Durer, ce n'est ni perdurer ni indurer, c'est devenir, c'est-à-dire passer et transmettre
Durer, ce n'est ni perdurer ni indurer, c'est devenir, c'est-à-dire passer et transmettre
L'humanité, c'est-à-dire l'histoire, commence avec l'entrée en scène de l'amant : le troisième homme.
Avant on est enfermés dans un jeu de miroir infini mais statique.
Le temps long venge le génie.
Et l'absence de l'intéressé signifie que la chose ne lui appartient pas.
On ne naît pas vierge, on ne le devient pas non plus.
La naissance prive l'existence de commencement et la mort confisque sa fin.
L'alibi, lointain paradis moral qui dispense de s'acquitter du devoir de réalité.
Nous avons essayé l'ordre et la raison, et c'était une hypothèse de travail légitime, il faut le souligner.
Mais à l'évidence ça ne marche pas.
Alors pourquoi ne pas tenter maintenant le trouble et l'imagination.
Honnêteté et mémoire sont des qualités qui font assurément de bons historiens mais de mauvais philosophes.
Il y a dans la passion de l'origine l'illusion tragique que s'y loge la vérité en sa pure authenticité.
Et l'on convoque l'histoire et la somme de nous révéler enfin le vrai commencement, afin de chasser, titre de propriété dûment certifié par la science en main, les occupants tardifs et illégitimes.
Tyrannie du réel qui s'acharne à ridiculiser nos rêves.
Inconséquence du rêve qui s'évertue à ignorer le réel.
En plus j'ai perdu mon plan de métro.
Tout roucoule.
On ne peigne jamais deux fois la même veuve.
La passion des origines comme l'espoir de l'au-delà, fréquents chez les exclus et les dominés, se nourrissent le plus souvent d'un revanchard mais patient ressentiment - pour le plus grand bénéfice des repus qui occupent le terrain.
La forme sait la matière.
La matière peut la forme.
L’aventure est une chose, l’errance une autre.
Ne saurait larguer les amarres que celui qui laisse à terre un anneau solidement scellé.
La mémoire est bavarde et fatigue.
Il y a une innocente amnésie au cœur de toute grande révolution.
L’ignorance cumule parfois, non sans paradoxe, défaut de savoir et excès de certitudes.
Est-on philosophe quand l’on fait des mots les vils manutentionnaires de nos nobles idées ?
Est-on poète quand l’on fait des idées les excédents inadéquats de nos profondes intimités ?
J’attends le petit malin qui parviendra à me donner que le recto sans le verso.
Quand on dit d’un événement qu’il a eu lieu, on ne signifie pas qu’il s’est passé ici ou là, on ne fait pas référence à sa localisation.
Cela doit nous aider à comprendre qu’un lieu n’est pas un point situé sur une carte mais un endroit qui fait sens, le petit pont derrière la maison, le virage où j’ai eu mon accident, le mur de
Berlin…
Ce n’est pas l’espace qui est d’abord là, où l’événement vient ensuite se passer ; c’est l’événement qui donne (lieu au) lieu.
Dans les expressions « prendre son temps » ou « perdre son temps », il faut remarquer l’adjectif possessif.
Le seul temps qui soit nôtre, c’est le présent – si l’on sait ne pas le confondre avec l’instant.
Alors cessons de ressasser et arrêtons d’attendre.
La présence est trop étroite pour l’homme.
Heureusement, nous avons la fidélité et le rêve pour prendre nos aises.
Le langage parle pour nous – les mots se souviennent et nous précèdent.
Le langage parle par nous – les mots sont muets et sans colère