Le fleuve n’a pas toujours une longue vie tranquille.
Le fleuve n’a pas toujours une longue vie tranquille.
Souverain, et doucement complice des événements les plus insignifiants, il parvenait à s’installer éternellement dans les instants les plus menacés, le faîte du désir comme le seuil de la rencontre.
Je sais
tu sens
tu cèdes
je serre
je cesse
tu sauves
tu songes
je sape.
Une sœur à sec qui suce les sels et sème ses cils [sic], c’est sale, certes, mais bon sang quelle scène !
Un sot qui suit le vent et sent la pluie, c’est sûr, ça sert à rien !
Un sage qui singe un sourd qui joue au singe, au secours, ça sent la fin !
Tous les voleurs ne s’envolent pas.
Tous les violeurs ne s’avisent pas.
Toutes les valeurs ne s’avalent pas.
Qui singe un sage en rage ira en cage. Dommage.
À quoi ça rime
quand d’autres triment
de faire des vers ?
À quoi ça sert
quand d’autres meurent
d’aimer le beurre ?
Prise de bec
Crise de choc
Mise à sac
Le grand Duc
Est à sec
Et sa bique
Pleure le CAC.
Euh… Zut le souffleur n’est pas là. De toutes façons, il n’y a aucun texte à souffler. Je pourrais toujours siffler, même si à l’écrit ça ne passe pas bien, mais il n’y a pas de lecteurs non plus. Non, non, je vous en prie, n’éteignez pas votre télévision, après tout, vous avez raison, on a surestimé l’écriture, elle mériterait bien, elle aussi, une bonne dégradation. Et puis ça a l’air intéressant votre série. Dites-moi, la blonde, c’est sa femme ou sa maîtresse ?
Le gardien du phare est parti chasser.
L’opulent cargo est resté au lit.
L’océan vexé a choisi l’exil.
Comme le pêcheur, avec patience et philosophie, le poète attend que morde le mot. Avec patience et philosophie, comme le pêcheur, il accepte les prises modestes. Le poète aussi, toujours, philosophe et patient, revient le lendemain.
Sur le fond noir d’une nuit mate et rauque, de blanches chenilles s’agitent, laborieuses et goulues, indifférentes à l’inexplicable silence de mort de la situation - quoique fort dodues pour leur âge.
On a connu l’écriture au vitriol. Aujourd’hui domine plutôt l’écriture à l’huile d’amande douce.
Si vous parveniez à pénétrer secrètement le silence tyrannique et sacré qu’imposent les écrivains à leurs proches, ce n’est pas une terre désertée ou peuplée seulement de concepts exsangues et de lexiques sans vie que vous découvririez, mais une foule joyeuse et courtisane qui vénère bruyamment son idole, son prince aux lèvres d’or.
Le jeu sans joug
La joie sans foi
L’aveu du fou
Le feu du vin
La fin sans voie
Il pouvait siffler deux mélodies à la fois et connaissait plus de cinquante noeuds, il savait le silence et grimpait à la corde sans les pieds. Il aurait fait un remarquable traducteur mais il ne supportait pas l'avion. Il répétait presque tous les matins qu'il aimait son café aussi noir que le soleil était jaune. Comment sait-on si l'on est sur la bonne route ?
− !
− ?
− …
En étymologiste érudit, il déchiffrait rides et cicatrices, liftings et gommages et lisait chaque visage comme un palimpseste indiscret.
La vasque basquaise de la skieuse vicieuse refoula la bisque visqueuse du basque bilieux.
Le grand livre du monde.
Manifestement un premier jet, touffus et baroque, trop d’adjectifs, ponctuation lacunaire.
Prometteur néanmoins.
Noces de feu
Fosses à nœuds
Nonnes osseuses
Fesses à vœux
Le gland du gars Godo.
La gare d’Agathe au vent.
L’aveu sans gants.
Le glas du gros.
J’ai déjà écrit plus de 850 titres, et la plupart sont excellents.
À raison de dix par page, ça ferait presque un petit livre.