On tourne en rond dans ce bocal et rien dehors. Si au moins des extraterrestres venaient changer l’air.
On tourne en rond dans ce bocal et rien dehors. Si au moins des extraterrestres venaient changer l’air.
Faudra-t-il aussi se méfier des dictionnaires ? En cherchant, sans intention de nuire, un synonyme de ‘prendre soin’, j’ai trouvé ‘bitumer’ !
Les pigeons préfèrent le vol en compagnie : se faire plumer collectivement est moins douloureux.
Il n’est pas interdit de n’avoir rien à dire ; il n’est pas indispensable de le faire savoir.
Je ne sais par quelle habileté géométrique il conciliait une raideur sèche et inflexible et un égocentrisme flasque et bedonnant.
– Bonjour. (À quoi rêves-tu jolie caissière ambrée ? ma princesse estivale, tu es le vent et le soleil, évadons-nous...).
– Bonjour. (Y va le taper son code, ce gros con !).
C’est malin, il s’est pris pour un philharmonique à lui tout seul pendant trois mois, jamais fatigué, toujours mélodieux, prolixe et inspiré ; et voilà, il est aphone maintenant, mon téléphone.
Bien malin qui distinguera les jumelles rondes et souriantes que sont diplomatie et hypocrisie. Malgré un air de famille, ruse a les traits plus tirés.
Je suis qui je suis, avait-Il dit.
Nous sommes ceux qui suivent, ont-ils repris.
Inversant une loi quasi universelle, il assumait toujours ses échecs et relativisait ses succès. Il s’excusait presque de réussir, rappelant ses dettes : l’école de la République, une bonne santé, une mère aimante, la chance et même un père alcoolique et indifférent qui ne l’avait jamais battu.
− Ne vois-tu que tu es minuscule ?
− Quoi, moi ? Et toi alors !
− Moi aussi, bien sûr, je suis minusculement ridicule.
− Et lui ?
− Mais lui aussi est ridiculement insignifiant.
− Hein, nous serions tous d’infimes presque-riens ? C’est terrible !
− Oui c’est terrible ; terrible de ne pas le voir et terrible de s’en affliger. Dansons notre minusculité et chantons notre ridiculité, louons notre toute-petitesse et fêtons notre dérisoirité.
Qui ne voit que l’hypocrisie est une vertu sociale qui nous protège au quotidien ?
Tu nous amuses petit clown
Tu nous enchantes jolie jongleuse
Tu nous éblouies bel acrobate
Tu nous émeus vaillant dompteur
Ah si le monde était cirque et non pas théâtre !
Hier, ma cousine Leïla a rencontré, et dans la même journée, N. S., une chancelière allemande et F. H, un joueur de tennis espagnol numéro 2 mondial. (Cherchez pas, j’ai changé les initiales parce que ma cousine Leïla m’a demandé de rester discrète. Je ne suis pas jalouse mais je l’envie quand même d’évoluer dans ce milieu. En plus, elle est restée simple, ma cousine Leïla.) Elle les a tout de suite reconnus ; eux aussi, ils se sont dirigés droit vers elle. Les échanges ont été « courtois et professionnels », c’est ce qu’elle dit toujours ma cousine Leïla.
− Passeport please. − … − Thank you.
Ma jeune voisine a un chien, c’est un immonde baveur obèse et apathique. Ma voisine avait choisi l’option B2I au collège. Ma voisine est contrôleuse de gestion. Il s’appelle Éros.
C’est important pour l’aventurier qui prend des risques de retrouver tous les matins, à peu près au même endroit et la même heure, dans des tons assez proches, occasionnant des commentaires quasi identiques, le lever du soleil.
À part EDF et le Crédit Agricole, plus personne n’envoie de lettres, se lamentait Lucienne en finissant sa tournée (chaque année plus longue, rapport à la réduction de personnel). On s’écrit plus, on se parle plus.
Remarque, c’est pas vrai de tout le monde, pensait-elle, se souvenant de Raymond rencontré l’été dernier aux Maldives, à l’hôtel Blue lagoon. Un gentil gars mais infoutu de faire du pédalo en rythme et qui l’avait saoulée pendant quinze jours à lui parler en latin du matin au soir. Heureusement qu’il allait se coucher à 20h45.
Eh toi, le bavard, tu as trouvé la formule, mais tu as perdu les mots.
On nous enferme dans des cases, on nous impose le même moule hurlaient à l’unisson, les Petits de chez Lu.
Prends soin de toi, lui dit-il, trop content de n’avoir pas à le faire.
C’est bien la globalisation, c’est démocratique et ça sert le progrès humain : plus besoin d’attraper le paludisme pour goûter aux mangues ou d’apprendre le japonais pour jouer au sudoku.
La banquise fond, le vieux chêne rompt, le jeune loup s’use et la foule ruse et s’amuse, incapable d’inventer de nouvelles voies inaccessibles.
Pire que ceux qui fatiguent avec leurs problèmes graves, il y a ceux qui assomment avec leurs réponses évidentes.
Tu feins la fin, fénéant, et vends ta vie − trop chère à l’entretien. Et ce sont bien la limace et le chèvre-feuille, s’ils avaient du temps à perdre et des leçons à donner, qui pourraient t’apprendre à murir.
La médisance est une activité fort pratiquée ; elle est plutôt plaisante et très consensuelle, et cela adoucit la pensée funeste que l’on doit bien en être aussi la victime.