Tu veux faire du stand-up, mais tu hésites. Tu ne sais pas si tu sauras faire rire. Je te propose un test infaillible pour vérifier. Tente une blague sur Pierre Palmade. Si tu amuses, ton avenir est tout tracé.
Tu veux faire du stand-up, mais tu hésites. Tu ne sais pas si tu sauras faire rire. Je te propose un test infaillible pour vérifier. Tente une blague sur Pierre Palmade. Si tu amuses, ton avenir est tout tracé.
– Mais qu’est-ce qui se passe, Poule, pourquoi Coq ne chante pas ce matin ?
– Abruti à coquille, il ne chante pas parce que c’est encore la nuit.
– Oui ben justement, grognonna Œuf, moi j’aime pas la nuit, c’est long, ça fait peur et y’a rien à faire.
– Ah, la nuit ! s’illumina Panda, la nuit…
– C’est ça, Œuf, la nuit c’est fait pour ne rien faire et surtout laisser les autres ne rien faire.
– Justement, c’est nul, en plus on peut pas jouer avec les copains et aussi on voit rien.
– … mais est-elle ce que l’on croit, la nuit, nous les photophiles, les nyctaphobes…
– Eh Poule, j’ai entendu un fantôme de nuit.
– … la nuit est le refuge de tous les matins, elle est l’hiver infatigué de tous les chemins…
– Crétin sans plumes, c’est Panda, et tu vas devenir comme lui si tu ne dors pas la nuit, menaça Poule.
– … oui les amis, la nuit est le cœur noir de tous les feux, de toutes les folies…
– Waouh, ça fait peur ! T’as raison, Poule, il faut que je dorme un peu. Allez, bonne nuit et ne réveille pas Coq.
– … elle porte, en silence, tous les poèmes, la nuit, et tous les départs…
–
– … elle donne tout, reprend tout et donne encore…
–
– … puissance sans royaume, vacance des artifices, juste dormance aux couleurs innomées…
–
Oui mais qu’est-ce qu’on aime quand on aime ?
Hier j’étais à la plage. Bon la plage, on aime ou on n’aime pas, moi, je regardais les planches à voile et les kayaks à fond de verre. C’est comme ça, certains s’y ennuient, d’autres font des mots fléchés, moi, j’écoutais le petit Léo me donner sa recette de béton anti-vague à base de sable mouillé. Et puis, il y a les amateurs de glaces et ceux qui préfèrent les chichis, moi, je n’écoutais pas les conseils de cuisine de mon amie K. Quoi d’autre, on peut jouer au volley ou prendre des selfies, moi, j’observais les vagues ruiner le barrage de Léo. Bref, une journée ordinaire, destinée à disparaître rapidement comme les pâtés de Léo.
Je fus alors pris – il devait être cinq heures, cinq heures et demie – d’une envie de boire. Cela s’expliquait, j’étais là depuis trois bonnes heures. Bien organisé, j’avais une bouteille dans mon sac ; je la saisissais donc.
Évidemment, pour boire, j’avais dû incliner la tête. C’est à ce moment que tout bascula. Bouleversé, choqué, comment dire, abasourdi, époustouflé, en levant le nez, je découvrais un ciel de traîne d’une beauté insolente, une merveille à décourager les peintres, un spectacle renversant qui tapissait tout le ciel, une perfection à humilier les photographes. Un ciel probablement là depuis près de trois bonnes heures au moins, lui aussi et que je n’aurais pas vu sans cette envie de boire.
Je décidais d’écrire quelque chose et de retour à la maison, je mettais mon texte sur le blog jugeant l’événement intéressant. J’avais bien conscience que ce n’était pas révolutionnaire, mais je jugeais l'événement très intéressant, oui c'est ça, très intéressant.
Ce matin, en me relisant, je n’en suis plus si sûr.
Le monde n’est pas un théâtre car on ne joue pas, on ment. Certains finissent même par oublier qu’ils mentent.
