Odette Grandclément avait épousé Charles-Marie Bélurier en juin 1914 ; ils avaient tous les deux vingt ans. Odette ignorait alors qu’elle deviendrait veuve de guerre quelques semaines plus tard, le 22 août.
On ignore les détails. Les oubliés de la mémoire sont nombreux, l’histoire n’aime que les héros en gants blancs, mais que dire des oubliés de l’imagination ? Et est-ce absurde de penser que la fiction pourrait rendre justice à ces exclus du temps doublement punis, une fois par la vie, rude et injuste, une fois par la mort qui les prend sans les nommer ?
(Petit conseil pour les sensibles, ne vous attachez pas trop à ce jeune Charles-Marie, on n’en parlera plus ; c’est une fausse piste. En revanche, préparez-vous à l’entrée en scène d’Yvonne, fille de la tante maternelle Berthe Mandrillon, née Grandclément. Yvonne, la cousine germaine donc, est un personnage clé du « mystère Odette ». Pour l’heure, on n’en sait pas plus, ni vous, ni moi.)