– S’il te plait, rappelle-moi, c’est combien le temps de cuisson pour une bonne poule au pot, demanda ingénument Œuf ?
– Très drôle, fœtus de mauvaise graine, rétorqua Poule, je n’en ai aucune idée, en revanche pour l’œuf à la coque, c’est trois minutes pile.
– Hilarant, fossile sans futur, riposta Œuf, je ne sais pas si tu étais là avant moi, mais je sais que tu es périmée et sans avenir.
– Hé les amis, survint Panda, infatigables philosophes, toujours à ferrailler avec les concepts les plus coriaces. Oui, le temps, l’avenir…
– Branleur de petite taille, encore puceau et déjà couillon !
– … le futur, ah le devenir…
– Vieille bique, déjà gâteuse et encore miteuse !
– … vous avez raison, accorda Panda, le devenir embrasse les contraires : l’ordre prévisible des rythmes et des cycles, mais aussi la folie déroutante des naissances inattendues…
– ?!
– … le devenir, c’est la suite de la phrase condamnée à la concordance des temps et soumise à la régulation grammaticale, mais libérée aussi par la métaphore inouïe et l’invention d’un lexique dissident…
– !?
– … c’est l’agenda qui cadastre le temps et le coup de dés qui l’ouvre au jeu du hasard…
– Au fait Poule, s'inquiéta Oeuf, tu as des nouvelles de la doyenne ?
– … c’est l’action cadenassée dans des plans quinquennaux, c’est aussi l’œuvre buissonnière qui se surprend elle-même…
– Non, elle doit se planquer.
(Oui ben le jour où la mort la retrouvera, elle va dérouiller la vieille : on n’humilie pas la Faucheuse impunément, s'amusa l'auteur.)