Ma vie me regarde dit-elle, s’arrachant les deux yeux et les posant sur la table, face à elle.
Ma vie me regarde dit-elle, s’arrachant les deux yeux et les posant sur la table, face à elle.
Le bateau rêve de la maison sur la rive, fidèle et accueillante, qui rêve du bateau sur le fleuve, rebelle et audacieux.
On est bien sévère avec la contradiction qui, sauf cas exceptionnel de deux forces opposées de même intensité et formant un angle de 180°, est toujours motrice et conduit en des terres imprévues par des voies neuves les couples de vecteurs unis.
Être invité ou ne pas l’être : tel est l’angoissante question.
Il y en a déjà, à quinze ans à peine, qui imposent au monde leur autobiographie. D’autres toujours, à quatre-vingts ans passés, dessinent des nuages et oublient leur parapluie.
Un jour peut-être, la marche ou le rire seront inscrits au programme de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Alors à côté, la crise de la dette, c’est du pipi de chat.
On aime comme on se rase, seul face au miroir.
Elles ignorent tout de l’ignorance ces lumières arrogantes et savantes qui taisent le silence et affolent les regards et moquent les doutes.
Tout révolutionnaire est aussi un héritier et toute rupture, une modalité singulière du lien.
L’histoire se résume à un tableau : Carré blanc tragique sur fond noir comique.
Ces matins de béton qui effacent grossièrement les camaïeux troublés de nos nuits chuchotées.
Ma vie est un détail, la vie un événement.
L’universalité est à penser comme une somme inachevable, pas comme un résultat posé d’avance. Elle doit se définir en extension, non en compréhension, comme disent les mathématiciens.
Elle s’agitait, parlait fort et marchait vite, espérant ainsi larguer ses mauvais souvenirs et couvrir leurs derniers échos.
Le gardien du phare est parti chasser.
L’opulent cargo est resté au lit.
L’océan vexé a choisi l’exil.
Et tu voudrais en plus que le ciel s’obscurcisse à chacun de tes caprices.
Fréquente la mort. Non pour te persuader de l’importance de la vie, mais pour en sentir la légèreté.
Les sourires ni les livres ne suffiront à convaincre la mer et son ciel de jouer encore et encore de l’aube à l’horizon la grande scène de l’appel si tu ne salues toi aussi les héros silencieux et n’explores sans excès les littoraux instables et les vallées fidèles du théâtre rougi de nos brillantes élaborations.
La confiance est l’épreuve du renoncement à la preuve.
Où vont-ils ces nouveaux nomades, libres et chatoyants, portés par une respiration joyeuse et polyglotte ? où vont-ils ces danseurs émus par le souffle du monde qui opposent aux files de voitures, mécaniques et serviles, leurs arabesques inventives et aériennes ? où vont-ils, en leur errance secrète, ces sacs en plastique qui colorent et animent nos grisailles urbaines les jours de grand vent ?
La ville parfaite est celle où l’étranger demeure étranger sans être étrange.
Toujours attifé comme un alexandrin, il faisait le gandin sur son cahier à spirale. Espiègle et vive comme un haïku, elle encombrait son Mac Pro de post-it nerveux. Ils se marièrent et ouvrirent un salon de coiffure mixte et lucratif.
Oublie sans renier, imagine sans espérer.
Il est fort regrettable que l’on ne commence pas d’abord par la fin : fin de la course, fin de la vie, fin du film. On y perdrait un peu en illusions, on y gagnerait beaucoup en modestie et, last but not least, on se départirait de ce chancre ravageur, l’esprit de sérieux.
Il jubile, Kévin, au fond de la classe, à côté de l’inspecteur. Il sait que son prof de math, en confondant sinus et cosinus, vient de perdre son triple A.