Odette Bélurier était fille unique. En fait elle avait eu un frère et une sœur, mort-nés tous les deux qui avaient quand même été prénommés, baptisés et enterrés mais n’avaient laissé aucun souvenir à leur sœur (qui en avait oublié jusqu’aux prénoms – on ne saurait la blâmer) et qui ne joueront donc aucun rôle dans cette histoire sordide. On imagine toujours les familles très nombreuses à l’époque, or ce n’était pas le cas chez les Grandclément. La mère d’Odette, Lucienne Poirette, était elle aussi fille unique. Son père, Gustave, n'avait eu qu'une sœur, la tante Berthe, qui avait épousé Jules Mandrillon (les parents donc, de la cousine, la fameuse cousine Yvonne).
(Je passe assez vite sur la famille Bélurier, non que les documents manquent puisque tout est imaginé, mais parce que cela fait beaucoup de noms propres et peu d’événements.)
Justement, à propos d’événement (peut-être devrais-je parler de drame, de tragédie, voire d’ignoble forfait), il y eut cette nuit du 31 décembre 1893, quand Lucienne et Gustave Granclément, mariés de l’année, mais aussi la future tante Berthe, mais encore Thérèse Bélurier (qui deviendra la belle-mère d’Odette, je viens de retrouver un document inventé) et quelques autres jeunes gens finirent la nuit, ivres et ravis, dans la grange du Père Jacquot à Château-Chalon.
Oui mais voilà.