La crise n’épargne personne se lamentait un bout qui n’avait plus les moyens de joindre quiconque.
La crise n’épargne personne se lamentait un bout qui n’avait plus les moyens de joindre quiconque.
− Le large (il appelle, convaincant, iodé, méditerranéen et bien charpenté) : Hé !
− La raison (d’une voix démonstrative, ferme, hyperboréenne et bien structurée) : Non !
− Les sirènes (elles chantent, inconséquentes, persuasives, postmodernes et sucrées) : Si !
− La raison (le même ton, sans appel) : N…
− La fin (elle les interrompt avec détermination, tout en cherchant vainement son mot) : Oh, la paix ! Voilà que ça recommence ; si vous continuez, j’arrête. Ça ne finira donc jamais cette minable petite guéguerre. Vous ne voudriez tout de même pas que l’on vous écrive une suite.
C’est agaçant cette manie de toujours construire les villes sur les plis de la carte.
Les citadins auraient-ils quelque chose à cacher ?
Les boulangers se plaignent encore et annoncent qu’ils vont augmenter le prix de la baguette. Manifestement, s’enfermer toute la nuit dans un fournil assèche l’imagination. Je leur suggère plutôt de se diversifier et de vendre, en plus du pain, un peu d’essence.
Trois carnets Moleskine pour le prix de deux. Mauvais signe. C’était plutôt deux pour le prix de trois jusqu’à maintenant. Le pire est à craindre : dépôt de bilan, plan social, délocalisation…
Mais qu’y puis-je moi, minimaliste décroissant, qui ne fais jamais de listes de courses ?
Comme il est emprunté, démuni et exigeant ; voilà bien un début inquiétant. Je ne veux pas savoir ce qu’il a fait pendant neuf mois, mais à l’évidence il aurait pu mettre à profit ce temps libre et protégé pour s’assurer une arrivée plus digne et responsable.
Oui je sais, je n’aurais pas dû le gifler si violemment, mais comme ils sont injurieux, agressifs, méprisants, crus et cruels, inutiles et cyniques aujourd’hui, les jeunes.
– Je vous en prie, Monsieur, prenez ma place, avait-il osé l’insolent, et en public en pleine heure de pointe !
– Sale petit morveux, avais-je conclu, de façon impropre, il est vrai, puisqu’il saignait plus qu’il ne morvait.
Si j’étais chef, j’abolirais tous les pouvoirs.
C’est mon côté anarchiste.
Reculant vicieusement à chaque avancée de l’équidé à longues oreilles, la carotte dit à l’âne : attrape-moi si tu le peux.
Amateur de calembours et beaucoup moins bête qu’on ne le prétend, l’âne répondit au tubercule à feuilles poilues : tu me fais marcher.
Il était devenu un puriste sombre et intransigeant après avoir bu un lait-fraise rance.
Voyez comme nos grandes théories tiennent à peu de chose, un lait non caillé en aurait peut-être fait le chantre du métissage et le métaphysicien du rose.
J’ai tenu caché mon génie pendant toutes ces années.
C’est mon côté modeste.
La doyenne des Français vient encore de mourir. Le sort s’acharne sur cette catégorie de la population.
− Maman, maman, regarde l’homme, dit Veau !
− Voyons chéri, on ne montre pas du naseau ; excusez-le, Monsieur, ajouta Vache.
− Très drôle. Vous aurez moins d’humour quand le petit barbotera dans la crème et les champignons de Paris, répliqua Homme qui parlait couramment le bovinais.
Mon coiffeur est un fort bon commerçant, il me fait toujours, en plus et gratuitement, les sourcils, le nez, la nuque et les oreilles. Ce n’est pas comme mon dentiste qui refuse toujours de jeter un œil à mes oreilles. Quant à mon ophtalmo, il feint d’ignorer mon nez et paraît débordé avec mes seuls deux yeux. Mon coiffeur, j’en suis sûr, il me ferait le torse et le dos si je lui demandais.
La lune se leva et partit en courant.
Et ne me contredisez pas. Elle fait du 3600 km/h ; à cette vitesse-là, on ne peut plus dire qu’elle tourne ou qu’elle marche ou qu’elle monte, non : elle court, et très vite.