J’adore le mot rature. D’ailleurs, je ne me remettrais pas de la disparition de la chose, c’est pour cela que régulièrement, je pousse mon ordinateur, prends un carnet, écris et rature un peu pour ne pas perdre la main.
Le mot est beau. Il raconte bien les aventures d’une écriture qui se tâte et rate au ras du trait, loin encore de la littérature.
(Ratatouille, ratafia et Port-Mathurin sont très réussis aussi mais ils n’ont rien à voir.)
Écrire, ce serait quitter l’innocence… quelle blague ! L’écriture est une planque où les seuls ennemis sont les participes passés, le seul risque, une tendinite du poignet et les seules blessures, celles des personnages.
L’accord, voilà bien quelque chose d’essentiel, et en toutes choses.
Or, comme il y a des maîtres qui ne vont pas avec leur chien, des voix qui ne vont pas avec leur corps, des vins qui ne vont pas avec leur plat, des cravates qui ne vont pas avec leur chemise, il est aussi des mots qui ne s'accordent pas avec leur sens.
Prenez “carminatif’’. J’y sens le feu de la passion, celle de Carmen, sa chair incarnat et ses lèvres carminées, je pense à des chants incandescents et des danses incantatoires, bref le charme fatal du désir écarlate. Eh bien non, carminatif désigne ce qui est propre à expulser les gaz intestinaux.
Écrire, c’est quitter l’innocence. Pas de retour possible.
Je ne comprends pas ces touristes qui continuent de voyager alors même que pour chaque destination, chaque monument, chaque paysage vous trouvez facilement sur internet des photos et des vidéos sublimes que vous pouvez admirer, tranquillement assis sur votre terrasse.
C’est vrai, concèdent-ils, les ampoules, les Espagnols qui parlent fort, les taxis désorientés, les queues interminables, la météo xénophobe, les Chinois qui sont de retour, la double tarification, la diarrhée du voyageur, la grève des aiguilleurs…, c’est vrai tout ça, mais les odeurs, tentent-ils en dernier recours, vous ne les avez pas sur YouTube ou Instagram, les odeurs.
Ils parlent sans doute des odeurs de transpiration, de graillon ou de déjections animales, les odeurs de diesel, de chiens écrasés en décomposition, les odeurs d’urine d’hommes (l’odeur d’urine de la femme reste un grand mystère, elle est tenue cachée) ; odeurs urbaines de pneus brûlés, odeurs rurales de lisier ; nuisances olfactives au nord, puanteurs à ciel ouvert au sud.
Il reste un avantage à ces dérives touristiques, c’est le passage par la zone hors taxes des aéroports où l’on peut acheter à bon prix du déodorant à la coco et du shampoing à la pomme.
La taille compte et elle est proportionnelle au respect que l’on a pour son partenaire. Écrire court, c’est honorer son lecteur et lui faire confiance. Écrire long, c’est générer de la dépendance, de l’addiction même.
Du point d’exclamation à satiété, de la majuscule ad nauseam et, à l’inverse, du point-virgule qu’on ne sert plus ou de l’espace qu’on ne sait pas couper.
Ponctuer, c’est comme poivrer, c’est un art subtil de l’assaisonnement et les textes souvent sont trop fades ou trop relevés.
(À raison, on me reproche une écriture trop poivrée. Certes, mais j’utilise du poivre sauvage de Madagascar – exclusivement.)
Des fois, j’ai une idée. Là, dans la tête. Alors l’idée elle vient, elle est là, mais je sais pas d’où elle vient, ça fait bizarre. Vous comprenez. On peut pas dire pareil avec une voiture. Du genre le gars il dit, ben c’est bizarre, j’ai une voiture dans le salon, mais je sais pas d’où elle vient ! Ben non, ça se peut pas, ça serait trop bizarre. Encore que.
Figurez-vous que dimanche dernier, il m’arrive un truc vraiment bizarre. Je sais, je dis souvent bizarre, mais si c’est bizarre, ben c’est bizarre, c’est tout. Donc. Je raconte.
