Je déteste les citations, ces reliques laïques, et plus encore les citateurs qui s’imaginent recueillir un peu du génie de l’œuvre et de l’éclat de l’artiste en citant. Ces démembrements, ces mutilations sont des exploitations opportunistes et crétines. Pourtant, ce matin, voyant Madame Hidalgo se baigner dans la Seine, je repense à Apollinaire et le cite :
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Alors bien sûr, c’est mépriser le reste du poème et le reste du recueil et le reste de l’œuvre et le reste de toute la poésie que de s’arrêter à cette bribe, tout en contemplant Anne au bain. Oui mais voilà, comment ne pas être ébloui, il y a là l’histoire et la géographie du désir, la source et l’embouchure du temps et le lent débit du tout qui passe.