Tiens, c’est la lune qui se lève la première ce matin !
Cireuse, obèse et bubonneuse.
Pas facile d’être belle à cette heure.
Tiens, c’est la lune qui se lève la première ce matin !
Cireuse, obèse et bubonneuse.
Pas facile d’être belle à cette heure.
Il est des mots qui s’exposent, prolixes et ventrus comme des concierges documentés ; d’autres, amers et froids comme des guides de musée, s’imposent.
Rares sont ceux qui se proposent, précaires et incertains comme des visiteurs étrangers, sonores et singuliers comme des danseurs enivrés.
Parfois je me dis (hier par exemple, je me suis levé tard puis j’ai paressé un peu et flâné beaucoup ensuite pour finalement me coucher assez tôt) que s’attaquer à ma biographie risque d’être une entreprise aisée mais peu exaltante.
Cela étant, la chose n’est, à ce jour, pas prévue.
La nuit − et l’avouer m’embarrasse − je suis irrésistible ; touchant mais brillant, élégant mais sensible, facétieux, tendre et tellement différent ; à mon corps défendant − le nier serait mentir − je séduis, je transporte, j’éblouis, pour le dire simplement. Le matin, je me réveille.
− La vérité, on sait plus vraiment où elle est.
− C’est pas faux !
− On y comprend plus rien.
− C’est clair !
− Tout se mélange, on est plus certain de rien.
− Ben ça c’est sûr !
Je suis un grand rêveur à la peau claire et la main faible
amateur pourtant de caramel salé
j’habite un horizon inquiet aux blessures multiples
que de grotesques bananiers font un peu oublier
je me souviens des danses du ventre du feu de la terre
des nuits sans fatigue que la lune approuvait.
Le sang a déserté et les salles d’attente sont blêmes et surpeuplées
parfois j’entends au loin des voix des cris des chants aux accents bigarrés
que le désordre est beau quand il n’est pas honteux
que la folie est douce quand elle est sans douleur.
Le refus fédère ; le projet divise ; l’acte oppose.
L’herméneutique postcoloniale est-elle une phénoménologie crypto-dialectique ?
Bien sûr, tout dépend du sens que l’on donne à « est-elle ».
La philosophie n’explique pas le monde, elle en éclaire l’obscurité.
‘Le diable est dans les détails’ disait dieu sait qui, à une époque on l’on n’avait pas encore de machine à laver le linge à déménager.
Le problème avec les amis d’enfance que l’on retrouve vingt ans plus tard, c’est qu’ils ne sont plus ni des amis ni des enfants.
Ce matin, je suis allé écouter le chant des galets, sous les banians, à l’aube. Ému et convaincu par cet appel fragile, j’ai pris mon carnet pour écrire quelques vers et témoigner. Je fus alors fort embarrassé de me surprendre en train de rédiger ceci :
∑ = ¼√(π + 1) + (½x - 3y)² - (¾∂ + θ√♥)³ + 3ω³ + f(5ρ - 3ε²)
J’ai sans doute échangé par inadvertance mon stylo avec celui de mon collègue physicien. Il va râler, j’utilise de l’encre fuchsia.
Les généralisations sont toutes (sauf une) abusives.
Celui qui s’élance avec fougue et espérance retombe toujours, lui aussi ; mais celui qui se lève à onze heures n’est pas toujours au zénith à midi.
Le dur n’est pas le mou
L’amour n’est pas un dû
Le doux n’est pas trop mûr
La mue du vieux pandour.
Il est une pensée hors sol qui produit des concepts sans défaut ni goût.
Mais que valent ces mots furieux qui tempêtaient comme des héros d’époque sur les crêtes éblouies de la nuit et que le froid blafard du matin tait et fatigue misérablement ?
Le tourment courtois et déroutant du poème.
C’est agaçant d’être obligé de regarder pour voir.
C'est bien regrettable qu’il ne pleuve pas de la neige, ou même du sable car alors les printemps humides seraient d’interminables et joyeuses vacances ; les rues seraient pleines de bonhommes de pluie, on se lancerait des boules de bruine et construirait des pâtés d’eau ou des châteaux de crachin. Quelle fête les amis !
Il est tard pour se mettre au lancer du marteau et les cours de break dance sont complets, je décide donc de continuer à écrire mes petits restes.
Au commencement était le verbe, fier, sain, sobre et toujours conjugué par quelque chasseur ou conteur, puis sont venus les noms propres et leurs gros propriétaires, les pronoms et leur petit personnel, les adverbes vraiment maniérés et les adjectifs attribuant tout ce que l’on peut posséder.
Le langage est devenu une belle vitrine.
Avec la plus grande fermeté et très officiellement, nous tenons à faire savoir que le franchissement de la « ligne rouge » aurait des conséquences profondes et irréversibles : les blancs rosiraient et les bleus vireraient au violet. Pour les rouges, il est vrai, les conséquences seraient moins apparentes mais cela ne préjuge en rien de la gravité des désordres intérieurs occasionnés.
Je ne suis pas certain mais il m’a semblé ce matin que le monde était rigoureusement le même qu’hier matin à la même heure. Ensuite les deux journées, bien sûr, ont été l’occasion de scènes différentes, mais aujourd'hui, à 6h55, le monde était très exactement le même qu'hier matin à 6h55 (ou à peu près parce que mon horloge à aiguilles est beaucoup moins précise que les réveils à chiffres qui sont très exacts et pas beaucoup plus chers d'ailleurs). Je vais être plus vigilant à l’avenir et observer attentivement le monde, et tout particulièrement à 6h55 car, tout de même, chaque jour est censé être différent du précédent, et pas seulement à 14h10 ou 18h24.
Il n’y a pas lieu encore de s’inquiéter mais soyons concentré. On ne nous dit pas tout.
Je cherchais un mot lavande ou safre, je pensais que cela irait bien avec tes bottines rouge garance.
J’ai trouvé « Jacaranda ».