Alors le samedi soir, parce que faut expliquer sinon on comprend pas, avec le René, on sort. On sort et on picole. Bon, je sais pas si c’est bien, si c’est pas bien, mais on sort et on picole pas mal. Et ben samedi dernier, comme d’habitude, on boit des coups et après, on rentre, un peu bourrés. Normal. Le René là, il est vraiment fatigué, alors j’y dis, viens chez moi et quand tu vas mieux tu rentres chez toi. Donc, on s’installe chez moi, c’est vrai on était complètement bourrés, dans le salon, et on commence vite à ronfler.
Bon, on dort, on dort, on dort, là je raconte pas cette partie vu qui se passe rien. Après on se réveille le dimanche matin. Là, qu’est-ce qui se passe ? Un truc bizarre comme j’ai déjà dit. Non, pas de voiture dans le salon. Ça, c’est pas possible vu que de voiture y’en a plus. Elle est partie. Enfin, vous voyez ce que je veux dire, elle est partie avec la voiture. Alors pour la voiture, là je m’en fous vraiment. Toute façon, je sors plus du village. Ça m’intéresse pas. Le monde, il m’intéresse pas. Et les gens pareil. C’est peut-être égoïste de parler comme ça, mais le monde il s’intéresse pas à moi. Alors c’est pour ça, souvent, je suis tout seul. Et des fois, c’est ça que je veux vous dire, j’ai une idée pendant ma solitude.
Des fois, je la rêve. Enfin assez souvent quand même. Et je la vois bien, c’est pas croyable ce qu’on voit bien dans un rêve. Et on se parle, et on s’amuse, et on fait du vélo – tranquille, le gars, il a jamais fait de vélo mais dans son rêve il fait du vélo avec son ex – et on va au cinéma. Moi c’était les westerns mes préférés, elle, c’était les films d’amour, et ça la faisait chialer, bon sang qu’est-ce qu’elle chialait, moi je me marrais. En fait, on allait jamais au cinéma, c’était à la télé qu’on regardait les films, la télé elle était toujours allumée. Elle est pas partie avec, elle a laissé la télé, mais je la regarde plus. Elle est toujours éteinte. Bon je continue. Et donc je la rêve. J’aime bien mes rêves et j’aime bien garder mon rêve longtemps. Je fais semblant de pas me réveiller pour rester dedans. Et puis quand je dois bien me lever alors j’éteins mon rêve et je retourne dans ma solitude. Et ben dimanche matin, le René il est déjà assis dans le canapé, il regarde le mur, moi j’éteins mon rêve et là, paf !, j’ai eu une idée bizarre. Je me dis comme ça, peut-être qu’en ce moment, je suis dans le rêve de quelqu’un. Et je rigole, je me dis, faut vraiment être con pour me foutre dans son rêve. Donc je suis dans son rêve, à l’autre con, et bien sûr, lui aussi, même s’il est pas en recherche d’emploi, comme ils disent, et même s’il est dans sa solitude, il finit par se réveiller. Alors là je deviens quoi moi. C’est ça que je demande. Je deviens quoi si je suis dans son rêve, quand il se réveille.
Vous comprenez ? Je me bidonne et je raconte ça au René, mais lui, il se marre pas, il continue à regarder le mur. Même avec le René, des fois, je suis un peu dans la solitude.
Un roman est une boite noire. L’auteur y creuse des ouvertures et place des personnages devant qui disent ce qu’ils voient. Le lecteur tâche de deviner l’intérieur de la boite noire en écoutant les personnages.
Il y en a qui n’ont vraiment rien à faire !
Écrire, vois-tu, c’est appeler et recueillir les réponses à ces appels.
Mais fais attention, tout ne répond pas. Alors, sois attentif à ce que tu disposes sur ta table de travail ou dans ton bureau. Un téléphone et une imprimante ne répondent jamais ; une lampe, ça peut arriver, mais c’est rare ; une cagette de légumes, un chat endormi, une plage de galets, ça répond très souvent ; un feutre fluorescent, ça surligne bien, mais ça ne répond pas, une règle en plastique non plus ; un lit d’enfant, une rue passante, un clafoutis, un ciel d’hiver, ça, ça répond bien ; un filet à crevettes, une affiche de théâtre, un sourire sous la pluie, la danse du filao et même un carnet à spirale, oui, ça répond aussi.
