Court éloge de l’aube
Ils disent l’aube est fade, elle a perdu la folie noire de la nuit.
Je dis elle est fade elle est belle, l’aube.
Ils disent l’aube est froide, il lui manque le feu du jour.
Je dis elle est froide elle est belle, l’aube.
Court éloge de l’aube
Ils disent l’aube est fade, elle a perdu la folie noire de la nuit.
Je dis elle est fade elle est belle, l’aube.
Ils disent l’aube est froide, il lui manque le feu du jour.
Je dis elle est froide elle est belle, l’aube.
– Est-ce que quelqu’un a vu mon couteau à huitres, demanda Œuf.
Ils sont rares ceux qui savent et aiment écouter. Parler est plus facile, tout le monde le sait bien.
Et logiquement, très rares aussi sont ceux qui savent et aiment lire. Écrire est plus facile.
Cela explique sans doute le brouhaha généralisé qui nous assomme aujourd’hui.
Il y aurait des liens à délier entre dépendance et interdépendance, des nœuds à dénouer entre attache et attachement.
Tout cela est un peu emmêlé et pourrait le rester. Il est naïf de se représenter le sens comme une pelote de laine à un fil.
Qu’est-ce que le monde ? Facile, des personnages et des rencontres. Des personnages (le vent, la voisine, le virus…) et des rencontres (la tempête qui fragilise le vieux banian, la boulangère qui séduit le vendeur d’assurances, le chikungunya qui s’attaque au couvent des sœurs du Saint-Esprit). Bref, rien que des histoires, belles ou pas, mais composées.
Quant au réel, je veux dire ce qui se cacherait sous le monde et derrière les mots, alors là, si quelqu’un a des infos, je suis preneur.
– Dis donc, ça faisait un moment qu’on ne t’avait pas vue.
– Oh, j’étais juste partie faire un tour.
– Euh, un grand tour alors…
– 164 ans, comme d’habitude, précisa Neptune.
Je n’arrive pas à trancher.
Les auteurs d’aphorismes hermétiques sont-ils paresseux ou au contraire, si généreux qu’ils laissent aux lecteurs le travail d’interprétation, fastidieux mais gratifiant.
Et la junte birmane, elle ne se serait pas échappée d’un laboratoire chinois, elle aussi ? Ce qui est certain, c’est que l’on dépense moins d’énergie à trouver un vaccin ou un traitement contre elle.
Mourir, la belle affaire, ça arrive tous les jours, et à des milliers de gens. Ce n’est pas comme gagner au loto !
– Dites-moi vous deux qui êtes spécialistes de ces questions, qu’est-ce qui est venu d’abord, le boulon ou l’écrou, demanda le célèbre Panda à ses amis Œuf et Poule ?
– Alors primo, répondit Œuf, on n’est pas amis. Deuzio, Panda est très surcoté, il ne pose que des questions crétines. Troisio, c’est le boulon, évidemment.
– Ah mais pas du tout, intervint Poule. Alors oui, Panda jouit très injustement d’une reconnaissance universelle alors qu’il vient probablement d’un laboratoire chinois, mais c’est l’écrou qui était là d’abord.
– Non, le boulon.
– L’écrou.
– Boulon.
– Tu vois Pangolin, dit Panda ému, ils essaient toujours de me faire rire tous les deux. C’est à ça que l’on reconnaît les vrais amis. Ah, ah, ah.
Bien sûr, visage caché derrière le masque, on perd beaucoup d’informations. N’est-ce pas l’occasion de réhabiliter l’oreille et de la faire parler ?
Mon grand-père, qui l’avait longue et poilue, aurait certainement tiré parti de la situation.
Ciboulette, miscellanées, parabolique, broussailles, émietté de maquereau, redingote, saynète...
Voilà quelques jolis mots que je n’utilise jamais, je me permets donc de réparer cette injustice.
– Et surtout profite, répète-t-on ad nauseam.
Pas facile avec le taux du livret A à 0,5 %.
– Moi : Elle est trop belle, mais je ne sais pas comment m’y prendre. Et toi ?
– Toi : Si j’étais toi, moi, j’essaierais d’être moi.
– Moi : Sauf que t’es toi, pas moi. Ça, c’est tout toi !
– Toi : Et toi à ma place, tu resterais toi ?
– Moi : C’est moi ou tu ne parles que de toi ?
– Elle : Ouais ben les gars, c’est pas gagné !
Il est mal fichu le calendrier, si Pâques tombait le 1er avril, j’irais leur cacher des choux de Bruxelles dans le jardin.
Allez savoir pourquoi, les enfants m’adorent.
La bêtise, c’est comme avec les miroirs sans tain. On ne voit rien de l’intérieur.
– Œuf, la perruque je veux bien, mais les lunettes de soleil, elles ne te serviront à rien : on annonce de la pluie pour le week-end.
Poule avait depuis toute petite un sens aigu de l’observation.
On ne rejoue pas un match, mais on peut se demander si Apollinaire aurait séduit plus durablement sa belle Lou en terminant ses lettres par « Bisous ».
Il n’est pas certain, en revanche, qu’il eût ému Gaston Gallimard.
– Tu comprends, je suis animé par quelque chose de plus grand que moi, je ne peux pas te dire exactement quoi, mais c’est quelque chose, voilà, de plus grand.
– Si, si, je vois bien, quelque chose de plus grand.
Puce et Pou aimaient bien philosopher, le soir avant de dormir.
C’est notre perception et notre grammaire qui sont séparatistes. Les virus sont là pour nous rappeler le commun.
Tu me demandes si je m’ennuie quand tu n’es pas là.
Mais tu es toujours là ; d’ailleurs, je me demande comment tu parviens à te glisser dans mes nuits, dans mes silences, dans mes absences.
En anglais, « filer à l’anglaise » se dit to take a French leave. Amusant !
Je ne parle pas le Mouton, mais je ne serais pas étonné que, dans cette langue, « suivre comme un mouton de Panurge » se traduise à peu près par « copier comme un humain ».
Il y a les idées qui viennent du dehors et celles qui viennent du dedans. Soit, mais avant, elles étaient où, les idées ?
– Est-ce que quelqu’un a vu mes mocassins à glands, j’ai mal aux pieds, blagua Œuf ?
– Arrête avec tes plaisanteries stupides, c’est à moi que tu casses les pieds, caqueta Poule ?
– Trop drôle. Vous êtes vraiment des pointures en humour, s'enthousiasma Panda.
L’amour le plus tendre, le plus doux, le plus prévenant se transforme parfois en haine.
Eh, arrêtez les gens ! L’amour ne fait rien du tout, il ne se transforme pas car il n’existe pas, seuls les amants existent, et seuls ils sont responsables.