Séparer n’est pas dénouer ; lier n’est pas allier.
Séparer n’est pas dénouer ; lier n’est pas allier.
Il est des sourires qui ont la senteur épicée de l’imprévisible.
La crise n’épargne personne se lamentait un bout qui n’avait plus les moyens de joindre quiconque.
On n’écrit jamais sur une feuille blanche, et la lucidité devrait nous faire craindre davantage le copiage que le blocage.
− Le large (il appelle, convaincant, iodé, méditerranéen et bien charpenté) : Hé !
− La raison (d’une voix démonstrative, ferme, hyperboréenne et bien structurée) : Non !
− Les sirènes (elles chantent, inconséquentes, persuasives, postmodernes et sucrées) : Si !
− La raison (le même ton, sans appel) : N…
− La fin (elle les interrompt avec détermination, tout en cherchant vainement son mot) : Oh, la paix ! Voilà que ça recommence ; si vous continuez, j’arrête. Ça ne finira donc jamais cette minable petite guéguerre. Vous ne voudriez tout de même pas que l’on vous écrive une suite.
Un aller simple annonce souvent un retour compliqué.
Qu’importe les lendemains poisseux et les retours pluvieux, les horizons truqués, les rivages perdus, qu’importe les escales miteuses et les errances sans quête, qu’importe, les Indes appellent.
Dialoguer, c’est exposer l’étranger que l’on cache tous en soi et entendre le frère que tout étranger cache en lui.
C’est agaçant cette manie de toujours construire les villes sur les plis de la carte.
Les citadins auraient-ils quelque chose à cacher ?
À trop chercher, on rate ; à trop attendre, on gâte.
Tu meurs comme un monument
Tu mens comme un artisan
Tu mords comme un hiver noir
Tu vis comme un nœud d’envies
Tu mises comme un roi des îles
Tu aimes comme aux temps des jeux
Homme, enfant terrible et incertain
Tes excès te vont bien.
Ils sont amis ceux que la nuit honore
Amis aussi ceux que midi épargne
Le colporteur et l’arpenteur
Et l’amant bigarré et l’athée vigoureux.
J’ai fait un rêve, dit l’homme, tout à son inquiétude
Raconte-moi, dit le dieu, à court d’idées
Il dort le chat et le soleil se lève
Cherche la ligne, je veux dire le geste vital qui porte et annonce, elle promet des crépuscules apaisés et résonne toujours du brouhaha des départs, entre désir et dénouement, toujours animée, toujours allante, elle sinue et lève, parfois secrète, parfois lovée en des retraits paresseux ou honteux, cherche la ligne, jamais rompue, jamais hostile, elle aime tes ombres et ne craint pas tes élans, la ligne tient et relie, cherche-la, sens-la, elle dessine la carte des corps et trace la silhouette du temps.
Le secret du succès de la technologie, c’est d’avoir toujours une invention d’avance sur ses échecs.
Si tu t’ennuies seul, c’est que tu es en mauvaise compagnie.
À faire retour au-dedans pour écrire, au mieux on ment, au pire on fait du bruit.
Dresse-toi
Au dessus de l’horizon
Et prononce le nom
De tous les chemins
Les bateaux les voisins
Mais ne dépasse pas
Le faîte des filaos
Des benjoins des oliviers
Au pays des dieux
On ne rêve jamais
D’abord, haut dans l’aigu, tu as crié
Bien vite, seul dans les ruines, tu vas mourir
Alors, prends le temps d’un haïku et ris
Un couple qui marche, c’est comme une partition de piano : deux portées différentes pour une seule composition.
(Mais que sont encore, dans cette musicale métaphore, les deux pédales qui, par dessous, mettent en sourdine parfois ou parfois font durer ?)
La démocratie a d’abord été le pouvoir de la place, elle est vite devenue le pouvoir en place. À quand le pouvoir du déplacement ?
Un soleil ocre et fluide encore
Dans un étang lunaire et frétillant
Il est prêt mon œuf
Ensemble, quand on parle, on est seul souvent ; et seul, quand on écrit, on se retrouve parfois.
Les boulangers se plaignent encore et annoncent qu’ils vont augmenter le prix de la baguette. Manifestement, s’enfermer toute la nuit dans un fournil assèche l’imagination. Je leur suggère plutôt de se diversifier et de vendre, en plus du pain, un peu d’essence.
où es-tu où es-tu toi que je ne cherche pas que je cherche où es-tu où es-tu mon homme es-tu parti es-tu venu j’oublie ça va ça va je ne pleure pas et ne va pas imaginer que je t’attends je t’attends où es-tu es-tu seulement as-tu jamais été je ne sais plus j’oublie mon homme mon fantôme mon homme mon fou ça va ça va j’oublie si fier je flotte mais je ne flanche pas mon feu ma fin c’est fini tu fuis tu as toujours fui fui de partout une fuite je prends l’eau moi aussi mais je ne coulerai pas où es-tu mon homme ça va ça va une fuite sans suite mon ciel mon rêve homme j’oublie tu étais mienne homme vienne l’oubli viens ne viens pas va va où tu veux homme que j’oublie homme qui va homme qui part avec l’été va va j’ai toujours préféré l’automne ses matins surpris ses nuages à portée de main ça va ça va j’oublierai avec l’hiver lentement blanc homme et les naissances du nouvel an