La pole danseuse et son joli fildefériste de mari avaient fait une croix sur leur vie professionnelle ; toujours à gauche à droite, las des hauts et des bas, ils avaient décidé de se recentrer. Ils occupaient un rond-point et y proposaient divers ateliers de topologie situationniste : « découvrez votre sud émotionnel sans perdre le nord » ; « abolissez les angles sans négliger vos courbes » ; « faites girer vos énergies astrales sans tourner en rond »…
Le rond-point était vite devenu une joyeuse société post-traumatique mais non-euclidienne. La pole danseuse, au passé d’herboriste folk, travaillait à occuper les périphéries sans mépriser son centre. Le fildefériste, nourri au géométrisme postkantien, s’attachait à retrouver son rond-point primal et flouter son horizon.
Tout ce petit monde s’enthousiasmait à prendre la tangente tout en soignant les racines. On n’aurait pas été étonné de voir le rond-point décoller comme une soucoupe immobile en chemin vers un nous sublimé.