Bon, c’est vrai, tout ne rentre pas facilement dans un bureau, mais tu sais, jeune écrivain, tu peux sortir.
L’état du monde dépend en grande partie de l’acharnement et la rigidité de certains frustrés. Je m’étonne que l’on n’ait pas su développer une sorte de méthode Pilates du cerveau (windmill du bulbe ou neck roll du cortex… quelque chose comme ça). Ce serait tout bénéfice, on acquerrait des comportements souples et harmonieux sans être mous pour autant.
Les mots m’enjôlent et je jubile, les idées m’aguichent et je chavire.
D’abord, quand tu les rencontres, tu t’inquiètes de la santé de leur petite famille (allez savoir pourquoi, une famille, quelle que soit sa taille, est toujours petite) puis, quand tu les croises, tu envoies une boutade idiote et convenue qui n’appelle en retour qu’un rire convenu et idiot, plus tard, tu feins de ne pas les voir, absorbé que tu es par cet étrange cumulus en forme d’aubergine, ensuite, cerné par les brouillards de l’âge, tu ne vois plus grand-chose, ni les petites familles ni les grosses aubergines, finalement personne ne te reconnait plus malgré ton joli t-shirt rose tyrien.
En pente douce et volontaire vers la transparence, la vie.
Penser me ravit, écrire m’enchante, chanter me réjouit.
On va encore me trouver excessif, mais je pense que l’uniformisation des esprits va causer plus de dégâts que Coca Cola, la déforestation, le dioxyde de carbone et l’élevage intensif réunis.
Ou peut-être, tout est-il lié ?
Donc, en 24 heures, j’ai fait 9823 pas ; j’ai dormi 7h39 (dont 50 minutes de sommeil paradoxal, c’est peu) ; j’ai écrit 3828 caractères (espaces compris) ; j’ai eu un apport de 2650 calories ; j’ai téléphoné 27 minutes et 2 secondes (je me demande bien ce que j’ai pu dire en deux secondes !).
J’aime les choses précises, ça me rassure. Alors vous comprendrez que je tique un peu au marché quand le vendeur d’ananas utilise le “tas” comme unité de mesure. D’ailleurs, un jour, il faudrait que je lui en achète deux et que je compare leur poids à la maison. Oui mais ça ferait beaucoup de sucre donc un surcroît de calories et il faudrait que j’augmente mon nombre de pas ce qui risque d'entraîner une diminution des caractères écrits.
[En raison d’un mouvement de grève des compteurs de manifestants et de l’absence de la police occupée ailleurs, on se contentera des chiffres donnés par Lucienne Dubourg qui n’a pas quitté sa chaise de la matinée.]
Vingt-cinq manifestants ont descendu la rue de la Montée. (Monsieur et madame Robert ont aussi été aperçus, mais ils allaient probablement acheter leur pain et n’ont donc pas été comptabilisés.)
– Gros Lulu : Bonjour monsieur l’Auteur. Est-ce que vous avez prévu de bons dialogues pour vos personnages en 2023 ?
– Monsieur Lhoteur : Bonjour. C’est à l’auteur que tu dois demander, moi je suis un personnage.
– G. L. : Ah oui c’est vrai ! J’oublie toujours, vous êtes Monsieur l’auteur qui n’est pas l’auteur. Hi, hi ! Et donc, pour les dialogues ?
– M. L. : Je n’écris rien. Ni dialogue ni monologue.
– G. L. : Waouh, un monologue, c’est vrai, j’y pensais pas ! Qu’est-ce que j’aimerais, un jour, dire un monologue. Ça ressemble à quoi ?
– M. L. : Oh tu sais, c’est très surfait. Dans la vraie vie, il n’y a que ça. Les personnes ne dialoguent jamais, leurs conversations ne sont que monologues intermittents. C’est donc faux, mais vraiment faux. Au théâtre seulement on trouve de vrais dialogues, sauf que ce n’est pas vrai. C’est faussement vrai. Tu comprends ?
