– Hé, toi ?
– Qui ça, moi ?
– Ben oui toi ; tu vois quelqu’un d’autre sur ce blog.
– Non mais, je n’ai pas l’habitude qu’on me parle, je ne suis qu’un tiret de dialogue.
– Justement. As-tu déjà expérimenté l’écriture automatique ?
– Non jamais. De toute façon je n’écris pas ce que je dis, je dis ce que l’on écrit pour moi.
– Ça va, je sais, merci, c’est moi qui écris. Bon, et la diction automatique alors, tu connais.
– Non. Vous pouvez m’expliquer.
– Tu vois, ça ronronne un peu dans la blogosphère, et je pensais que l’on pourrait tenter une expérience littéraire novatrice.
– Comme quoi ? Faut voir.
– Une performance genre postmoderne d’émancipation auctoriale.
– Euh, moi j’ai juste besoin d’un texte. Des phrases de mots, quoi.
– Mais non, c’est trop simple pour toi, tu vaux mieux, tu ne dois pas te résigner à cette aliénation humiliante. L’écriture ne se délègue pas.
– Je ne suis pas sûr de comprendre. Je devrais faire quoi alors ? Moi, je ne sais que dire ce qui est écrit.
– Eh bien – ah ! quand la liberté la plus haute rencontre la simplicité la plus profonde – tu n’aurais qu’à dire.
– Dire quoi ?
– Dire.
– Quoi ?
– Quoi ? N’importe quoi. Ce qui te passe par la tê… oui je sais tu n’en as pas, disons ce qui te vient à l’e… Enfin, dire ; dire ce qui vient naturellement.
– Ce qui vient naturellement ?
– Oui, dire, avec élégance, fraicheur et audace, mais naturellement, spontanément, automatiquement.
– Et vous, juste pour savoir, vous feriez quoi ?
– Je mettrais en place, à distance et en amont, les conditions de réalisation de cette performance puis me retirerais pour que cette création sans maître, cette œuvre sans auteur advienne. Tu saisis, un effet de sens sans cause.
– OK. Bon, moi, petit tiret de blog, je ne suis pas spécialiste de la psychologie des auteurs de restes mais ce que je comprends c’est que je devrais faire le job à votre place. Bien essayé.
– Décidément, tu ne vois pas bien loin, je t’ai surestimé, petit tiret tu es, petit tiret tu resteras. C'est bon, tu as gagné, je continuerai à te donner ta pitance quotidienne et tu continueras à ânonner tes phrases de mots, comme tu dis.
– Justement, puisqu’on aborde le sujet, sauf tout le respect qu’un petit tiret doit à un grand blogueur, je me permets un conseil : arrêtez avec l’aiguille et la meule de foin, ça gave tout le monde, et comme vous dites, vous valez mieux.
– Minable petit tiret, cadratin pas fini…
– Pardon ?