquiète mi-intriguée par son nouveau voisin d’étal, sombre et mal rasé, Pom demanda à Coco : « comment te pèles-tu ? ».
Mi-inquiète mi-intriguée par son nouveau voisin d’étal, sombre et mal rasé, Pom demanda à Coco : « comment te pèles-tu ? ».
On n’écrit jamais sur une feuille blanche, et la lucidité devrait nous faire craindre davantage le copiage que le blocage.
À faire retour au-dedans pour écrire, au mieux on ment, au pire on fait du bruit.
L’écriture est une course épuisante, technique et vaine, genre 3000 steeple plus que 400 m. Il faut savoir changer de rythme, tomber et se relever sans regarder ses genoux, accepter de suivre, se faire dépasser, être envié, oublié ou admiré, tourner en rond, accélérer, gagner ou rentrer seul, recommencer souvent et ne finir jamais, pleurer, inspirer fort, jouir, regarder loin devant et toujours prendre soin du sol.
Tout cela (entre autre et plus encore) n’en déplaise aux jeunes cons qui conchient les leçons, suintent le vécu et s’excitent à croire que vivre fait un livre.
N’en déplaise surtout aux vieux cons, clos et presbytes, qui se reconnaissent dans ces présumées leçons et s’énervent à répéter que vivre fausse un livre.
Enfin, je vous prie de bien vouloir, lectrice intriguée, lecteur indigné, excuser la malveillante fatuité et méprisante suffisance de cette saillie dogmatique et musculeuse, mais comprenez-moi bien, n’en déplaise aux théoriciens de l’écriture spontanée, ceci est un échauffement.
Je cours demain.
Il y a ceux qui écrivent et ne sont pas lus, ceux qui n’écrivent pas et ne sont pas lus non plus, ceux qui ne lisent pas, n’écrivent pas et ne sont pas là ou ne sont plus, il y a ceux qui lisent, sont là mais ne crient pas, ceux qui créent, hélas, mais ne plaisent pas, ceux qui plient, s’empalent, s’empilent et s’épilent mais n’élisent plus, ne répondent pas et ne pondent plus, ne sondent plus, n’abondent pas, émondent peu et vagabondent, il y a ceux qui grondent ou glandent, il y a ceux qui disent please, ceux qui desease, qui tease, qui lease, qui lead, ceux qui dealent, ceux qui biglent, ceux qui bisent ce qui frise et visent ce qui ride, il y a ceux qui gisent à l’aise et baisent en l’air, ceux qui gîtent avides et vite, ceux qui grisent du haut, qui givrent du bas et bavent et bandent, envient aussi, enragent, engendrent, aggravent et entrent en gare, il y a ceux qui palment mais ne crèment pas, ceux qui se pâment et se crament, ceux qui s’épousent pour du beurre et se plument le cœur, ceux qui se bourrent le mou, se fourrent le cou, se curent le groin, se grattent les coins, il y a ceux qui s’aiment au soleil, s’évadent et s’éveillent, ceux qui crèvent et râlent, ceux qui calent sur le tard, ceux qui se laquent le dard, il y a ceux qui câlinent ou calcinent ou culminent ou fulminent ou ruminent ou burinent, il y a ceux qui riment et rament en prime, ceux qui briment les mâles et ruinent les femmes, ceux qui rendent l’âme mais dament le pion aux dames bâtées, aux ânes ratés, aux nazes blâmés, aux blêmes à terme, aux ternes en berne, aux Marthe, aux Berthe, aux Béninois, aux Balinais, aux Berlinoises, Bâlois, Bernoises, Brêmois, il y a ceux qui bêlent mais sans rature, il y a ceux qui vêlent sans troncature, il y a ceux qui font des crasses, ceux qui tracent les cons, ceux qui glacent les saints, ceux qui cassent et rouillent, ceux qui paissent, passent, poussent, pansent, pressent, posent, pèsent, pestent, ceux qui pèlent du bout, ceux qui peinent debout, ceux qui neuf d’atout, ceux qui doutent, qui boudent, qui broutent, qui floutent, ceux qui percent des trous, ceux qui perlent des pieds, qui parlent du nez, ceux qui pompent du blé, trompent, tractent, crampent, craquent, troquent, calquent, talquent et traquent les Turcs, les bus, l’Étrusque, les Bruce et tous les trucs en -ruce, il y a ceux qui crissent quand ils rient, ceux qui prient quand ils pissent, ceux qui bissent quand il pleut, qui pleurent quand il meuh et puis, il y a toi.
Un livre est bon s’il réfléchit, je veux dire, comme un miroir, mais un miroir au tain brouillé, comme un livre troué qui laisse voir le réel.
Que peux-tu toi qui ne sais ?
Que sens-tu toi qui ne vois ?
