Quand ils questionnent, certains esprits étanches ont déjà leurs réponses (ou leur réponse, plutôt, rejeton unique et dupliqué d’un cerveau infécond).
La pensée est belle quand elle va, à l’insu.
Quand ils questionnent, certains esprits étanches ont déjà leurs réponses (ou leur réponse, plutôt, rejeton unique et dupliqué d’un cerveau infécond).
La pensée est belle quand elle va, à l’insu.
J’ai perdu mon honneur
Donne-nous l’heure, alors
Et j’ai perdu la vie
Tant pis, donne ton avis
Et puis j’ai perdu pied
Eh bé ! donne-nous congé
Et j’ai perdu le nord
Trop fort, donne-leur tort
Et j’ai perdu du poids
Eh quoi ! donne-moi un toit
Et j’ai perdu la face
La classe ! donne-nous l’Alsace
J’ai perdu mon latin
C’est rien, donne-moi le sein
Puis j’ai perdu haleine
Pas d’veine, donne-toi la peine
J’ai perdu 5-0
Donne-moi ton numéro
J’ai perdu mon chemin
Gros malin, donne la main
J’ai perdu la raison
Non ! donne-leur des frissons
Et j’ai perdu le goût
J’m’en fous, donne-nous du mou
J’ai perdu le sommeil
Pareil, donne-nous l’oseille
J’ai perdu Pierre Boulez
Donne-lui d’ la Javanaise
Et j’ai perdu la voix
C’est ça, donne-nous le la
J’ai perdu sa confiance
Tu danses ? donne-moi une chance
J’ai perdu le contrôle
Pas drôle, donne-nous la gaule
J’ai perdu M. Delpech
La dèche, donne-nous la pêche
Et Galabru Michel
T’es belle, donne des nouvelles
J’ai perdu l’monopole
Pas d’ bol, donne ta parole
J’ai perdu tout mon temps
Oh nan ! donne un r’montant
J’ai perdu mon caleçon
T’es con, donne-toi à fond
Et j’ai perdu au score
C’est mort, donne ton accord
Puis j’ai perdu la boule
C’est cool, donne-nous Kaboul
Ou Dommartin-lès-Toul
Et j’ai perdu la rime
Le drame, donne-wam de l’âme
(en supplément).
– Bon, conclut-il méthodiquement, ça, c’est fait.
Et il mourut.
Déchoir de sa nationalité ?
Je vous préviens, outre d’interminables querelles juridico-politiques, des catastrophes grammaticales se préparent. Le verbe est défectif et d’usage fort délicat.
(En passant, je note dans mon carnet à spirale, les rimes du verbe avec anchois, biélorusse et suppositoire – ça peut servir.)
Un mot, c’est une chose qui fait consensus.
Suis pour trier les déchets mais mélanger les genres.
– Trop cool, une glace trois boules, dit l’enfant !
Ce qu’oyant, le père – géniteur attentif quoiqu’angliciste intuitif – enfourna vitement la chose au micro-ondes.
Les critiques littéraires ont des lettres, parfois, et du style mais ils manquent de nez et de palais. Ils devraient s’inspirer de leurs collègues œnologues et nous parler de livres longs en tête, capiteux peut-être, au phrasé rocailleux qui fleure la sueur et la garrigue ou, au contraire, aux tournures moelleuses et veloutées, voire sirupeuses (beurk !) qui gâtent les neurones. Ils pourraient distinguer les livres de garde à laisser vieillir en étagères de chêne et les ouvrages cartonnés et festifs à consommer vite.
(Et qu’ils taisent les livres sans corps – je veux dire sans voix.)
Je suis ex nihiliste.
La poésie garde en elle encore le goût de la langue d’avant les mots.
Juste à la lisière du cri.
– Ça y est, t’as fait le tour du sujet ? Alors, mes seins ou mon cul ? Va falloir choisir.
– …
Une aube encore
Puis le feu de lumière
Neuf comme un désir
Qui ignore l’usure