Il est des philosophes qui résonnent longtemps encore après avoir parlé.
Le « résonnement », vous savez, c’est cette voix amie, étrange et familière, dont on ne sait pas toujours dire si elle vient du dedans ou du dehors.
Il est des philosophes qui résonnent longtemps encore après avoir parlé.
Le « résonnement », vous savez, c’est cette voix amie, étrange et familière, dont on ne sait pas toujours dire si elle vient du dedans ou du dehors.
On apprend peu. Une seule vie, ce n’est pas assez.
On se baigne toujours dans le même marigot.
Possible s’oppose moins à impossible qu’à impuissant.
Allons-ensemble (comme disaient les latins) et fécondons le réel.
L’ignorance aveugle ; le savoir rend sourd.
Elles sont belles ces frises chronologiques qui ornent les murs des classes mais elles ont le tort de laisser croire que nous nous déplaçons sur la ligne du temps, que le passé est dépassé et que l’avenir, encore à venir, peut attendre.
La puissance, ce n’est pas la force de l’État, c’est le pouvoir du possible.
Je signale aux amateurs de citations que « pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas plutôt rien garé sur ma place de parking » n’a jamais été écrit par Leibniz.
D’ailleurs le mot parking n’est entré dans le vocabulaire français qu’en 1925, il vient de l’anglais to park dont la première occurrence remonte à 1529, qui était lui-même un
emprunt du français parc (1259).
Cela étant, on ne peut rien en déduire puisque Leibniz écrivait en allemand et en latin.
Accueillir sans fatigue les regards qui oublient, les silences qui distancent, souffrir sans douleur les absences qui décentrent.
Et apprendre le séjour en Périphérie.
Exercez-vous au possible le plus souvent possible.
Et ne croyez pas ceux qui vous disent qu’il n’est pas possible.
Ils sont agaçants ces philosophes à toujours partir avant la fin nous laissant seuls, inquiets et sur notre faim.
Mais ne sont-ce pas les scientifiques les coupables qui rassurent et rassasient, communiquent et toujours répondent ?
Pour moi, mais je ne suis pas un modèle d’impartialité, la philosophie est apéritive, la science gavante.
Accéder à son désir joyeusement récité suppose d’abord qu’on le risque dans l’explication, toujours approximative, jamais pleinement comprise, souvent suspecte.
Le dialogue des désirs, tel est le plus grand défi des relations amoureuses.
Fabriquer du sens, produire des métaphores, investir le possible, choisir l’entreprise… et reconquérir ces mots et ces choses que le marché a confisqués.
Laissons la création au ciel et ses nuages et le travail aux machines et leur folie indolore.
Possible doit se protéger sur deux fronts : l’impossible et le nécessaire.
Et cela le rend bien sympathique, cela lui donne un côté rebelle généreux, inventeur imprévisible, imaginatif fougueux.
Et pourtant, nombreux sont les adeptes de l’impossible – fatigués et démissionnaires – et les sectaires du nécessaire – étroits et dogmatiques.
Les coûts et les douleurs, ça se discute. Ça occupe même la quasi-totalité des discussions.
Et pourtant, l'essentiel n’a-t-il pas plutôt à voir, en un sens, avec la dépense et la santé ? Prodigalité vitale, saine générosité.
Parfois, rarement, il s’acoquine avec un quotidien peu fréquentable, le concept.
Il y perd en tenue, il y gagne en consistance.
Il est des jours qui finissent, malgré eux et non sans résistance, victimes de la nuit, envahisseur inexorable qui refuse tout débat.
Il est des matins qui font irruption, violents et suffisants, achevant nos nuits inachevées, honteuses et sans recours.
Tyrannie de l’horloge, ce despote métronomique, qui régule nos rythmes, cadence nos pas et se joue de nos désirs.
« Ce qui ne me tue pas me blesse », Fred Niche.
Le temps parfois s’impatiente et, très injustement, accélère et brouille les cartes. Mais le plus souvent, discret et silencieux, plein de cette sérénité que seule la certitude de ne jamais
perdre peut donner, il attend son heure, renonçant à prendre la main.
Ça ferait un redoutable joueur de poker.
Poncées, vernies, sans rides ni poussière, ordonnées et toujours à leur place, certaines vies, comme des meubles très utiles, à trop demeurer, mobiliers immobiles, deviennent transparentes et accélèrent ce qu'elles veulent ralentir.
Il faut, pour ex-ister, comme le laisse deviner le préfixe, être, en un sens, déplacé, décalé, destitué, détrôné. D’où nous vient alors ce double culte de l’ordre et du dedans ?
Autrui, cette forteresse impénétrable, pourtant sans murailles, aux façades ouvertes et avenantes.
Autrui, cet étranger solitaire, pourtant presque toujours à la fenêtre.
Et rendre hommage à ce qui est
et provoquer ce qui peut être.
Génie insoupçonné du Code de la route qui dit qu’un sens unique est aussi – mais dans l’autre sens – un sens interdit.
Il est tristement curieux de constater que l’Un, dont on attendrait logiquement qu’il soit stérile, ait été si fécond en horreurs et engendré autant de guerres.