Hier j’étais à la plage. Bon la plage, on aime ou on n’aime pas, moi, je regardais les planches à voile et les kayaks à fond de verre. C’est comme ça, certains s’y ennuient, d’autres font des mots fléchés, moi, j’écoutais le petit Léo me donner sa recette de béton anti-vague à base de sable mouillé. Et puis, il y a les amateurs de glaces et ceux qui préfèrent les chichis, moi, je n’écoutais pas les conseils de cuisine de mon amie K. Quoi d’autre, on peut jouer au volley ou prendre des selfies, moi, j’observais les vagues ruiner le barrage de Léo. Bref, une journée ordinaire, destinée à disparaître rapidement comme les pâtés de Léo.
Je fus alors pris – il devait être cinq heures, cinq heures et demie – d’une envie de boire. Cela s’expliquait, j’étais là depuis trois bonnes heures. Bien organisé, j’avais une bouteille dans mon sac ; je la saisissais donc.
Évidemment, pour boire, j’avais dû incliner la tête. C’est à ce moment que tout bascula. Bouleversé, choqué, comment dire, abasourdi, époustouflé, en levant le nez, je découvrais un ciel de traîne d’une beauté insolente, une merveille à décourager les peintres, un spectacle renversant qui tapissait tout le ciel, une perfection à humilier les photographes. Un ciel probablement là depuis près de trois bonnes heures au moins, lui aussi et que je n’aurais pas vu sans cette envie de boire.
Je décidais d’écrire quelque chose et de retour à la maison, je mettais mon texte sur le blog jugeant l’événement intéressant. J’avais bien conscience que ce n’était pas révolutionnaire, mais je jugeais l'événement très intéressant, oui c'est ça, très intéressant.
Ce matin, en me relisant, je n’en suis plus si sûr.