Le dedans a des dehors dégoûtants
Les bouts d’un corps en sang
Quand tu mords dedans à pleines dents
Ont un goût fort
De mort.
Le dedans a des dehors dégoûtants
Les bouts d’un corps en sang
Quand tu mords dedans à pleines dents
Ont un goût fort
De mort.
Bon j’arrête la poésie expérimentale.
La dernière fois que j’ai envoyé un texte à un ami il m’a demandé de renouveler l’envoi, un bug avait rendu mon poème illisible !
Je n’ai pas osé lui dire que son ordinateur fonctionnait parfaitement.
Je vais prendre des cours de sonnet.
Elles mériteraient une bonne couche de fond de teint, tant elles sont pâles ces copies de la vie lues dans tant de romans.
Il faut être fou pour regarder la lune, lointaine et inhabitable, et non le doigt qui la montre et qui mérite pourtant qu’on l’admire et le vante.
Doigt qui sent, qui fouille, qui fourre, qui pointe et qui caresse, qui compte, qui gratte, qui claque, qui craque, qui confie, qui creuse, qui cure, qui croche, qui mouche, qui touche, effleure et palpe, qui honore ou qui ordonne ; doigt léché, doigt levé, doigt croisé, doigt de fée, doigt mordu, doigt tordu, doigt de dieu, doigt de lait, doigt mouillé, doigt sucé, doigt rincé, doigt dans l’œil, dans le nez, dans le cul, doigt brûlé, doigt bagué, boudiné, doigt trempé, doigt noueux.
Avec ou sans doigté, ce doigt peut tant qu’on lui doit bien un chant.
Au lieu de le mépriser, il faut couvrir ce doigt d’honneurs.
Des coulisses, on comprend le tour de magie, pas la magie du tour.
Au fond, la forme et le fond forment un tout et ne font qu’un.
Nul n’est fondé à réformer le fond sans informer la forme, pas plus qu’on ne saurait fondamentalement refonder la forme sans profonds effets.
Excluez le fond, la forme gonfle alors, enfle et se déforme jusqu’aux énormités les plus folles ; excluez la forme, c’est le fond qui s’affale, s’effondre et tout se confond dans un ton sur ton fade et sans forme.
Fondamentalement, les formes fondent le monde, du tréfonds au plafond et le fond informe les formes, je suis formel, des mieux formées aux plus difformes. Ne confondons pas avec de simples formalités, je parle de fondations.
Voilà qui est confondant ! Non ?
– Ce typhon énorme a une forme de griffon en haut-de-forme avec son uniforme marron foncé.
– Et ton crayon, bouffon, y serait pas côniforme, tête de siphon, t’es formellement défoncé !
On malmène la langue comme un ennemi à abattre mais elle ne se battra pas et résistera peu.
Elle se retirera dans le silence et les grognements.
J’ai toujours eu un peu de mal à hiérarchiser et je commence souvent par les finitions. Enfant déjà, je perdais beaucoup de temps, avant de rapidement passer l'aspirateur, à récupérer méticuleusement avec une aiguille les poussières et bouts de papier coincés dans les rainures du plancher.
Un crouton oh ! de bon pain frais
Tartinons eh ! de beurre salé
L’œuf à la coque aïe ! il est dur
Être dans chaque phrase mais dans aucun mot. Ou l’inverse. C’est ainsi que j’écris.
Si nous sommes des marionnettes – ce qui est probable – il semble que nous ayons survécu à nos marionnettistes.
La musique se tient au seuil de la parole. À trop la faire parler, on l’assèche ; à lui refuser le sens, on la noie.
Mon bonnet j’ai perdu [prononcer ‘perdou’]
De monnaie je n’ai plus [prononcer ‘plou’]
Tiens ! mais c’est un haïku
Le désir se fait paresseux quand le plaisir est livré à domicile, sans supplément.
Au moins une chose nous aura été épargnée, c’est d’avoir à conduire la Terre. Certes, on aurait moins tourné en rond, mais on se serait sûrement perdus. C’est grand, quand même, l’univers et très mal éclairé.
Je vous promets que je ne mens pas, hier, en fin d’après-midi, rue des Manguiers, j’ai croisé un sourire.
Elle est curieuse cette société qui, sur un stade de foot, fait payer les spectateurs pourtant condamnés à la promiscuité et l’ennui quand elle rémunère les joueurs, les seuls à s’amuser et être admirés.
Certains se demandent : du très bon rarement ou du médiocre très souvent ?
Ça c’est bien une question de nanti de l’écriture ; nous-autres diaristes, écrivains en batterie, n’avons pas même le loisir de l’interrogation, il nous faut pondre quotidiennement.
PAS DE RESTE AUJOURD’HUI
(Je suis à la Journée mondiale contre les Broncho-Pneumopathies Chroniques Obstructives.
Non que je manque de souffle mais la Journée mondiale des bloggeurs de restes quotidiens n’existe pas).
Alors aujourd’hui il y a eu le garagiste, il a fallu remplacer la sonde manométrique de pression d’huile, c’est important et pas très cher, 15,37 euros HT ; il y a eu le médecin et l’amoxicilline/acide clavulatinique, c’est pour soigner une laryngite ; il y a eu aussi le deuxième épisode de la saison trois de Homeland, je trouve l’intrigue un peu compliquée mais je regarde en anglais, et c’est bien parce que ça lisse un peu ; il y a eu la tarte à la courgette safranée chez Tantine Mimose (là j’ai été déçu parce que c’était de la pâte brisée et pour moi la tarte à la courgette safranée, c’est avec de la pâte feuilletée) ; il y a eu le coup de téléphone de la conseillère fiscale de la Banque Postale (ce n’est pas bien mais je jouais à la Dame de pique pendant qu’elle parlait). Et puis plein d’autres choses encore.
Je suis désolé de vous livrer tout ça tel quel, je sens bien que ce n’est ni beau ni passionnant. Ah, si j’étais poète, je vous en aurais troussé un sonnet.
Je ne suis pas mathématicien mais je ne serais pas étonné qu’il ait une loi de proportionnalité très exacte entre la diminution de la taille des croissants et la croissance de la taille des munitions.
La mesure, sans modération.
Non, Messieurs les pilotes, aucun bateau n’a jamais été ivre.
(Et mon stylo, il est dyslexique peut-être ?)
Je sais pas laquelle est la plus menteuse, entre Mémoire et Imagination. En plus, c’est pas juste, elles sont jamais là et c’est toujours moi qui trinque, dit Réalité.