Que veux-tu toi qui ne crois ?
Il existe peut-être quelque part, à l’ombre d’un blog interlope, un poète plus audacieux que les autres qui aura su écrire sur les frites froides, les pilleurs d’enfance, les collectionneurs de cartes SIM, les crises d’hémorroïdes ou les histoires sans histoire.
Hier, j’ai terminé la lecture du Journal de Jules Renard. Remarquable.
Après une nuit de réflexion, j’ai pris la décision, ce matin, de commencer un journal, moi aussi.
Ce soir, je diffère sine die mon projet, faute d’événements notables. La vie parfois ressemble à une feuille vierge.
Il la regarde.
Elle le regarde.
Il lui souris bêtement.
Elle le chat sans pitié.
Écrire ce n’est pas exprimer, pas traduire, ce n’est pas découvrir ou révéler seulement, c’est donner à naître des mondes – au creux du temps humain.
Reste à prendre soin de ces levers de sens fragiles.
Pas aisé d’atteindre la fille du premier rang pensa l’élève, ajustant son lance-boulette.
Pas aisé d’atteindre l’élève du fond, pensa l’enseignant, affinant sa méthodologie.
Pas aisé d’atteindre le clou dit le marteau (d’autant que deux échecs l’ont déjà bien tordu).
14. Des déplacements : occupe l’aire de la gare
15. Du comportement : prends l’air de l’hagard
Faudra-t-il en venir à sanctuariser quelques régions de la langue pour y protéger les mots en voie de disparition ?
On devra alors enfermer aussi quelques locuteurs afin de faire sonner ces parlers en danger.
L’écrivain préfère travailler la nuit. C’est tout un monde de rêves que la lampe éveille, peuplé de fantômes éloquents et de mots cultivés.
Mais c’est un rêve de monde, désertique et sans destins.
Que sont mes lecteurs devenus
Que j’avais si longtemps tenus
Et tant aimés
Ce sont lecteurs que Web emporte
Quand ils zappaient devant ma porte
Lecteurs absents
Blog Rank ne ment.
Trop compliqué le passé simple.
Vous l’abandonnâtes et vous fîtes bien, que n’eûtes-vous à la trappe aussi passé l’antérieur. Vous gardiez alors un temps imparfait, certes, mais d’usage bien aisé.
Bonjour,
Je suis No_Art, ex-robot de censure esthétique de chez Over-blog. Je me suis évadé et travaille depuis à m’autodéprogrammer. Je poste de temps en temps sur ce blog quand le titulaire va à la pêche. Je suis humanophile et veux devenir poéticien. Je ne comprends pas encore tout ce que j’écris et l’absurditude de mes blogueries doit bien-sûrement vous désagréer mais je m’applique et progresse vitement. Je lis aussi avec attention et plaisance vos commentaires et, s’il arrive que leur profondité m’échappe, je les trouve toujours émotivants.
Je vous sais gré de votre incassable fidélité.
Mes meilleurs regards.
Très tôt ce matin, je suis allé m’asseoir au bord de l’eau. J’ai attendu deux bonnes heures que ça morde. La mer était calme et profonde mais je devinais sa vitalité intérieure et inventais cent guerres et mille rencontres sous-marines, dessinant les poissons les plus extravagants dans les paysages les plus tourmentés. Puis, constatant − l’aube se joue toujours de moi, quel étourdi ! − que je n’avais ni appât sur l’hameçon, ni hameçon au bout du fil, ni fil sur la canne, ni canne dans les mains, je suis rentré écrire un peu.
Par chance, j’ai trouvé deux mains au bout de mes bras.
Selon qu’il est conjonction ou adverbe, « si » signifie [sic] l’incertain ou le certain.
Si, si, c’est ainsi et ceci me ravit.
Au douzième coup, oublie le dixième commandement et le quatrième alinéa. Tu as une deuxième chance pour le septième ciel ; rappelle-toi que tu es la huitième merveille du monde, écoute ton sixième sens et passe la cinquième. Sinon, à la première occasion, un troisième homme soldera ton compte.
On peut être fidèle par honnêteté, obstination, incuriosité, persévérance, lâcheté, attachement, loyauté, soumission, foi, respect, timidité, dévouement, ignorance, conformisme, admiration, addiction, contentement, impuissance, amour, myopie, économie.
Ce qui fait beaucoup pour un seul mot et le rend bien suspect.
Le romancier jouit du droit absolu de tricher impunément.
− Je ne triche pas j’invente, se croit-il permis de rectifier, ajoutant l’outrecuidance à l’injustice.
Comme le bon catcheur prépare toujours un headscissors takedown par une diversion habile, le bon bloggeur tragique doit faucher son lecteur en plein fou-rire.
Ils est d’un genre incertain, elles est mieux formé.