Souvent je reste là, hypnotisé, porté par son rythme sans défaut, longtemps, longtemps. Il clignote, que dis-je, il bat, il palpite comme un cœur infaillible, encore, encore. Il est là, c’est certain, fidèle, disponible, d’une patience inépuisable, que j’écrive ou n’écrive pas, métronome indulgent, il vibre, il vit, interminablement, il attend, confiant, constant, si justement constant, sur la page blanche de mon écran, plus fort que la fatigue, il se moque de l’ennui et ignore la mort, comme un pouls perpétuel, réconfortant, toujours, toujours. Ne juge pas, ne corrige pas, ne condamne pas. N’abandonne pas. Bat seulement, bat et vibre sans vaciller, jamais, jamais. Toujours à m’accompagner, toujours dans mes mots, dans mes silences, dans mes blancs, dans mes bleus, plus fiable que le retour du matin, discret dans mes retraits, modeste dans mes réveils, d’accord pour tout, le plus vil et le plus grand, l’indigent, l’exubérant, il attend et pardonne. Il attend. N’abandonne jamais, mon curseur, me précède et me suit jusque dans les plus obscurs méandres de l’insensé, jusque dans les plus infertiles déserts de l’absence. Il bat. Il bat. Il bat.