Pour le soleil, je sais, ce n’est pas lui qui tourne.
Comment avaient-ils osé lui faire cela ? Ils étaient comme les cinq doigts de la main, ils avaient toujours fait les quatre cents coups ensemble. Il allait leur faire passer un sale quart d’heure ; il n’y avait pas trente-six solutions, ils devaient payer double : il allait les mortifier.
Un matin, après avoir renoncé pour la nième fois, il se décida. Ça ne fit ni une ni deux, il se mit sur son trente-et-un et fonça vers le numéro 18 de la rue du 24 mars 1852. Il monta les marches quatre à quatre sans faiblir jusqu’au 5ème étage. Arrivé à la porte 43, il fut saisi d’une dernière hésitation, fit les cent pas et se décida. Alors, je vous le donne en mille, il fit irruption sans frapper et hurla à la cantonade − et ce ne fut pas à demi-mot : « je me fous de vous comme de l’an quarante ».
Voilà, il avait soulagé sa conscience en trois coups de cuiller à pot, certes ce n’était qu’une goutte d’eau dans l’océan de leur ignominie, mais enfin, il l’avait fait et pouvait ainsi dormir sur ses deux oreilles.
Dans notre lutte juste et impitoyable contre le moustique, il serait bon que l’on reste mesurés afin de ne passer jamais sous l’indice conjoncturel de reproduction.
Imaginez que l’espèce soit déclarée en voie d’extinction et inscrite sur la Red list de l’UICN.
Souviens-toi que tu as été homme dit le balai à la poussière qui crânait brillamment sous les feux de l’halogène.
L’Être est, aurait dit Parménide ! Le devenir devient, aurait rétorqué Héraclite !
Toutes les citations ne se valent pas, a tranché Guéant.
Aligner les clichés, c’est pas chouette.
Calquer les décalés, c’est passé.
Mais décabler les mioches, crocheter les riches, chicoter les lâches, talocher les Boches, embrocher les Malgaches, amocher les Yidiches, bidocher les boniches, ganacher les Apaches, godicher les fétiches, cracher sur les moches, échancrer les pétoches et chier dans les miches, c’est la grande clache !
Secrétaire en berne au bureau, il devenait pamphlétaire bucolique à la maison. Œnophile volubile au salon, il devenait vacataire constipé en cuisine. Grabataire vergogneux les jours pairs, il devenait baladin délicat les impairs. Mécène blond vénitien en hiver, il devenait éventreur récurrent en été.
Ce garçon talentueux, fonctionnaire louche et terne dans la vraie vie, aurait fait une belle carrière au théâtre.
Pour quelle secrète raison, toujours et partout, toutes les rivières abandonnent leur source, claire, vive et amicale pour une embouchure vaseuse, saumâtre et surpeuplée ?
J’ai longtemps pensé que la marge étroite sur laquelle je marche me situait dangereusement entre le mou à droite et le cru à gauche, la norme et la folie, le plan-plan et l’effondrement… et qu’il suffirait de peu pour que je bascule et m’abîme dans le gouffre effrayant de la démence.
C’était sans compter l’illusion d’optique (celle-là due à la vision du bas que j’ai du haut de mon mètre quatre-vingt-dix − moins approximativement dix centimètres, pour être exact, puisqu’il ne vous aura pas échappé que nos yeux n’occupent pas le sommet du crâne, ce qui, notez-le, est une chance pour tous les fats qui seraient alors contraints de baisser le nez pour voir devant eux et pour tous les timides qui devraient se plier en deux pour regarder leurs chaussures) qui m’a fait prendre pour une marge au bord d’un précipice, une large bande imprécise sur un terrain plat.
Sous les pâtés la page.
Je vous sais impatients d’avoir des nouvelles de mon poisson rouge qui n’a pas de nom. Pour ne rien vous cacher, il m’a un peu déçu, je m’attendais à le voir exécuter quelques cabrioles de dauphin ou doubles voltes d’épaulard, pour fêter l’événement, eh bien, figurez-vous que je l’ai surpris au réveil paresseusement allongé sur l’épave du pédalo qui décore le fond de son aquarium.
Je continuerai de le nourrir mais, c’est décidé, je ne lui donnerai pas de nom.