Qu’importe le Falcon pourvu qu’on ait l’hôtesse.
Qu’importe le Falcon pourvu qu’on ait l’hôtesse.
Certains aiment le soleil d’autres préfèrent l’ombre il y a ceux du matin vifs et affairés et ceux du soir plus lents et plus intimes il y a les gras et colorés et les épineux et secs ou juteux et gourmands certains sont rares et fragiles d’autres banals et coriaces il y a les mots d’intérieur les mots de jardin les mots pour la ville pour la chambre pour l’hiver les mots exotiques nostalgiques endémiques épidémiques il y a les mots du grand nord et ceux des îles bleues et puis les mots qui soignent ou qui tuent ou qui droguent ou qui réveillent pour le ventre le sommeil l’accueil la fête la mort les départs l’amour. Crétacé canicule valériane ou pampa citron vert zinzolin fricassée tétrapode salicorne gris foncé granulé dramaturge ermitage pomme de terre poisson-pierre pélican et licou et papangue doliprane ellébore doryphore filaos et rital plouc tank black soc fric musc et tek-tek…
– (Entre elles) : Eh, t’as vu le vieux en face, il est marrant, on dirait ton grand-père.
– (Entre eux) : Eh, t’as vu la petite en face, elle est mignonne, on dirait que je lui plais.
La mer a ses errances, la pensée ses marées.
Les experts en sécurité électronique ont constaté que le mot de passe le plus couramment utilisé est « motdepasse ».
Bien sûr, j’entends déjà les geeks patentés se gausser [point-virgule tiret parenthèse] et pourfendre l’expertise carencée et l’imaginaire déficitaire du vulgum pecus [tiret underscore tiret].
J’y vois moi, au contraire, la double preuve d’une belle confiance et d’une ironie salubre [deux-points tiret slash].
Je ne serais pas étonné qu’un monde privé de mots soit aussi un monde sans couleurs.
Hammam ou sauna ? LCR ou MDR ? Ravel ou Debussy ? Coque ou mollet ? Schizo ou parano ? Héraclite ou Parménide ? Gazeuse ou plate ? Dessert à l’étage ou fromage au désert...
Les changeants, les curieux, oui, et les volages, les infidèles aussi se régalent dans ce monde à multiples choix (d’autant que les alternatives – les gourmands ne le savent que trop – sont inclusives pour la plupart) mais les indécis, toujours sur le balan, doivent y vivre un calvaire incessant.
En érection, la belle affaire, je ne mesure jamais qu'un mètre soixante-douze et demi.
Je trouve rassurant que certains segments de l’activité économique résistent au rouleau-compresseur de la globalisation. Je pense aux prises des chargeurs de téléphone : voyez comme chaque marque rivalise d’imagination pour vous en concevoir une joliment différente de toutes les autres.
Huit milliards d’individus, c’est beaucoup quand on cherche un petit coin tranquille mais l’avantage – qui n’aura pas échappé aux enfants uniques – c’est que s’il manque un peu de pétrole ou de gaz au sous-sol, on peut toujours dire : « c’est pas moi ! ».
Ah, il faut que je vous dise – oui parce que c’est important de partager ses expériences dans un monde neuf chaque matin et toujours plus complexe – je viens d’acheter mon premier Smartphone. Ça peut surprendre, moi qui snobais la chose et en dénigrais les utilisateurs compulsifs – avec, vous savez, toujours les mêmes arguments aussi arrogants que futiles sur la fuite en avant du progrès, l’épuisement du sens et la rupture du lien… – eh bien, figurez-vous que je suis aujourd’hui convaincu, que dis-je convaincu, je suis conquis. Le soir même de mon acquisition, alors que l’appareil est diablement sophistiqué, je découvrais intuitivement la fonction lampe de poche. Je me demande comment j’ai pu m’en passer jusqu’à ce jour.
Les râleurs regretteront sans doute l’absence d’une fonction décapsuleur. À ceux-là, je répondrai d’abord que leur couteau Suisse ne fait pas téléphone, ensuite, que les ingénieurs ont sûrement eu l’idée mais qu’ils ont dû rencontrer quelques obstacles techniques qui seront, j’en suis bien certain, bientôt surmontés.
Qu’importe le lardon pourvu qu’on ait la graisse.
Être un motard chauve et allergique au poisson présente des avantages certains.
Ainsi, on ne se demande pas si l’on va à bicyclette ou en vélo, au coiffeur ou chez le visagiste, ni si l’on mange de la lotte à l’américaine ou à l’armoricaine.
(Certes, il reste le problème « ouate » ; quel soulagement néanmoins !)
On ne change pas, on se décharge.
Le docteur Knock vient de publier La douleur sans peine, court traité simplifié d’analgésie pour étudiants en médecine migraineux.
Quoi ? Sissi devenue ministre de la défense en Égypte !? Mais comment ça, dans le dernier épisode, elle était impératrice de Hongrie.
On ne me dit jamais rien.
Bon mais ça commence quand le futur ?
Comment faire encore
Et comment faire sonner
Dans le tumulte enflé
Le silence sans rives et le retrait ?
Comment faire encore
Et comment faire aller
Dans le temps épuisé
La sente aux galets ronds et l’égaré ?
C’est bien trop court, la vie, pensait l’Helix Nubela, radieuse d’avoir tant brillé.
C’est bien trop long, la vie, pensait le Bombyx du mûrier, usé de n’avoir rien vécu.
Ce qui aurait pu être : si proche pourtant et si loin.
Il est bon d’être psychologue pour comprendre la géographie et il est bon d’être grammairien pour comprendre la psychologie mais rien ne vaut la mécanique pour réparer un moteur.
Le poète donne à voir son paysage intérieur dit celui qui n’a jamais vu un côlon, un pancréas ou leur contenu.
Ce n’est pas parce que les absents ont toujours tort que les présents ont toujours raison, déduisait-elle, observant son troisième mari.
La logique a ses failles, la conjugalité aussi.
Du fromage sur mon pain une orange
Deux cafés mon journal une sieste
Et la guerre mais qu’y puis-je et la haine
Je me demande quel est l’équivalent poétique du petit jardin public – sans statue, sans fontaine, deux bancs seulement, trois arbres et un carré d’herbe.