Mais vas-y, frappe, hurlait Mistress, tape, cogne, n'aie pas peur, fouette, fesse, suppliait-elle. En vain.
Peux pas. Fichue phobie administrative qui m’interdit de goûter aux délices des sévices.
Mais vas-y, frappe, hurlait Mistress, tape, cogne, n'aie pas peur, fouette, fesse, suppliait-elle. En vain.
Peux pas. Fichue phobie administrative qui m’interdit de goûter aux délices des sévices.
Il est comme un expert, le poète, en inexpérience.
Ouf !, souffla Nessie à l’annonce de la victoire du No par 55%. Soulagé, il replongea dans son Loch.
Ayant toujours eu beaucoup de mal avec l’accent des Écossais, il avait compris que l’on votait pour l’augmentation du quota de pêche des saumons roses et des monstres gris.
Mais pour qui se prennent-ils, eux, qui sont complétement coupés de la réalité ? Nous au moins, nous sommes liés, attachés, ficelés, ligotés, enchaînés à elle.
Meetic, Badoo. Pas pour moi. Même Facebook. Impossible.
Il faut toujours donner son profil. C’est bien ma veine car, si j’ai le nez aquilin, la fesse plate et l’oreille poilue, j’ai en revanche le regard accueillant, le sourire envoutant, le front généreux et le nombril spirituel.
Même de dos je ferais des ravages.
L’objectivité : discours sans voix, vision sans regard, verbe sans sujet.
Qui sait le mot des choses, ne sait pas grand-chose.
Qui sait l'accord des mots, ne sait pas tout encore.
Mais qui sait le vent et le passage, voyage lent et souriant.
Retour du parc animalier : les impalas, les émeus, les lémuriens, les hippocampes, les rhinocéros…
À l’âge de la mondialisation, c’est rassurant cette diversité comportementale et morphologique : les habitués qui regardent en coin les boas de Madagascar ; les gros qui craquent lamentablement pour les canaris ; les timides qui ignorent latéralement les aurochs ; les rouquines qui espionnent impunément les mygales Matoutou ; les papis qui recomptent traitreusement les otaries à crinière ; les chauves qui désespèrent galamment des mouflons de Corse ; les pressées qui insultent hardiment les babouins de Guinée ; les endimanchés qui dévisagent désobligeamment les milans royaux ; les désobéissantes qui échangent assidument avec les grands tamanoirs ; les empathiques qui réprimandent didactiquement les marmottes ; les petites filles qui excusent prodigalement les springboks ; les lunatiques qui évaluent nuitamment les gnous à queue blanche ; les boiteux qui bousculent véhémentement les grands koudous ; les mimétiques qui hypnotisent congrûment les porcs laineux ; les innocentes qui diabolisent intensément les phacochères et tant d’autres frères et sœurs humains aux manières si diverses.
La science devait s’exposer et éclairer, elle se verrouille et éblouit, faisant de nous d’habiles ignorants.
L’indécise : fausse sceptique qui confond l’inquiétude et la flemme.
Ce soir,
je t’offre mon retrait,
et ton écoute je reçois,
à peine.
Les grandes œuvres ouvrent, rassemblent et portent loin, ce qui est inouï quand on sait la solitude et le tremblement qui les ont vu naître.
« Urbain par instinct », dit joliment la pub à propos d’un 4x4 ; de fait, « barbare par culture » sonnait moins bien.
La main parfois déçoit à toucher ce dont la vue nous ravissait, elle ravit pourtant à nous toucher quand le regard nous laissait froid.
(Notez qu’en fonction de son orientation, on pourra préférer le reste opposé).
La main parfois ravit à toucher ce dont la vue nous laissait froid, elle déçoit pourtant à nous toucher quand le regard nous ravissait.
(On pourra encore, pour l’allitération ou toute autre raison, préférer le reste inverse).
Le regard parfois déçoit à voir ce dont le toucher nous ravissait, il ravit pourtant à nous voir quand le toucher nous laissait froid.
