Odette Bélurier mourut le 13 janvier 1985. C’était un dimanche. Enfin c’est ce que le médecin légiste écrivit. N’était-ce pas plutôt samedi soir ou lundi matin ? Bon, on comprend le médecin, l’essentiel est ailleurs. Morte de fatigue, de vieillesse, d’ennui ? Morte de froid peut-être (le thermomètre était descendu à – 20° et Le Progrès avait titré en une « Le froid tue encore » et donné le nom de vingt-cinq personnes mortes de froid dans son édition du 21 janvier. À une semaine près, Odette aurait pu être dans le journal ; décidément elle était vouée à passer – et trépasser – inaperçue). Là encore, le médecin trancha : mort naturelle, écrivit-il sur le certificat de décès sans rentrer dans les détails.
Oui, on sait, l’essentiel et ailleurs. Alors justement, laissons-le là où il est et attachons-nous, ici, aux détails. Ces initiales, par exemple, O.BB.O., maladroitement gravées sur le dé à coudre qu’Odette portait sur l’index droit le jour de sa mort.