On oublie trop vite. On s’habitue à tout. Même à nos plus belles victoires.
Tenez, prenez l’érection, je parle de celle d’Homo. Ce fut très dur, un combat long et difficile contre la pesanteur, la paresse, l’habitude ; ce fut aussi une réussite grandiose. D’ailleurs, regardez chaque petit d’homme, puisque chacun doit reprendre cette lutte, comme il est envahi par le bonheur et la fierté quand enfin “ça y est, il marche”. Et puis on s’habitue. Et puis, et puis on trouve normal de se tenir debout, on oublie que l’on n’a pas toujours marché. Quel dommage !
Alors parfois, en marchant, j’essaie de retrouver cette joie matinale. Je m’applique, prends conscience de chaque muscle sollicité, je rythme et rééquilibre, j’alterne, j’accélère, ralentis, feins de chuter, me rétablis, je surveille mon genou gauche, ma cheville droite… Je suis Mojokerto, à Java ou Jojo, dans le salon… Pied droit, oups attention, pied gauche…
Mais non, la joie vertigineuse de la première fois ne me revient pas.