(L’opposé inverse comme beaucoup d’autres positions sont également concevables).
(Enfin, on pourra préférer voir et/ou toucher à lire - et cela ne me regarde pas).
Il est des discours, des idées, des œuvres qui traversent le réel et en sortent indemnes, sans la moindre égratignure.
Certains, assez nombreux, ne vous écoutent pas même quand vous parlez fort.
D’autres, plus rares, vous écoutent avec attention même quand vous ne parlez pas.
De retour d’une randonnée épuisante, je reprends mon travail de traduction du Phédon et renonce à rendre psukhè par souffle, optant docilement pour âme.
Petits trucs mnémotechniques pour ne plus hésiter sur le genre de quelques mots.
Apogée est masculin. Facile à retenir : son initiale a- est la deuxième lettre de mAsculin, sa dernière lettre -e est la dernière lettre de hommE et quand on renverse les trois lettres centrales -ogé- ça donne égo, qui est très masculin aussi.
Épithète est féminin. Encore plus facile : on rajoute un f au début, on change le p en m et on obtient fémi ; évidemment, on peut aussi penser à Pithiviers qui a vu naître l’une des plus féminines de nos actrices, Vahina Giocante ; si ça ne suffit pas, on peut encore rapprocher –thète de tète ou téton (il faut éviter de penser à têtue, qui nous éloigne et risque de créer une polémique peu pédagogique).
Notez que les meilleurs trucs sont ceux que l’on invente soi-même, je vous laisse donc poursuivre.
Les becs-de-lièvre et les pieds bots se font rares, et c’est bien, mais que de cœurs fendus et d’âmes tordues.
[Entendu hier sur le Barachois, fidèlement rapporté et dûment déformé]
Mme : Non mais c’est qui lui ? Et t’as vu comme il la mate !
M. : Hein ? Qui ça ? Non.
Mme : Évidemment. Toutes façons, tu vois jamais rien et tu trouves tout normal. En plus ça n’a pas l’air de beaucoup la déranger, la petite.
M. : Écoute, ils ne font rien de mal et ils sont jeunes.
Mme : Non bien sûr ! Mais dis donc, elle a l’air de très bien le connaître, la garce. T’étais au courant ?
M. : Oui mais non, enfin c’est rien. Il arrive qu’ils se croisent le jeudi.
Mme : Non mais t’as vu sa tête à ce bâtard, il en bave de désir, le dégueulasse. Et mademoiselle, tranquille, qui roule du postérieur.
M. : Tout de suite les gros mots. En plus on est là, il ne va pas la violer devant nous. Laisse-les donc.
Mme : Quoi ! Jamais. Ça ne se passera pas comme ça.
M. : Oh, tu exagères, ils s’amusent, c’est de leur âge. Souviens-toi quand on…
Mme : Non, non, non, c’était pas pareil. En plus je te rappelle que vu ton sens de l’initiative, on faisait pas grand’ chose.
M. : Ca y est, ça va être ma faute bientôt.
Mme : Tu vas voir, eh ben dorénavant, ses croquettes, elle les aura au retour de la promenade, et là je t’assure que c’est pour rentrer qu’elle le bougera son petit cul.
Ils sont bien gentils les poètes mais ils ne font jamais que la moitié du travail. Prenez leur belle formule « l’élu-e de votre cœur » ; c’était bien trouvé d’accord, mais très imprécis : pensaient-ils à un septennat ou un quinquennat ?
« Mais dans le danger, crois et suis qui se sauve », n’a pas écrit Hölderlin.
Je regarde – Là !
Et j’appelle – Ça !
Oh ! – Une chose.
Le bon maître doit être comme la noix de beurre dans l’assiette de coquillettes : il doit progressivement disparaître mais relever pour révéler.
C’est bien regrettable que je ne sois pas très célèbre car j’aurais adoré lire les âneries de mes biographes, moi qui mens tant et ne m’adonne à mon activité favorite qu’une fois seul et la lumière baissée.