Il était une fois un bûcheron qui voulait épouser une bûcheronne, mais une vraie bûcheronne. Il fit le tour de toutes les forêts pour en trouver une. En vain ; il rentra malheureusement seul et triste.
Un soir, par un temps magnifique, on frappa à la porte de sa chaumière. Une femme se présenta, délicate comme un érable argenté. Elle prétendait être bûcheronne et demandait l’hospitalité pour la nuit. La lumière du soleil couchant rendait l’apparition plus sublime encore. On eût dit une princesse directement sortie d’un conte pour enfants.
Mais comment donc, se méfia notre bûcheron, une bûcheronne belle comme un ange ! Nous allons bien voir ça. Il alla dans la chambre à coucher et remplaça le sommier et le matelas par une vieille paillasse trouée qu’il jeta à même le sol. Il glissa en dessous une scie, trois bûches, une masse, cinq coins, une perche d’élagage, deux hachettes, une serpette bien affutée et un fagot de petit bois. Puis il invita son hôte à aller se coucher.
Au matin, il lui demanda comment elle avait dormi.
« Formidablement bien, répondit-elle, dix heures d’un sommeil profond, agrémenté de rêves exotiques. J’étais couchée sur quelque chose de si doux que j’en ai encore des frissons dans tout le corps ! C’est délicieux ! ».
Alors le bûcheron reconnut que c’était une vraie bûcheronne et il la prit pour femme. Il exposa dans le cabinet des trésors d’art le fagot de petit bois où l’on peut encore le voir si personne ne l’a emporté.