Omne animal triste post cogitatum.
Omne animal triste post cogitatum.
Tête dure et cerveau mou.
Les tomates n'ont plus goût de tomates ; les vieux ne sentent plus le vieux ; les chanteurs ne chantent plus ; les peintres ne peignent plus ; les enfants n'apprennent plus rien ; les femmes ne sont plus féminines ; la télévision n'est plus dans la télévision ; l'été n'est plus en été ; le vin ne dit plus la vérité ; la réclame et les ovnis ont disparu ; la gauche n'est plus à gauche ; les voitures sont sur les trottoirs ; les banquiers à la rue ; les incendies californiens n'ont plus de villas à brûler ; les ours polaires demandent l'asile politique au sud ; le sud a perdu le nord et on gagne jamais au loto.
Dis donc, tu files immédiatement ranger ton monde !
Au creux de tes rêves sécurisés tu prépares tes prochaines odyssées héroïques.
Tes mots terribles, aux effets très spéciaux, sans pitié, nous kidnappent.
Allez ! le réel se passera bien de nous.
La révolution attendra.
Dieu est mort, la Science est suspecte, la Morale obsolète, la Culture beaucoup trop chère.
Heureusement il nous reste le pôle Nord.
C'est bien de recommencer à zéro quand on sent la fatigue, l'usure et le moisi.
Et puis, le voyage n'est pas très long dans notre monde binaire.
Vous n'êtes pas obligés de rire aux éclats, ça ne se commande pas, mais soyez heureux, c'est un ordre.
Il est des rires impunément obèses, capitalistes, hivernaux ; d'autres ont la force du partage et l'énergie de l'innocence.
Le bonheur est en tête de gondole !
Mais qui sont donc ces génies de la persuasion, ces virtuoses de la manipulation qui nous font prendre les allées de Carrefour pour les voies de l'extase ?
Quel talent !
Si au moins on le tirait, notre caddie, avec détermination, on pourrait encore croire en une liberté résiduelle.
Les psychosociologues, les socioanthropologues, les géopsychanalystes, les ethnopolitologues, les éthicohistoriens, les écojuristes, les paléoépistémologues, les métaphilosophes, les neuropédologues, les néogastrosophes, les urbanodialecticiens, les écolopharmacologues, les logologues, les heuristologues, les athéologiens n'expliquent pas tout encore, mais cela ne saurait tarder.
Par exemple : quand, pourquoi et comment l'homme est-il devenu cet animal fat, méprisant et superficiel qui, non content d'asservir ses faibles, droguer ses petits, humilier ses femelles et souiller son territoire, parle fort et beaucoup, se passionne pour la météo et le loto et se gare sur les trottoirs ?
Imagination en solde.
Dernier jour
- 90 %
De quoi parlera-t-on au JT quand la terre sera climatiquement réchauffée et la crise oubliée parce qu'intériorisée ?
Il restera le football, bien sûr, mais sera-ce suffisant pour les douces, courtes et pauvres soirées d'hiver.
On pouvait lire, très nettement, au creux des souvenirs confus qui ravinaient son doux minois, la nostalgie d'un samedi soir encore vierge.
Cardiologue, pneumologue, ophtalmologue, proctologue, dermatologue... la liste est longue d'autant que l'on voit naître des hyperspécialistes, le strabologue, le mammologue...
Finalement seul, le médecin a su échapper à la logo-suffixation : il y perd en élégance lexicale, en reconnaissance tribale et en pouvoir d'achat, mais il y gagne en liberté d'esprit.
-logue vient d'un verbe grec qui signifie parler et raisonner, certes, mais aussi rassembler, recueillir.
Il me semble qu'on a perdu un morceau en route.
Minuscules effets tardifs, ils se prennent pour de grandes causes, les hommes.
Téléthérapie.
Pourquoi la redevance n'est-elle pas remboursée par la Sécu.
L'homme moyen est, somme toute et toutes choses égales par ailleurs, très en dessous de la moyenne.
Il bronze mais ne fronde pas, l'homme moderne.
Joyeux Carrefour.
Cesse de dupliquer, invente.