– G. L. : Toujours pas. C’est pour ça que je préférerais un monologue parce que, enfin souvent dans les dialogues, je ne comprends pas ce que l’autre il dit. C’est votre faute aussi, un auteur, ça doit s’adapter à ses personnages !
– M. L. : Oh, tu te calmes ! Primo, je ne suis pas l’auteur. Secundo, c’est notre auteur qui dans son néocortex altéré a imaginé un Gros Lulu pataud et rustique et un Monsieur Lhoteur fat et acariâtre. Une façon de se soigner en extériorisant ses pathologies et ses vices, comme ils le font tous.
– G. L. : Et voilà ! Vous m’avez encore perdu.
– M. L. : Allez tiens, pour faire la nique à l’auteur, je vais être humble et aimable. Je vais te pondre un truc.
– G. L. : Vous m’en voyez ravi et je vous en sais gré. Vous avez compris que la solitude ne me convient pas ; j’ai besoin de tu, de toi, de vous. Le silence me tue, je me nourris de verbes et d’adverbes. Et si c’est une marque d’incomplétude, eh bien je l’accepte, je l’assume, que dis-je, je la veux. Je suis manque et absence, je suis appel. Je suis un regard sans spectacle, une caresse sans main, je suis un fleuve sans rives, un chant muet, une course immobile. Je ne me complains pas, non, je t’appelle, toi, toi et toi encore. Que nos mots s’acoquinent et nos sourires. Que la joie nous enfrissonne et nous conjoigne le souffle.
– M. L. : Alors ?
– G. L. : Alors quoi ? C’est ça votre monologue ? Mais qui dira ça dans la vraie vie ? Même au théâtre ça passera pas. Votre problème, je vais vous dire Monsieur l’Auteur, c’est que vous séparez la vie et l’écriture. Il faut mélanger et bien secouer, comme pour la vinaigrette.
– G. L. : Mettre du théâtral dans les personnes pour figer un peu le bougé fou de la vie et mettre du vivant dans les personnages de papier qu’ils brûlent eux aussi et sentent.
– M. L. : Et là, qui a parlé ? C’est moi qu’on égare cette fois.
– G. L. : Ben c’était moi, c’est marqué “– G. L.”. Enfin un peu moi, un peu vous, un peu l’auteur, un peu le lecteur au-dessus de son épaule… le grand fourre-tout de l’écriture, je vous ai déjà expliqué, la vinaigrette.
(L’auteur, finissant son trio de quinoa au curry de Madras, néanmoins soucieux de la santé de ses personnages : Bien sûr, la vinaigrette ! Ah il finit par m’amuser ce Gros Lulu. En revanche Monsieur Lhoteur m’insupporte de plus en plus, je vais te lui coller un Gilles de La Tourette et on va voir comment il va parler et s’il s'enfrissonne.)
Les noms communs ne sont pas sales, mais ils nous rendent malvoyants et paresseux.
Oui je sais, ce n’est pas le lieu, c’est irrespectueux et je n’ai aucune légitimité, mais je voudrais quand même pousser, moi aussi, un coup de gueule.
Alors c’est vrai, ils parlent mal et sont incultes, les jeunes, ils sont très souvent sales, si, si !, et mangent n’importe quoi, ils sont très nombreux, trop bruyants et paresseux, en plus, ils sont jeunes et c’est très agaçant ! Mais les vieux ! Les vieux, bon sang !, on va devoir les entendre encore longtemps ? Je pense à ces vieux qu’on lisait et commentait quand on était étudiants, ces vieux qui nous expliquaient l’homme et éclairaient le monde, sociologue, historien, juriste, politique, ces pionniers, ces repères qui balisaient la pensée et cartographiaient le réel. Alors ils ont le droit, bien sûr, de fatiguer et ne plus rien comprendre, mais qu’on cesse de leur tendre le micro.
(C’était ma contribution à la question de la retraite.)